Fribourg

Une initiative contre la privatisation des hôpitaux publics

Le « nouveau » financement hospitalier, introduit au 1er janvier 2012, a notamment pour conséquence que les hôpitaux publics ne peuvent plus être financés directement par les collectivités publiques.

Des infirmières manifestent devant l'hôpital
Action du SSP devant le Département des finances pour demander la revalorisation salariale des infirmiers·ères, 25 mai 2021

L’Hôpital fribourgeois (HFR) bénéficie de « forfaits » versés à hauteur de 55 % par l’État et de 45 % pour les assurances maladie, pour chaque prestation effectuée. Si les recettes n’arrivent pas à couvrir les dépenses, le HFR est contraint de couper dans les prestations, ou de privatiser, alors qu’auparavant l’État couvrait le déficit (ce qui est totalement normal quand on parle de service public). Imaginez les conséquences de l’application d’un tel financement dans l’enseignement, par exemple !

Restructurations et privatisations

Conséquence de ce corset financier, l’accès aux soins publics diminue de manière régulière depuis une dizaine d’années dans l’ensemble du canton de Fribourg : fermeture de la maternité de Châtel-Saint-Denis, puis du site dans son ensemble, fermeture de la maternité de Riaz, des blocs opératoires de Riaz durant la nuit et le week-end, des Urgences de Riaz et de Tavel, etc. La liste est longue. La « Stratégie 2030 » de l’HFR accélérera cette réduction des prestations. Les sites hospitaliers régionaux disparaîtront totalement et seront transformés en « centres de santé », prémisses d’une privatisation complète du HFR. 

La politique de restrictions financières menée par l’État de Fribourg dans le secteur de la santé accentue cette dynamique – malgré des finances publiques saines. Pourtant, la Loi sur l’assurance maladie prévoit un financement public par le biais des prestations d’intérêt général (PIGs). En comparaison avec d’autres cantons (notamment Vaud), l’État de Fribourg est très restrictif et pourrait utiliser nettement plus les PIGs pour maintenir l’offre hospitalière. 

Initiative populaire

Pour lutter contre cette logique de restrictions hospitalières publiques, qui provoque une véritable grogne au sein de la population, un « Comité citoyen » a lancé une initiative populaire, sous l’impulsion, notamment, du Syndicat des services publics (SSP région Fribourg). Cette initiative demande de garantir un service public d’urgences médicales 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 situées dans le Sud, le centre du canton et sa partie alémanique. Elle demande également que l’État de Fribourg utilise pleinement les modes de financement existants (prestations d’intérêt général) pour garantir des soins aigus de proximité. 

Cette initiative connaît un véritable succès : plus de 9000 signatures ont été recueillies deux semaines avant la fin du délai (l’aboutissement d’une initiative nécessite 6000 signatures). Il y aura donc bien un débat public sur la privatisation des hôpitaux publics dans le canton de Fribourg.

Michèle Martin