Philippines

Guerre populaire totale contre la pandémie et le régime de Duterte !

Nous republions ici le communiqué du Rebolusyonaryong Partido ng Manggagawa-Mindanao (RPM-M), parti révolutionnaire créé il y a 20 ans aux Philippines. Celui-ci fait face à une situation sanitaire extrêmement grave et à une répression militaire du régime de Rodrigo Duterte.

Marche contre la répression, Manille, décembre 2020
Marche contre la répression, Manille, décembre 2020

La crise capitaliste s’est aggravée par l’arrivée du Covid. Cette dernière a révélé que l’accumulation massive de profits détruit la relation d’équilibre entre les humains et la nature. Ce paradigme de développement capitaliste axé sur le profit n’est pas durable : les plus vulnérables – la classe ouvrière, les pauvres, les femmes, les communautés autochtones, les communautés côtières – ainsi que tous les habitant·e·s et organisations sont en grand danger. Pour étouffer la dissidence, les États du monde entier utilisent leur appareil de sécurité – la police et l’armée – pour neutraliser ou étouffer les mouvements populaires et sociaux.

Alors que nous devons célébrer nos victoires aux côtés des peuples opprimés et de la classe ouvrière, nous devons nous préparer aux menaces mortelles qui pèsent sur ces victoires : le rétrécissement rapide de l’espace démocratique perpétré par le régime fasciste de Duterte et les effets du Covid.

Après une année de pandémie et de stricte répression sociale aux Philippines, plus d’un million de cas et plus de 17 000 décès ont déjà été enregistrés. L’administration Duterte a été cohérente dans sa réponse militariste à la crise sanitaire. Malgré la situation alarmante, le président a continué à minimiser publiquement les crises que traverse le pays, en disant que le virus mourrait de sa mort naturelle. Il a ainsi appelé les Philippin·e·s à survivre, sans même présenter de réponse concrète, cohérente et durable à la crise, si ce n’est le verrouillage de communautés entières de pauvres et de travailleurs·euses. 

Des attaques continues
du régime

Depuis la signature de la cessation des hostilités avec l’administration Arroyo, le RPM-M et son aile militaire, la RPA, s’y sont conformés. Aucun acte hostile ni aucune opération militaire n’ont été commis par la RPA et le RPM-M depuis 2003. Dans les faits, la RPA a été active dans les communautés en exerçant des fonctions de police contre les drogues illégales et d’autres crimes, en réglant les différends, ou encore en résolvant les conflits agraires et fonciers.

Au contraire, ce sont les Forces armées des Philippines et les forces gouvernementales qui ont commis des violations. Les meurtres, le fichage de plusieurs camarades de la RPA et les assauts militaires répétés dans sa zone d’opérations montrent clairement qui sert réellement les intérêts des peuples et qui ne les sert pas. Par exemple, l’armée philippine a dernièrement envoyé ses agents de renseignement pour harceler les différentes communautés de la région.

L’impact de la loi
contre le « terrorisme »

Dans le cadre de la lutte des impérialistes contre tout·e opposant·e à leur domination, le régime de Duterte a militarisé le pouvoir exécutif du gouvernement et a adopté la loi antiterroriste de 2020. Cette loi a été suivie par l’ordre exécutif 70 – l’approche nationale pour mettre fin aux conflits armés communistes locaux – qui mobilise toutes les institutions gouvernementales civiles dans la lutte contre l’ennemi terroriste qu’il a lui-même créé : le Parti communiste des Philippines et la Nouvelle armée populaire. En réalité, elle cible principalement tous les mouvements communistes révolutionnaires et les mouvements sociaux progressistes. 

Le groupe de travail national chargé de mettre fin aux conflits armés communistes locaux dispose d’une part importante des fonds du gouvernement – jusqu’à 16,4 milliards de pesos. Un tel montant aurait pu contribuer à renforcer les installations de santé publique et à subventionner les travailleurs·euses déplacé·e·s par la pandémie.

Une crise économique lancinante

Pendant ce temps, l’économie du pays est à son plus bas niveau depuis la Seconde Guerre mondiale, avec notamment plus de 20 millions de pertes d’emploi dues à des licenciements massifs et une augmentation faramineuse des prix des produits de première nécessité (jusqu’à +80 %). La réponse du régime à l’appel à une augmentation des salaires ? Le démantèlement des syndicats, les arrestations illégales, le fichage et même le meurtre des dirigeants syndicaux. La réponse à la pénurie de riz sur le marché ? Non pas le soutien total aux producteurs de riz, mais l’importation. La réponse à la pénurie de viande sur le marché a elle aussi passé par l’importation, au lieu d’un soutien aux producteurs·trices et cultivateurs·trices locaux. Enfin, au lieu de respecter les droits des peuples indigènes, le régime de Duterte a cédé des domaines ancestraux à des intérêts commerciaux. 

Dans ce contexte, nous devons continuer à lutter contre le régime qui n’a aucun sens de la responsabilité ; contre un régime qui s’est soumis aux puissances multinationales et impérialistes ; contre les intérêts capitalistes et impérialistes !

Traduction et adaptation par Anouk Essyad