COP

La bonne conscience environnementale du capitalisme

Abdel Fattah al-Sissi prononce le discours d'ouverture de la COP27
Le président de l’Égypte Abdel Fattah al-Sissi prononce le discours d’ouverture de la COP27.

 Canicules à répétition, sécheresse persistante, incendies dévastateurs, l’été 2022 s’est révélé en Europe le plus chaud depuis les débuts des mesures. Et ce n’est rien en comparaison avec les pluies et les inondations qui ont dévasté le Pakistan ou le Nigéria : près de 2000 mort·e·s, 33 millions de personnes devenues pratiquement sans abri. Une fois encore ce sont les pays les plus pauvres et les moins émetteurs qui payent le tribut le plus lourd aux conséquences écologiques du mode de vie des pays les plus riches et de ceux qui les dominent. 

Le dernier rapport du GIEC tire pourtant une fois encore la sonnette d’alarme. Pour atteindre les objectifs fixés en 2015 à la COP 21 à Paris, soit limiter l’augmentation de la température globale à 1,5ºC les émissions globales de gaz à effet de serre (GES) doivent être réduites de 43 % d’ici à 2030. Or après une pause due aux restrictions entraînées par l’épidémie de Covid, les émissions mondiales de GES ont atteint un nouveau record en 2021.

À cet égard doit-on fonder quelque espoir dans la COP 27 qui se tient en Égypte jusqu’au 18 novembre ? Suffisamment d’États s’engageront-­ils dans les «contributions déterminées» pour 2030, devant permettre de réaliser les termes de l’accord de Paris ? La contribution annuelle de 100 milliards de dollars destinée à couvrir une partie au moins des frais d’adaptation et de transition pour les pays « en développement » sera-t-elle enfin réalisée ?

Les résultats de la COP26 à Glasgow en novembre dernier, à l’issue d’un été climatiquement tout aussi inquiétant, permettent d’en douter. Opérations d’écoblanchiment après mesures non contraignantes, les maigres engagements pris à Glasgow impliquent une augmentation de la température globale d’au moins 2,4o° ; et aucune décision précise n’a été prise pour alimenter enfin le « fonds vert pour le climat » en faveur des pays les plus pauvres. Ainsi, si l’on peut nourrir quelque espoir à voir une première COP se dérouler sur territoire africain, son accueil risque de donner une nouvelle légitimité au régime d’al-Sissi : il n’y aura pas à Charm el-Cheikh d’alter-COP mobilisatrice comme à Glasgow l’année dernière.

Dans son dernier volet, le rapport du GIEC formulait plusieurs propositions pour sortir de l’impasse et respecter les minces objectifs de l’accord de Paris : production d’une énergie moins carbonée ; réduction de la demande énergétique dans l’alimentation, le logement, le travail et les transports ; développement de villes plus compactes, réservées aux piétons.

Mais conformément au principe qui fonde les COP et qui interdit toute mesure pouvant représenter une « entrave au commerce international », on n’y trouve pas la moindre remise en cause du système qui entraîne la détérioration destructrice des rapports des communautés humaines avec leur environnement : un capitalisme mondialisé, fondé sur une croissance obéissant à des exigences purement économiques et financières.

C’est ce que reconnaît le texte fondant la COP27 Coalition. Réunissant des dizaines de mouvements de la société civile en particulier d’Égypte, d’Afrique et des pays arabes, elle reconnaît que la justice climatique ne peut être réalisée sans justice sociale. Cela implique de se libérer des « systèmes et sociétés néolibéraux, autoritaires, extractivistes, néocoloniaux, racistes et patriarcaux » qui nous dominent. Pour la défense des droits de l’être humain.

Claude Calame

Voir aussi l’article de Joe Daher du même numéro