Loi CO₂

L’écologie sera sociale ou ne sera pas

Un manifestant avec les mains peintes en rouge devant le Credit Suisse
Manifestation pour le climat, Berne, septembre 2019

Bien que serré, l’échec de la loi sur le CO₂ aux urnes le dimanche 13 juin montre l’urgence et la pertinence d’un programme écosocialiste . Il serait néanmoins faux de célébrer le résultat de ce vote  comme une victoire écosocialiste.  

Premièrement, notre opposition à la loi sur le CO₂ a contribué à freiner l’avancement de l’écologie néolibérale, qui pèse davantage les intérêts des grandes entreprises et du secteur financier que la protection du climat et des classes populaires. La victoire de la campagne référendaire préserve le statu quo, au lieu d’apporter des réponses matérielles aux défis sociétaux et écologiques. Certes meilleur que l’avenir qui nous aurait été réservé en cas d’acceptation de la loi sur le CO₂, nous parlons là d’un statut quo où les émissions totales de la Suisse augmentent d’année en année, et où les inégalités sociales se creusent toujours plus. Cette victoire aux urnes n’en est donc pas une face à aux urgences écologique et sociale, qui demandent des réponses rapides et radicales.  

Deuxièmement, l’échec de créer une large mobilisation contre cette loi qui aurait réuni les mouvements écologistes du pays, a mis en évidence 

les difficultés de faire avancer un projet écosocialiste dans le contexte politique suisse. Même si la critique écosocialiste de cette loi a été entendue par de nombreuses personnes engagées dans divers mouvements écologistes, la peur du vide en cas de refus a amené beaucoup d’entre elles à s’abstenir de prendre position ou même à se mobiliser pour en faveur de cette loi. Leur soutien à contrecœur apporté à ce mauvais compromis bricolé par une alliance entre le PS, les Vert·e·s et une grande partie de la droite peut être lu comme un indicateur du désenchantement et du désespoir de ces militant·e·x·s. Il est dès lors urgent de donner des nouvelles perspectives politiques au mouvement écologiste suisse.    

Le vide politique laissé par le non à la loi sur le CO₂ est une opportunité pour faire peser nos revendications écosocialistes. Pour ce faire, il est essentiel de rappeler les limites de la politique menée par le PS et les Vert·e·s qui ont défendu cette loi avec acharnement durant toute la campagne en nous qualifiant de jusqu’au-boutistes et de lunaires. Ces partis n’ont pourtant pas hésité à reprendre l’essentiel de nos arguments pour expliquer l’échec de la loi, critiquant notamment le fait que la loi visait principalement les consommateurs·trice·x·s individuel·le·x·s au lieu des grands pollueurs, et qu’elle exemptait le secteur de la finance.   

Montrons qu’un autre avenir est possible. Mobilisons-nous massivement pour la justice climatique, en refusant les taxes dites incitatives, les compensations à l’étranger et les bourses carbone, tout en favorisant des transformations structurelles au niveau national, par exemple avec une réduction massive du temps de travail, des transports publics régionaux gratuits, et un fonds climat alimenté par des impôts sur les grands pollueurs. Aux riches de payer la sortie de la crise !  

Franziska Meinherz