Un 8 mars internationaliste et combatif
En ce 8 mars 2022, les collectifs de la Grève féministe ont appelé la population à descendre dans les rues et manifester, pour la première fois depuis 2 ans, jour pour jour, sans les masques et sans gestes barrières imposées dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Quid de leurs revendications et mobilisation ?

Soulignons d’emblée qu’à l’échelle nationale, le mouvement maintient sa capacité de coordination et assure la mobilisation pour les dates clés dans les différents endroits selon la réalité locale des forces militantes en place. De ce fait, les manifestations ont été principalement organisées dans les métropoles où plusieurs milliers de personnes ont répondu présentes : Berne et Zürich pour la Suisse allemande, Lausanne pour la Suisse romande et Bellinzone pour la Suisse italienne.
Sous d’autres formes, des mobilisations ont également eu lieu, des projections des femmes en Valais, des performances et rassemblements thématiques à Genève, Neuchâtel, Winterthur, ou encore des stands et des distributions dans le Jura, à Bâle ou à Fribourg.
Multiples thèmes en commun
Malgré l’hétérogénéité dans l’action, l’unité nationale s’est faite dans les messages politiques que les collectifs ont portés. Tout d’abord, sous l’angle de solidarité internationale, les collectifs n’ont pas manqué de relayer le manifeste des féministes russes qui appelle à manifester et résister contre la guerre en Ukraine menée par Vladimir Poutine. L’appel à la résistance internationaliste entendu, les collectifs suisses de la Grève féministe ont revendiqué la paix et la solidarité avec le peuple ukrainien ainsi que le peuple russe opposé à cette guerre.
Entre autres, les collectifs se sont exprimés contre la militarisation de la société et ont revendiqué le gel des milliards des hauts revenus russes, stockés dans les banques suisses ! Toujours dans la lignée internationaliste, les collectifs ont diffusé la pétition Feminist Asylum dont l’objectif est de faire reconnaître la violence de genre comme un motif d’asile valable étant donné l’augmentation du nombre des victimes et violences sur les trajets de l’immigration, subies notamment par les femmes et personnes LGBTIQA+.
Au plan suisse, les collectifs ont rappelé que la pandémie du Covid s’est ressentie de façon significative sur les couches les plus précaires dont les femmes sont la composante majoritaire. À ce jour, les métiers dits essentiels ainsi que le travail du care fourni en milliers d’heures au quotidien, n’ont pas été (re)valorisés. Pire encore, on veut nous faire passer une réforme visant la hausse de l’âge du départ à la retraite, d’abord pour les femmes, ensuite pour les hommes, alors que nous luttons précisément pour une réduction du temps de travail! Par ailleurs, partout où les collectifs ont été présents, le référendum AVS 21 a été signé massivement, avec en ligne de mire le dépôt national prévu pour le 25 mars à Berne.
8 minutes dans toute la Suisse
Rappelons que pour la première fois depuis sa parution en 2010, le journal d’actualité syndicalo-féministe vaudois, 8 minutes, a été traduit en suisse-allemand et en italien afin d’être distribué dans les milliers d’exemplaires à travers toute la Suisse. Il a thématisé les sujets les plus brûlants tels que la campagne contre AVS 21 et Frontex, l’augmentation des féminicides et a lancé l’appel national à la grève féministe massive le 14 juin 2023.
Au sujet des violences, nous apprenions la triste nouvelle d’un féminicide commis à St-Gall, en date du 13 mars 2022 encore, ce qui constitue déjà le troisième cas en 2022. À ce jour, on ne dispose toujours pas d’un plan national de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ni d’un recensement national étatique des féminicides comme de toutes autres violences faites aux femmes et personnes LGBTIQA+. Alors que les collectifs ne cessent de rappeler qu’il est primordial d’avoir les données pour mieux cibler les revendications et solutions.
Enfin, la répression contre les mouvements sociaux ne cesse d’augmenter. À l’occasion même du 8 mars, les militantes de l’alliance zurichoise 8. März United se sont vues réprimer par des canons à eau et gaz lacrymogènes en raison d’une manifestation féministe non autorisée. Idem à Genève où les participantes à la marche « Pour un 8 mars révolutionnaire » ont été matraquées et contraintes à révéler leur identité. Ceci nous montre que nous ne sommes aucunement à l’abri des violences, même dans le cadre des mobilisations féministes luttant précisément contre celles-ci.
Pour cette raison et d’autres encore, les collectifs appellent à une rencontre nationale qui aura lieu le week-end du 14-15 mai 2022 afin de discuter des prochaines mobilisations et notamment de grève féministe du 14 juin 2023 !
Tamara Knezevic