Pour la création d’emplois écologiques et solidaires

Le 13 avril dernier, la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) a lancé l’initiative « 1000 emplois ». La rédaction de solidaritéS vous invite à la signer et à la faire signer.

Rassemblement pour une sortie de crise solidaire, Genève, 19 décembre 2020
Rassemblement pour une sortie de crise solidaire, Genève, 19 décembre 2020

Cette initiative, en gestation depuis plusieurs années, a régulièrement cédé le pas à d’autres impératifs, à d’autres urgences syndicales. Aujourd’hui dans un contexte de dégradation majeure du marché de l’emploi, drastiquement aggravée par la crise Covid, et face à l’impérieuse nécessité d’une transition écologique, nul report d’échéance n’aurait été concevable. C’est pourquoi, ce 13 avril, a été lancée une initiative, particulièrement en phase avec le contexte actuel, pour une sortie de crise sociale et écologique, dite initiative : « 1000 emplois ».

Celle-ci est destinée à combattre le chômage structurel, à opposer un contre feu à la dévastation de l’emploi induite par la crise sanitaire et à rompre avec la fuite en avant reposant sur les « emplois kleenex » et une croissance irraisonnée. Mais elle propose surtout une accélération de la transition vers une société durable. Cette initiative permet de combattre par des alternatives concrètes le fatalisme ambiant sur les emplois appelés à disparaitre tant pour des motifs structurels que conjoncturels. 

L’initiative offre en outre la possibilité de faire face au changement de cap qu’impose l’urgence climatique. La transition écologique est intimement liée à la question de l’emploi. Elle requiert un développement plus rapide des transports publics, de la rénovation thermique des bâtiments, des énergies renouvelables, du recyclage des déchets, de la souveraineté alimentaire, de l’économie locale et circulaire, etc. Elle permet d’ouvrir de nouvelles débouchés, de nouvelles possibilités de reconversions professionnelles. Elle plaide à tous égards pour un autre futur. 

Le texte de l’initiative demande que : 

« L’État fixe chaque année le budget à disposition pour la création des emplois. »

« Le montant minimal alloué à la création d’emplois est fonction du taux de chômage calculé pour le canton par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). Il correspond au minimum à 100 millions de francs par an avec pour objectif de créer 1000 emplois supplémentaires chaque fois que le taux de chômage moyen annuel de l’année précédente est de 5 %. Ce montant peut être réduit ou augmenté en proportion si le taux est inférieur ou supérieur à 5 %. »

« En vue de maintenir et/ou de créer des emplois, l’État encourage les entreprises et les secteurs économiques publics et privés à réduire significativement la durée du travail sans réduction de salaire, de manière à atteindre en 2030 la semaine de 32 heures pour un temps complet. »

L’État doit donc changer de paradigme et développer une politique proactive de création d’emplois dans les collectivités publiques cantonales et municipales, les établissements subventionnés et institutions publiques et privées, à but non lucratif, poursuivant un but d’intérêt public. Des postes de travail dont il garantit la qualité et les conditions de travail. C’est à dire qu’il favorise les formations et les reclassements professionnels et qu’il proscrit tout faux semblant tels que les emplois précaires, les pseudo-stages ou les emplois de réinsertion qui deviennent des emplois de relégation. Il doit notamment rétablir des services publics qui prennent en compte tous les besoins de la population qui ont été sacrifiés ces dernières années sur l’autel des politiques d’austérité et ouvrir de nouveaux secteurs d’activités tel qu’énoncé plus haut. 

Il y a là un gisement d’emplois pouvant être créés rapidement pour combattre le chômage, la précarité et la crise climatique ; ainsi que les discriminations qui touchent les femmes sur le marché du travail par une professionnalisation et une valorisation des tâches trop souvent attendues – par exemple dans le domaine des soins à la personne ou de l’économie domestique – comme un « don » prodigué par les femmes.

Au-delà de la création de nouveaux emplois, l’initiative repose aussi la question essentielle du partage du temps de travail. Parce que la durée du temps de travail relève d’une compétence fédérale, l’initiative ne peut se borner qu’à n’émettre une recommandation. Celle-ci est néanmoins importante, d’une part car l’État, pour ce qui le concerne, peut commencer à appliquer cet appel pour lui-même, d’autre part car il est indispensable de replacer ce concept d’un meilleur partage du temps de travail dans l’espace public. Pour tous ces motifs, signez et faites signer sans modération cette initiative !

Jocelyne Haller