Davos 2004: la répression continue

Davos 2004: la répression continue

Cette année, l’opposition au World Economic Forum de Davos est partie en ordre dispersé. L’Alliance d’Olten, regroupant de nombreuses organisations, a éclaté suite à des divergences sur la question de la violence. Le GSsA et les VertEs se sont notamment retirés suite au refus d’appeler à une manifestation pacifique. L’Alliance d’Olten a finalement appelé à une série d’actions et de blocages décentralisés et renoncé à organiser une manifestation à Davos même.

Les «festivités» ont mal débuté avec la répression de manifestations les 10 et 17 janvier. La police a empêché la plupart des manifestations en faisant un usage disproportionné de balles en caoutchouc. Pour la journée inaugurale du WEF, mercredi 21, des blocages ont eu lieu autour de l’aéroport de Kloten. La police a agi de manière plutôt modérée et seules deux arrestations ont eu lieu. A Genève, une cinquantaine de militant-e-s ont bloqué la rue Grenus sous le slogan «Reclaim les pistes» et descendu la légère pente à ski, en skate etc. en slalomant entre des pancartes anti-Wef. Une montagne intitulée Davos symbolisait l’arrivée et portait les caricatures des global leaders. L’action a bien passé auprès des spectateurs. La police a toléré l’action pendant une demi-heure et a dispersé les manifestant-e-s dans le calme.

Maudit Landquart

Samedi 24, une manifestation était convoquée à Coire par le collectif Dadavos, sur un contenu politique flou. Une autre manifestation devait avoir lieu à Davos même. Une cinquantaine de militant-e-s genevoises se retrouvent à la gare. Un fort renfort de Lausannois-e-s les rejoint. A Zurich, le train vers les Grisons est bondé. L’arrêt de Landquart permet de constater que la gare est cernée comme l’an passé. La plupart des gens finit par remonter dans le train.

A Coire, une manifestation de 2000 personnes environ fait un bref cortège à travers la ville. Le dispositif policier se tient un peu à distance et essuie quelques boules de neige. Les vitrines de quelques banques subissent des jets de peinture. Quelques discours ponctuent la fin de la manifestation. Comme les années précédentes, les objectifs politiques ne sont pas limpides et les diverses positions sont parfois fortement inconciliables les unes avec les autres. Après les discours, un appel précipité demande aux Romands de rejoindre immédiatement le train du retour. Un premier train bondé s’arrête plusieurs fois au départ de Coire, suite à l’actionnement du système d’alarme.

Arrivé à Landquart, le train est bloqué. Certain-e-s manifestantes voulaient apparemment se solidariser de personnes arrêtées sur l’autoroute ou à Davos. Le système d’alarme aurait été actionné à nouveau, semble-t-il alors que le train était arrêté. La police a bloqué les voies. Après l’évacuation de la presse et des non-manifestant-e-s, la police évacue manu militari le train, tirant les gaz dans les wagons et faisant usage de sprays au poivre. Puis les gaz et des balles de caoutchouc sont tirés sur les quais, engendrant des mouvements de panique. Les blessés n’ont été évacués que suite à de multiples pressions de manifestants, en dépit du sérieux des blessures de l’un d’eux touché à l’oeil par un coup de matraque. Il est impossible de s’échapper, des néonazis attendant de l’autre côté de la barrière sans être évacués par la police.

Ensuite, plus de 1000 manifestant-e-s sont contrôlé-e-s et fouillé-e-s par la police. Celle-ci a notamment relevé les numéros de téléphone. Les personnes mouillées attendaient dans le froid. Aucune possibilité de se restaurer ni d’aller aux toilettes. Les fouilles avaient lieu dans le parking sous-terrain d’un magasin, mais l’attente avait lieu en plein air. Les dernières personnes ont quitté Landquart à 23h30. La plupart des Romands ont dû passer la nuit à Zurich ou Berne.

A Davos, une petite manifestation a eu lieu et s’est rapidement fait disperser avec de nombreux contrôles à la clé.

Le deuxième train de Coire est resté bloqué pendant près de trois heures. Une manifestation de solidarité a tenté en vain de faire bouger les choses. A l’arrivée à Zurich, un important dispositif policier et à nouveau quelques skinheads attendait les manifestant-e-s, même scénario à Berne.

La répression policière durant le G8 a passablement fait son effet. Le long trajet et l’inconciliabilité des objectifs politiques des uns et des autres s’ajoute à la peur de la répression. Il est dès lors important qu’une réflexion collective soit menée pour montrer un front commun et surtout plus large face au WEF 2005.

Sébastien L’HAIRE

Erratum

L’auteur a oublié de citer la source principale de cet article, le rapport du Groupe Antirépression de Lausanne, disponible sous
http://www.indymedia.ch/fr/2004/01/18473.shtml . Il présente ses excuses aux auteur-e-s du rapport et aux
lecteurs/trices.
Ce rapport fait état du blocage par la police.

Contact de l’Antirépression de Lausanne :
e-mail: gar@no-log.org