Le PSV et le Conseil fédéral

Le PSV et le Conseil fédéral

Plus de 70% des congressistes du Parti socialiste vaudois ont refusé, le 7 février, d’exiger la sortie du Conseil fédéral des représentants du PSS. Cette décision d’une section cantonale se voulant à la gauche du parti national, confirme que le congrès national de Bâle, début mars, ne sera pas celui de la rupture de la concordance helvétique.

Le Comité directeur du PSV avait bien préparé son affaire, en plombant la décision du congrès d’un impératif catégorique: il ne fallait pas s’isoler et, donc, adopter une position qui puisse être victorieuse au congrès de Bâle. C’était faire passer la discussion de fond sous les fourches caudines de la tactique interne, aller à la rencontre de la droite du PSS et se rallier à la proposition des sections valaisanne et genevoise.

La proposition initiale de la région Orbe-La Vallée et de la Commission pour l’égalité, favorable à la sortie, fut donc «synthétisée» par le Comité directeur en une résolution «réaliste», qui, en fonction du rapport de forces interne, se prononça pour le maintien de la participation gouvernementale. Le Comité directeur enroba cela sous une pseudo-analyse des sentiments populaires, prétendument rétifs à la sortie du gouvernement, revendication exclusive des intellectuels gauchistes coupés de la réalité.

On assista donc à ce formidable paradoxe: en 1983-84, après le rejet de la candidature au Conseil fédéral de Lilian Uchtenhagen par les partis bourgeois – donc pour une raison relativement formelle – on avait assisté à une discussion bien plus ample et animée que maintenant, alors que l’enjeu actuel – stopper l’offensive néo-libérale – est beaucoup plus fondamental.

Mais, attention, tremblez bourgeois! Si les socialistes restent au gouvernement, ils vont pratiquer la «résistance démocratique» à tous les niveaux. Et si la droite exagère, il y aura non seulement avalanche de référendums et d’initiatives – encore que l’épineuse question des forces militantes en fasse tousser plus d’un – mais aussi… rupture de la collégialité. Voilà l’arme de destruction massive de la contre-réforme libérale que détient (en secret?) le PSS. Et en 2006, il tirera le bilan de la participation gouvernementale, pour repartir de plus belle à l’assaut électoral en 2007, avec, en ligne de mire, un troisième siège à l’exécutif fédéral.

En 1983, après l’élection au Conseil fédéral du socialiste Otto Stich, préféré à L. Uchtenhagen, le président du Parti radical suisse, Yann Richter, avait déclaré: «Aujourd’hui. on sait qui dirige ce pays». Vingt ans plus tard, ni le PSV ni le PSS n’entendent mettre en question cette domination.

Daniel SÜRI