La défense de la culture au tribunal

À la suite de la décision de fermer la Haute École de musique, une forte contestation s’est mise en place. Maintenant que l’institution est sauvée, c’est ses soutiens qui passent au tribunal.

Une affiche "culture et solidarité" à Neuchâtel

Décembre 2017, le Conseil d’État décide de fermer l’antenne neuchâteloise de la Haute École de musique (HEM) pour des raisons financières. Grande émotion dans le canton, les forces les plus réactionnaires s’engouffrant dans le débat pour remettre en cause plus largement le soutien aux activités culturelles, y compris les musées. solidaritéS s’est alors engagé dans une campagne à long terme avec un flyer, un site internet (objectif-culture.ch) et des affiches. Finalement la HEM a été sauvée par décision du Grand Conseil.

La police de la ville de Neuchâtel n’a pas aimé nos affiches. Elle nous a infligé une amende que nous avons contestée et, le 5 juillet 2021, nous avons été convoqué·e·s devant le tribunal. L’audience a tourné autour de deux questions :

La notion de « sauvage » dans le règlement communal. En démocratie, l’affichage ne doit pas être le monopole de l’argent. Toutes les opinions et idées doivent trouver un espace pour s’exprimer sans être qualifiées immédiatement de sauvages. Il en va de la civilité urbaine que les autorités feraient bien d’introduire dans la « culture d’entreprise » de la police.

Il existe en ville de Neuchâtel quelques « colonnes » à disposition des institutions culturelles pour annoncer spectacles et expositions. La juge a tort de nous reprocher de ne pas avoir utilisé « des emplacements destinés à l’affichage libre ». Ces espaces – trop peu nombreux – sont dédiés à la culture, non aux partis politiques. La ville devrait mettre davantage de panneaux de libre affichage à disposition, mieux en assurer l’entretien et en contrôler l’utilisation.

La juge n’est pas entrée dans cette discussion et s’est contentée de constater qu’il y a eu violation du règlement communal. Elle a renoncé à infliger une peine, par contre, les frais de justice ont été mis à la charge du prévenu (nous !) et se montent à 582 francs. Une cagnotte solidaire aidera à les couvrir. 

Quant à notre campagne, elle continue : culture et formation ne sont pas un luxe de haute conjoncture, c’est une nécessité impérieuse de nos temps de crises multiples.  

Pierre Laficheur