Dragâteloises : Un souffle queer nécessaire

« Elyssa Fleur », présentatrice et fondatrice des Dragâteloises, nous fait part des enjeux qui ont mené à la création d’un lieu de rencontre, d’éducation et de partage pour tou·te·x·s.

Elyssa Fleur
Elyssa Fleur

Comme pour beaucoup d’autres, j’ai eu énormément de peine à trouver ma propre identité et mes propres pairs LGBTQIA+, non par manque de soutien de mon entourage, mais parce qu’iels n’avaient aucune connaissance ni ressource pour guider et soutenir une personne queer comme moi.

À cela s’ajoute la difficulté d’essayer de trouver son chemin, faute de mieux, dans certains lieux de la communauté homo­sexuelle cis-blanche où l’on nous fétichise et où l’on nous exclut. En effet, lorsqu’il existe, le milieu « queer » suisse est principalement adulte, gay, blanc, hétéronormé et cisgenre. Cela a pour conséquence que de nombreuses personnes LGBTQIA+ ne se parlent pas, ne se rencontrent pas et ne se soutiennent pas.

C’est dans l’optique d’offrir à Neuchâtel un espace queer, inclusif et bienveillant que le projet Dragâteloises a été créé. Il s’agit d’un spectacle régulier d’artistes drags de la région romande et suisse, qui a pour but de mettre en avant cet art et aussi de fournir un lieu de rencontre et de partage pour la communauté queer dans son ensemble. Dragâteloises a été pensé pour accueillir tout le monde, peu importe ses origines, son âge, son ethnie, ses handicaps, son orientation sexuelle et/ou son identité de genre, et pour assurer un espace sain d’échange. Loin d’être parfait, nous avons un but idéal d’inclusion que nous tentons d’atteindre à chaque édition en fonction de nos capacités et surtout de nos ressources.

L’art drag est pertinent car celui-ci est politique, une dimension que l’on oublie trop souvent : il remet en question une société binaire, hétéronormée et cisgenre, entre autres par son existence et ses origines. Dragâteloises souhaite s’inscrire dans cet héritage car les luttes pour la reconnaissance de toutes nos réalités sont nécessaires. C’est aussi avec la responsabilité et l’objectif de raconter nos histoires, qui sont bien trop souvent narrées (lorsqu’elles le sont) par des personnes externes qui les simplifient, les folklorisent, les désinfectent afin qu’elles puissent entrer dans leur norme et ne pas déranger le système social, économique et politique actuel dont iels bénéficient.

Dragâteloises se veut être le lieu de rencontre, de partage et d’éducation que j’aurais aimé avoir étant adolescent et jeune adulte.

Elyssa Fleur