Qui a tué Nzoy ? La police !

Après Hervé Mandundu, Lamin Fatty, Mike Ben Peter, c’était au tour de Roger « N’Zoy » Wilhelm de succomber lors d’une intervention policière en août dernier. Retour sur la manifestation contre les violences policières du samedi 2 avril à Lausanne.

Banderole contre les meurtres par la police vaudoise

Combien de personnes noires devront encore mourir sous la garde de la police ? C’est indignées par cette même interrogation qu’un millier de personnes sont venues manifester samedi 2 avril dans les rues de Lausanne contre l’impunité policière, contre une justice injuste et en solidarité aux familles endeuillées.

D’innombrables survivant·e·s et d’ancien·ne·s agent·e·s ont témoigné de la nature raciste de la police vaudoise et lausannoise. En 2020, les mobilisations qui ont essaimé en Suisse et dans le monde à la suite de la mort de George Floyd ont rallumé les projecteurs sur les violences policières, le racisme structurel, la centralité du colonialisme dans la construction de la Suisse moderne et ses effets sur la société d’aujourd’hui. Nous devons continuer à nous allier aux personnes qui en sont la cible et à nous organiser collectivement contre les violences de cette institution répressive.

Ces témoignages ont aussi montré la nécessité vitale de mettre en place des procédures à même de réguler les pratiques policières. Parmi celles-ci, il y a notamment la création d’une instance de dépôt de plaintes indépendante de la police, que solidaritéS demande depuis plusieurs années. Car pour le moment, rien ne garantit l’impartialité des procédures, bien au contraire. 

Où se plaindre de la police ? À la police. Le Ministère public est alors structurellement lié au corps de police qui est juge et partie. Une telle instance pourrait être une première réponse concrète, certes insuffisante, pour exercer une surveillance de la police et faciliter les démarches pour les survivant·e·s d’abus et de violences. 

Malheureusement, les autorités refusent toujours d’entrer en matière sur ce droit démocratique de base, d’ailleurs aussi défendu par Amnesty International. Cette revendication, portée lors de notre dernière campagne pour les élections cantonales, dans la rue, au Conseil communal de Lausanne ainsi qu’au au Grand Conseil, s’est heurtée à une opposition de tous les partis gouvernementaux, du PS à l’UDC, qui défendent ainsi l’institution policière et sa prétendue infaillibilité.

Pour limiter le pouvoir de nuisance de la police, nous demandons : 

  • La distribution systématique de reçus lors de chaque contrôle de police ; 
  • La suspension immédiate des policiers·ères impliqué·e·s dans des affaires de meurtre ;
  • La mise en place d’une instance indépendante de dépôt de plaintes contre les abus policiers et de surveillance des pratiques policières ; 
  • L’interdiction immédiate de la pratique dangereuse du « plaquage ventral », et de tout autre pratique dangereuse ou humiliante en Suisse ; 
  • Le désarmement de la police.

Guillaume Matthey