Victoire populaire au Nigéria

Victoire populaire au Nigéria

Le 8 janvier 2004, le Nigeria Labour Congress (NLC), principale centrale syndicale du pays, avait fixé un ultimatum de deux semaines au gouvernement pour retirer la mesure instaurant une taxe sur les produits pétroliers. Aux yeux du peuple nigérian, cette taxe symbolisait la mauvaise politique socio-économique menée par le gouvernement de l’ex-général dictateur Obasanjo, recyclé démocrate et zélé partisan du néo-libéralisme. Depuis 2002, son zèle s’est heurté à l’opposition des syndicats et de l’ensemble du peuple nigérian aux mesures néo-libérales, qui ne peuvent qu’aggraver la paupérisation, déjà critique, du peuple nigérian.

En effet, en une semaine, le NLC a pu rallier une large coalition de la société civile, d’autres syndicats (le Congress of Free Trade Unions, le Trade Union Congress, l’Academic Staff Union of University, la National Association of Nigerian Students et même la National Association of Nigerian Traders), des partis politiques, etc. D’où un appel à la négociation entre le gouvernement et le NLC, lancé par des notables et certains secteurs du patronat nigérian, afin d’éviter une grève générale imminente, dont la popularité ne faisait plus l’ombre d’un doute. Le 16 janvier, le tribunal d’Abuja, rejetant une requête du gouvernement, déclarait la grève légale, une décision suivie par celle de la Cour d’Appel, ordonnant le retrait de la taxe gouvernementale, rejetée par la Chambre des Représentants et, par conséquent, de l’appel à la grève générale.

Au niveau international, la perspective d’une grève générale au Nigeria, avec le froid intense qui sévissait au nord-est des Etats-Unis, étaient perçus comme les principales causes de la hausse des prix pétroliers pendant la troisième semaine de janvier.

Quasiment isolé, le 20 janvier au soir, in extremis, le gouvernement Obasanjo annonçait la suspension de la taxe. Le lendemain, après concertation avec ses alliés, le NLC , décidait à son tour la suspension de la grève générale, déjà effective durant la matinée. Mais il promettait sa reprise sans préavis, en cas de récidive gouvernementale sur la taxe et d’entêtement à mener une politique socio-économique aggravant les souffrances du peuple nigérian.

Ainsi, deux jours après la levée de la grève générale, le syndicat des employé-e-s du transport aérien a donné au gouvernement fédéral 30 jours pour payer les arriérés de salaire, les pensions des retraité-e-s, etc.

(jn)