Travailler moins, pour polluer moins et vivre mieux !
Samedi 9 avril, la Grève pour l’Avenir se mobilise partout pour porter la revendication de la diminution du temps de travail sans perte de salaire. Il est temps que cette question revienne au centre des débats et que notre camp social passe à l’offensive !
Revendication historique du mouvement ouvrier, nous devons aujourd’hui lutter pour la réduction du temps de travail (RTT). Alors que les salaires stagnent et que les profits explosent, défendre une RTT sans perte salariale permet de replacer au centre l’importance de la force productive des travailleur·euse·x·s et revendiquer une meilleure répartition des richesses. Réduire le temps de travail n’implique pas uniquement un gain de temps, mais également une diminution du stress et de la pression subis par les travailleur·euse·x·s et ainsi limiter les risques d’accident et de burn-out.
Revendiquer la RTT permet de mettre à mal le modèle d’organisation familiale hétéronormée dominant. Actuellement, les femmes sont trop souvent poussées à diminuer leur pourcentage de travail salarié pour garantir une prise en charge importante, voire totale, des tâches reproductives. Défendre une RTT sans diminution de salaire permet de revaloriser le travail reproductif indispensable au travail productif et à la classe dominante, promouvoir une meilleure répartition du travail du care et affaiblir le piège du temps partiel.
Exiger une RTT permet également de se battre pour un accès facilité à l’emploi et pour des rentes dignes pour touxtes. Enfin, cette réduction permet de faire un pas vers la sobriété nécessaire à la lutte contre le dérèglement climatique. Une telle mesure amène une réduction de la consommation d’énergie et des ressources dans la sphère productive, ainsi que la baisse de l’utilisation des transports individuels motorisés pour se rendre au travail. De plus, le temps dégagé rend possible la création d’organisations collectives socialement et environnementalement utiles.
Défendre la RTT, c’est porter une revendication féministe, climatique et de justice sociale primordiale. Elle permet d’allier une diminution de l’exploitation des ressources environnementales et humaines, mais aussi de dégager le temps et l’énergie dont notre camp social a besoin pour peser dans le rapport de force et vivre mieux. C’est également un moyen de mettre des bâtons dans les roues du patronat dans sa course à la productivité et au profit.
Lutter pour une réduction de travail, mais pas que…
Cependant, la RTT doit s’accompagner d’autres combats. Premièrement, elle doit absolument s’accomplir sans perte salariale afin de permettre aux travailleur·euse·x·s de récupérer une partie de la plus-value confisquée par le patronat.
Deuxièmement, elle va de pair avec une lutte contre l’annualisation et la flexibilisation du temps de travail. Nous devons également lutter pour que les heures d’attente, de transport et d’habillage soient comprises comme heures de travail (à l’instar des revendications des grévistes de Smood).
Troisièmement, lutter pour une RTT doit se faire en parallèle de la lutte contre l’intensification du travail. Elle ne peut être couplée à une augmentation des tâches à accomplir par les travailleur·euse·x·s pour une durée plus faible de travail. Nous devons, au contraire, privilégier une meilleure répartition du travail effectif entre les personnes disponibles sur le marché du travail.
Les petites entreprises risquent de rencontrer des difficultés économiques pour appliquer une telle mesure. Nous devons donc prévoir des mesures d’aide et d’accompagnement afin qu’elles ne disparaissent pas au profit des multinationales et empêcher la droite d’en faire le terreau de son opposition.
Quatrièmement, cette bataille doit s’accompagner d’une critique et une réflexion sur la division du travail au niveau international, sans quoi nous ne pourrions prétendre à une amélioration des conditions de travail et de subsistance de touxtes. Enfin, la lutte doit s’accompagner d’un plan de reconversion écosocialiste de l’emploi pour les secteurs professionnels les plus polluants.
Nous devons collectivement repenser nos moyens de production sans que les travailleur·euse·x·s de ces secteurs en fassent les frais. Nous devons définir démocratiquement quelles sont les activités essentielles à notre vie et quelles sont celles nuisibles et non désirables pour en sortir.
Une première étape vers une réduction du temps de travail le 9 avril
C’est un combat de longue haleine qui s’annonce, exiger une réduction du temps de travail constitue ainsi un enjeu de taille. La première étape se jouera dans la rue ce samedi 9 avril. Des journées de mobilisations sont organisées un peu partout en Suisse. Nous comptons sur vous pour nous rejoindre aux stands et lors des manifestations ! Commençons, dès samedi, à reconstruire le rapport de force pour une diminution du temps de travail sans perte de salaire !
Alexis Dépraz