Zones 30 km/h

Panacée environnementale?

À Lausanne, l’extension des zones 30 km/h et la limitation nocturne de vitesse ont provoqué l’ire de la droite. Pourtant une société écologique devrait en finir avec le transport individuel motorisé. 

Femme en train de dégonfler le pneu d'un SUV
Il faut dégonfler l’idéologie du trafic individuel motorisé. Une membre des Tyre Extinguishers en action à New York.

«Pas de charge », « marche forcée » : c’est, selon 24 Heures du 10.08.22, le rythme effréné auquel nous convierait la Municipalité de Lausanne quant à l’introduction de limitations à 30 km/h pour le trafic motorisé. À vrai dire, le rythme proposé est d’une retenue très vaudoise. 

Certes, les zones résidentielles bénéficiant des avantages découlant de l’introduction du 30 km/h en matière de pollution sonore et de pollution de l’air seront étendues. La limitation à 30 km/h a été introduite de 22 h à 6 h sur les axes principaux du centre-ville, à la satisfaction des résident·e·s concerné·e·s. Il ne s’agit là néanmoins que de mesures palliatives. 

D’une part, là où il a été introduit, le 30 km/h n’est que très partiellement respecté, et ce ne sont pas les sourires accompagnant les mesures de vitesse ayant remplacé les radars qui vont engager à la moindre discipline automobiliste. Quant à la limitation nocturne, celle-ci ne concerne que 10 % du trafic journalier global : un emplâtre sur une jambe de bois, ou plutôt une rustine sur un pneu de voiture de rallye… Cela à d’autant plus forte raison qu’à l’égard des infractions, la police municipale fait preuve d’une négligence, sinon d’une complaisance regrettables.

Alors que faire face aux excès d’un trafic soutenu par SUV et autres véhicules surdimensionnés ? Ce qui est en cause c’est le trafic individuel motorisé. Non content de contribuer à une part importante des émissions de gaz à effets de serre, non content d’être la cause de nombreux accidents dont les coûts sont en définitive supportés par le contribuable, le développement exponentiel du transport individuel, conjugué avec celui des marchandises, a provoqué un bétonnage inconsidéré des zones urbaines comme des zone agrestes : rues élargies au détriment de l’arborisation, parkings en surface et en sous-sol, autoroutes à l’emprise démesurée, etc. ; avec les conséquences écologiques dramatiques.

La solution ? Elle est dans le renoncement au trafic individuel motorisé. Non pas que les déplacements, toutes catégories confondues, puissent être assumés uniquement par les transports publics et les différents moyens de la mobilité douce et active, de la simple marche à l’usage du vélo en passant par la trottinette. Mais les possibilités sont nombreuses de développement d’un service public de location temporaire de voitures privées, de services publics de taxis, de coopératives d’autopartage. Il en va de notre avenir non seulement climatique, mais plus globalement environnemental et surtout politique, au sens grec du terme.

Claude Calame
Version raccourcie d’une « réflexion » parue dans 24Heures