Reconnaître les violences sexuelles comme motif d’asile

L’Europe se barricade et durcit d’année en année les conditions d’accueil des personnes contraintes de fuir leur pays. L’espace Schengen renforce son arsenal répressif à l’égard de toutes les personnes jetées sur les routes de l’exil.

Enfants réfugiés
Réfugié·e·s à la frontière Serbocroate, 2015

Frontex non seulement tolère les violations des droits fondamentaux, mais se rend elle-même coupable d’actes violents à l’encontre de réfugié·e·s. Aux multiples motifs qui les poussent – comme les hommes – à quitter leur pays d’origine s’ajoutent pour les femmes, les filles et les personnes LGBTIQA+, des motifs spécifiques en raison des discriminations, violences sexistes et sexuelles dont elles sont victimes : mariages forcés, viols, enfermement dans des réseaux de traite, travail forcé… Ces violences, elles les vivent aussi sur le chemin migratoire, y compris dans nos pays au cœur de l’Europe. Pour dénoncer ces politiques de répression qui perdurent malgré les intentions proclamées, une démarche militante et citoyenne, partant d’en bas, est nécessaire.

Une campagne importante s’organise depuis plusieurs mois, à la croisée des luttes féministes contre les violences sexistes et sexuelles et des luttes pour la défense et l’extension des droits des migrant·e·s. Une coalition européenne en construction, Feministasylum, lancera le 11 novembre 2021 la « Pétition féministe européenne pour une reconnaissance effective des motifs d’asile propres aux femmes, aux filles et aux personnes LGBTIQA+ ». La campagne de récolte de signatures sur internet et d’actions politiques dans la rue se déroulera durant 6 mois.

Pour faire bouger les lignes, il ne suffira évidemment pas d’apposer sa signature au bas de cette pétition. Avec cet outil, l’occasion nous est donnée de construire un réseau militant de résistance à l’échelle européenne. Le défi est immense, l’appel est lancé aux ONG et associations engagées pour les droits humains, aux collectifs féministes, aux syndicats, aux partis politiques, et à leurs militant·e·s.

Marianne Ebel