Un pas en avant pour la gauche norvégienne

Les élections législatives norvégiennes ont eu lieu le 13 septembre dernier. Si l’opposition menée par le parti travailliste social-démocrate est arrivée en tête, elle devra composer avec la montée en puissance du parti de gauche radicale.

Deux militants du parti Rødt en campagne
Deux candidat·e·s du parti Rødt pendant la campagne. Impossible de perdre avec de tels pullovers.

Depuis plusieurs années, le gouvernement conservateur, en place depuis 2013, était fortement critiqué pour son programme de centralisation du pays, couplé à une politique de cadeaux fiscaux pour les grandes fortunes et de coupes budgétaires dans les services publics.

La population norvégienne s’est fortement mobilisée contre ces réformes à travers différents mouvements, notamment « the bunad guerilla », un mouvement de femmes habillées en costumes traditionnels norvégiens qui, dans une perspective de défense des services publics et des droits reproductifs, dénonce la fermeture des maternités. En écho à ces mobilisations, diverses organisations de gauche ont mené des campagnes pour la défense du service public et la fin du processus de centralisation.

À l’instar de nombreux con­textes nationaux, la question de la transition écologique a occupé une place importante dans les débats, avec des différences de stratégie notables entre les différentes formations à gauche, de la social-démocratie à l’écosocialisme. Tandis que les premières persistent à défendre l’impossible capitalisme vert, les tenantes du second militent pour la rupture avec le système de production capitaliste.

C’est autour de toutes ces questions, et en rupture aussi bien avec la social-démocratie qu’avec le conservatisme, que Rødt (Rouge) a mené une campagne de terrain anticapitaliste et contre toutes les formes d’oppression, défendant le projet d’une « société sans classes ». Une stratégie gagnante qui lui a permis de doubler son nombre de voix et de gagner 7 sièges au parlement, portée par le vote des mères célibataires, des étudiant·e·s, des ouvrier·ères de l’industrie et des travailleurs·euses les plus précaires, selon un sondage de la radio nationale norvégienne.

Ces élections représentent une opportunité intéressante pour notre camp social, avec notamment des milliers de nouvelles adhésions à Rødt dans la foulée. Rødt a su s’appuyer et relayer les revendications de la population et celle-ci attend désormais un réel changement de perspective de la politique gouvernementale. Pour peser dans le rapport de force, les organisations de gauche radicale devront présenter un front uni. Elles pourront ainsi mettre le gouvernement de coalition minoritaire formé par le parti travailliste et le parti du centre face à ses responsabilités en matière de justice sociale, du renforcement des services publics et pour une transition écologique qui respecte le principe de justice climatique.

Noémie Rentsch