F-35

« Light» au lieu de « Lightning » ?

La décision du Conseil fédéral de choisir l’avion de combat F-35A a suscité beaucoup de critiques des partis à gauche (PSS, Vert·e·s). Leurs arguments ne sont pour autant pas antimilitaristes et se concentrent sur un coût excessif et des considérations géopolitiques et techniques.

Tir d'un missile Patriot
Tir d’un missile Patriot lors d’un exercice en Corée du Sud

La critique contre un choix non européen est particulièrement surprenante. Des armes issues de fabricants européens sont-elles plus acceptables ? Cette position pro-UE est d’autant plus curieuse que toute une série de pays membres de l’UE ont acquis ou prévoient d’acheter des avions F-35 : la Belgique (34 avions), le Danemark (27), les Pays-Bas (46), la Norvège (25), la Pologne (32), l’Italie (12), l’Angleterre (21). Certains prévoient encore d’augmenter leurs commandes.

Une défense moins chère ?

L’industrie de l’armement a toujours bénéficié d’appuis étatiques pour promouvoir ses propres intérêts. Le volume financier considérable des contrats l’a toujours poussée à recourir à toutes sortes de moyens proches de la corruption et à des montages opaques. Les conditions de vente par Dassault des avions Rafale à l’Égypte et à l’Inde ont récemment mis en évidence cette triste réalité. 

On peut certes s’interroger sur les frais de maintenance. La société Lockheed Martin, qui construit le F-35, a calculé un coût de vol horaire de 44 000 $ en 2018, pour le ramener en 2019 à 35 000 $ et prévoit de le réduire à 25 000 $ en 2025. Les prévisions budgétaires n’ont jamais été le point fort des militaires et des fabricants d’armes : les dépassements de budget sont plutôt la règle que l’exception. Lockheed a précédemment fabriqué le chasseur F-22 à 187 exemplaires pour un coût de 70 milliards de dollars, dernier exemple d’un gouffre financier. La Suisse en avait déjà fait l’expérience avec l’affaire des Mirages dans les années 1960.

Une défense allégée ?

Nous sommes bien entendu favorables à un nouveau vote sur cette dépense. La votation serrée de septembre 2020 (49,9 % de non à un nouvel avion de combat) montre qu’il est possible de remporter un nouveau scrutin. Cela doit être l’occasion d’exposer les arguments contre toute acquisition d’armes. Nous ne voulons pas nourrir les marchands d’armes, qu’ils soient américains, européens ou suisses.

Une défense aérienne « allégée », telle qu’elle est proposée par le document du Groupe pour une Suisse sans armée, ne répond à aucune menace objective et doit aussi être fermement refusée. Aucune situation de conflit avec nos voisins n’est prévisible, même après l’Euro 2020. Par contre, nous vivons en Suisse avec la menace permanente d’un grave accident d’une centrale nucléaire, sans que cela n’empêche de dormir les responsables du PLR, de l’UDC et du Département fédéral de la défense.

À nos yeux, d’autres dépenses sont prioritaires pour répondre aux besoins sociaux (retraites, formation, santé). Les menaces climatiques ne sont pas spéculatives, elles sont réelles et déjà largement visibles. Tous les budgets militaires doivent être reconvertis pour financer la paix et la justice sociale. Une nouvelle votation sera aussi l’occasion de le rappeler.

José Sanchez

Une nouvelle arbalète ?

 Le Conseil fédéral a continué sa séance de shopping outre-Atlantique en ajoutant dans son panier une poignée de missiles de défense sol-air de type Patriot. Pas d’action sur ces engins, le prix plein tarif augmente l’addition de 3,6 milliards de francs.

Des missiles sol-air, pour quoi faire ? Se défendre contre les hordes de grêlons qui ont abîmé une partie du territoire ? Se protéger contre les pluies diluviennes ? Ou contre les vagues de chaleur incessantes ? Les coulées de boue et les inondations de plus en plus fréquentes doivent nous sensibiliser à toutes ces menaces brutales provenant du ciel. Ces missiles contribueront aussi sans doute à protéger nos pauvres compagnies d’assurance, qui croulent sous les demandes de réparations et de dédommagements.

La menace militaire justifiant plus sérieusement l’acquisition d’un nouveau système de défense anti-aérienne reste tout aussi mystérieuse. D’où partiraient les abominables missiles qui viseraient les bâtiments de l’Organisation mondiale du commerce ou des Nations-Unies ? La cible serait-elle l’un des fleurons de la finance ou du négoce des matières premières ? Pour l’instant, les réunions du World Economic Forum à Davos ont surtout été couvertes par de légers flocons et par quelques boules de neige lancées par des manifestant·e·s.

L’actuel système de défense ayant largement montré son inutilité (aucun missile n’a jamais été tiré, même par accident), son remplacement par un système encore plus performant, c’est-à-dire encore plus inutile, se justifie-t-il ? Cette dépense aux couleurs américaines ne mériterait-elle pas aussi un référendum pour provoquer un vote populaire ? JS