AVS 21

La colère après le vote du Parlement

Cinq jours avant la Grève féministe du 14 juin, le Conseil national a suivi le Conseil des États et approuvé par 124 voix contre 69 l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans.

Une manifestante porte une pancarte: Non à AVS21
Grève féministe 2021, Genève

Cette décision était attendue vu la majorité de droite au parlement. Mais elle nous met quand même en colère et est inacceptable ! Depuis le dépôt du projet de loi du Conseil fédéral en 2019, les féministes n’ont cessé de dénoncer les arguments fallacieux utilisés pour justifier l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes. En mars 2021, plus de 300 000 signatures ont été déposées à Berne par l’Union syndicale suisse contre ce projet. 

Pourtant, les parlementaires de droite continuent de démanteler les assurances sociales, d’augmenter et de flexibiliser le temps de travail. Pour faire avaler la pilule, les partis bourgeois sortent l’argument du vieillissement de la population. Tout en cachant, bien sûr, que des salaires plus élevés et l’égalité salariale renfloueraient de manière beaucoup plus durable les caisses de l’AVS.

L’AVS se porte bien

Contrairement à ce que prétend la droite, l’AVS se porte bien (1,9 milliard de bénéfice en 2020). Certes, le nombre de retraité·e·s augmente mais la fortune de l’AVS également. Et pourtant, les cotisations paritaires qui la financent n’ont pas été modifiées entre 1975 et 2020, jusqu’à l’application de la RFFA qui les a relevées de 0,3 % (à 8,7 %). Si la part de rentier·ère·s AVS croît, les recettes de l’AVS sont plus élevées car le nombre de salarié·e·s et le montant des salaires augmentent aussi. 

L’AVS est une caisse qui, contrairement au 2e pilier basé sur l’épargne individuelle, redistribue une partie des salaires : il n’y a pas de limite dans les cotisations, par contre les rentes sont plafonnées, avec un maximum de 2390 de francs par mois. Selon la Constitution (art. 112), l’AVS doit « couvrir les besoins vitaux de manière appropriée ». Or, les rentes versées sont trop basses ! La rente minimale est de 1195 de francs et les couples mariés se partagent une rente de 3585 francs. Résultat : environ 337 000 retraité·e·s doivent recourir aux prestations complémentaires pour survivre.

Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas des économies sur le dos des femmes, mais une augmentation des rentes AVS ! 

Comme solidaritéS a déjà eu l’occasion de l’affirmer à plusieurs reprises, ce n’est pas l’AVS qui va mal mais le système à trois piliers dont le 2e démultiplie les inégalités salariales au niveau du montant des retraites. Nous voulons augmenter les rentes et diminuer le temps de travail. Pour cela, nous proposons de fondre le 2e pilier, gouffre à capital, dans l’AVS, qui aura alors toutes les ressources pour devenir une vraie assurance sociale.

Non à AVS 21, oui au référendum !

Le parlement s’est donc mis d’accord sur l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans. C’est la mesure phare du projet de loi AVS 21, une économie de 10 milliards pour l’AVS. La loi prévoit encore d’autres dispositions : flexibilisation générale de l’âge de la retraite, augmentation de la TVA et mesures « de compensation ». Les chambres ne sont pas d’accord sur quelques détails de ces mesures. La loi devrait aboutir lors de la session d’automne. Le referendum sera lancé à ce moment-là.

Parmi ces autres mesures, l’augmentation de la TVA (de 0,4 ou 0,3 % selon les projets en discussion) va toucher plus durement tous les bas revenus. Il s’agit d’une taxe sur les produits de consommation, qui touche toutes les classes de revenus de la même façon. C’est un impôt anti-social que la droite utilise de plus en plus pour financer les assurances sociales, au lieu de les alimenter par le budget de l’État, donc par les impôts qui sont progressifs.

Quant aux mesures « de compensation », il s’agirait de verser un surplus de rente pour les femmes nées entre 1959 et 1964, les premières concernées par AVS 21. Cette compensation est comprise entre 50 et 150 francs mensuels (les plus bas revenus touchant 150). Le coût de ces mesures représente bien peu (quelques centaines de millions) comparé aux 10 milliards que paieront les femmes avec AVS 21 !

Préparons la campagne contre AVS 21 !

Si l’AVS doit être mieux financée, c’est pour augmenter les rentes et diminuer l’âge de la retraite. Les impôts devraient y contribuer, mais aussi en utilisant les immenses bénéfices de la Banque nationale (BNS). Cette proposition fait son chemin puisqu’elle a été acceptée par le Conseil national. La BNS a gagné des milliards grâce aux taux d’intérêts négatifs. Une campagne doit être menée pour que ces milliards bénéficient aux travailleuses et travailleurs ainsi qu’aux personnes à la retraite.

Poursuivons le débat sur la dissolution du 2e pilier dans l’AVS, pour un système de retraite égalitaire et solidaire, et dénonçons sans relâche les inégalités salariales et le temps de travail non payé qui pèsent principalement sur les femmes !

Claire Martenot