Mieux répartir les flux de clientèle ?

Le conseiller d'Etat Maurice Ropraz pose devant des baudruches
Maurice Ropraz, conseiller d’État PLR) a pondu une lettre de soutien à l’initiative de Migros pour l’ouverture des magasins jusqu’à 18h le samedi de Pâques avec son collègue Olivier Curty (économie, PDC)

Marchés de Noël, lapins de Pâques, Immaculée conception : tous les prétextes sont bons pour étendre les horaires d’ouverture des magasins. Le Covid-19 n’y échappe pas.

Dans le canton, les magasins ferment à 16h00 le samedi. Cette règle a été confirmée deux fois par une votation populaire. Elle vise à limiter le shopping-loisir et à octroyer un semblant de week-end au personnel de vente. Pas du tout respectueuses des décisions démocratiques, les grandes surfaces attaquent la règle en cherchant à multiplier les exceptions. Leur dernière trouvaille : il faut étendre les horaires pour mieux répartir les flux de clientèle en raison de l’épidémie.

Migros en première ligne

Migros Neuchâtel/Fribourg a déposé une demande d’ouverture jusqu’à 18h00 pour le samedi de Pâques dans une vingtaine de communes fribourgeoises. Les plus grandes (Fribourg, Bulle, Villars-sur-Glâne) ont répondu négativement en se basant sur la loi. D’autres ont accepté avec une argumentation tirée par les cheveux : ce n’est pas prévu par la loi, mais c’est certainement nécessaire ! Pour Migros, il s’agit clairement de s’attaquer à la fermeture à 16h00. Elle veut absolument obtenir une interprétation large des « manifestations particulières » permettant une ouverture prolongée. Elle ne vise pas à mieux répartir les flux de clientèle. Au contraire, elle incite la population à venir massivement profiter des rabais de Pâques.

Ropraz et Curty en appui

Les communes qui ont autorisé l’ouverture prolongée ont été encouragées par deux conseillers d’État, Maurice Ropraz (justice, PLR) et Olivier Curty (économie, PDC). Avec un mépris total de la loi, les deux compères ont pondu une lettre de soutien à l’initiative de Migros espérant que leur « prise de position contribue à soutenir vos démarches auprès des instances communales ». Heureusement, une partie du personnel de vente s’est mobilisée et a rapidement contacté les secrétariats syndicaux. Unia a pu déposer des recours dans les différentes préfectures, qui ont finalement annulé au dernier moment les ouvertures prolongées. Une victoire d’étape dans la longue bataille entre travail et capital pour la maîtrise du temps de travail.

Pierre-André Charrière