Russie

En finir avec les anciennes formes d’auto-organisation

Qui défendait les droits des travailleurs·euses en URSS ? Quel est l’état du mouvement syndical en Russie ? Quelle y est la situation du marché du travail depuis le début de la guerre ? Entretien avec Andreï Zavodskoï, militant antifa et organisateur d’un syndicat de lutte indépendant.

Grève des livreurs à Moscou
Ces dernières années, le coursiers de plusieurs sociétés ont régulièrement fait grève pour dénoncer leurs conditions de travail. Le dirigeant de leur syndicat est en prison depuis avril 2022.

Pourquoi les gens ne se syndiquent plus en Russie ?

Premièrement, à cause de la nature des syndicats en Russie, puisque la fédération officielle des syndicats est jaune et prend toujours le parti du patron lors des conflits du travail. 

Deuxièmement, il n’y a pas en Russie de culture ni d’expérience de mouvement syndical indépendant, qui a été interrompu il y a plus d’un siècle. Il faut repartir de zéro, et c’est dangereux, difficile, c’est une confrontation avec l’Etat, les entreprises, ce sont des risques. 

D’ailleurs, je n’aime pas trop l’expression «adhérer à un syndicat», car il n’implique pas une participation active, mais décrit un groupe où il y a un petit nombre de leaders et beaucoup de membres passifs·ves. De tels syndicats de service peuvent être vendus, dégradés, affaiblis. Le terme «rejoindre» est meilleur, car il implique qu’un travailleur accepte de faire quelque chose, et pas seulement de signer un bout de papier et de disparaître. Il faut donc s’efforcer de faire participer pleinement les gens à la vie de l’organisation. Il est important maintenant de travailler sur la qualité et non la quantité. Du coup je ne suis pas vraiment inquiet que les gens ne se syndiquent pas. Ce qui m’inquiète, c’est qu’en se syndiquant, les gens aient peur de prendre des responsabilités. 

Quel est alors le but d’un syndicat ?

Le syndicat n’est qu’une des formes de défense collective des droits et d’auto-organisation. Ce n’est pas un but en soi. S’il y aura d’autres formes plus efficaces et viables (fonds d’entraide, réseaux de solidarité, associations), elles seront plus pertinentes. Mais le syndicat reste la première école pour exprimer son opinion dans des conditions relativement sûres. Bien qu’en Russie l’activité syndicale commence à être assimilée à l’activité politique et qu’il soit très difficile de distinguer l’une de l’autre, car les syndicats combatifs entrent inévitablement dans le champ de la redistribution des ressources, du pouvoir, c’est-à-dire au niveau de la politique. 

L’activité syndicale est donc plus pertinente en Russie que l’activité politique ?

Il est très difficile de distinguer l’une de l’autre, car les syndicats combatifs entrent inévitablement dans le champ de la redistribution des ressources, du pouvoir, c’est-à-dire au niveau de la politique. Alors un syndicat de lutte est un sujet de politique, et les dirigeants syndicaux intelligents n’en ont pas peur. Nous avons eu une telle situation à Kalouga [200 km sud de Moscou – ndlr], où le syndicat MPRA fondé en 2006 a vraiment influencé le rapport travail/capital dans la région. C’est pourquoi, après un certain temps, toutes les structures de pouvoir, y compris le FSB, ont tout fait pour corrompre et détruire le MPRA. Et ce danger est pertinent pour tous les pays avec des sociétés de classe, parce que tous les syndicats sont politiques en fait. Ceux qui prétendent être apolitiques se sont tout simplement vendus à la classe dirigeante.

Pourquoi le mouvement syndical est-il si faible en Russie ?

Il faut regarder un peu en arrière. En URSS, jusqu’aux années 1930, il y avait de puissants syndicats en tant que sujets de la sphère publique, mais le processus de leur désintégration a commencé avant même les répressions staliniennes. En conséquence, les syndicats ne sont restés que des organisations regroupant des millions de personnes, mais ces organisations n’ont pas rempli la fonction d’un syndicat de lutte. Ils étaient au service de l’État-employeur, qui leur donnait des bons et des cadeaux, distribués ensuite aux travailleurs·euses. Et cette «culture de cadeaux» a migré vers la Fédération de Russie bourgeoise, sauf qu’il y avait moins d’argent et de distribution. La culture de servir les autorités a été préservée, mais les syndicats n’ont pas essayé de se radicaliser, de s’adapter aux nouvelles conditions, car les gens se syndiquaient non pas pour lutter, mais pour faire carrière et devenir membres du parti au pouvoir. En conséquence, on voit comment les représentant·e·s des syndicats officiels en tant que membres du parti dirigeant Russie unie votent activement à la Douma d’État pour des lois antisociales.

Parlant du mouvement syndical indépendant de l’État, il est apparu pendant la période de la perestroïka. À un moment donné, il y avait de puissants syndicats indépendants avec des centaines de milliers de membres (ici on peut rappeler les grèves des mineurs·euses et des enseignant·e·s). Mais c’étaient encore des gens du système soviétique. Ils cherchaient la justice sociale, mais à travers le chemin des services: «les leaders décideront pour vous». Ces organisations se sont affaiblies dans les années 90, alors qu’il y avait une énorme crise, et rien ne pouvait être obtenu par les méthodes syndicales en raison de la situation économique. Les prolétaires sont devenu·e·s lumpenproletariat, les syndicats sont devenus incapables d’obtenir quoi que ce soit. Du coup, les gens ont naturellement perdu confiance dans le syndicat. Dans les années 2000,  une culture antisyndicale s’était même formée: si vous demandez à un·e travailleur·euse ordinaire ce qu’il·elle pense du syndicat, la réponse sera très probablement obscène, «au mieux, il ne se passera rien, au pire, tu seras licencié·e.» Par conséquent, on doit maintenant s’efforcer beaucoup pour changer cette attitude.

Certes, on peut rappeler le syndicat MPRA qui était le symbole du mouvement syndical en Russie. Et j’avais l’honneur d’avoir été pendant 10 ans son militant et d’avoir participé à ses grèves. MPRA est resté figé alors qu’il fallait ne pas avoir peur d’adopter une stratégie politique, mais la direction du syndicat a décidé de fuir la politique. En conséquence, il y a eu un conflit interne entre les militants de gauche et ceux qui ont décidé qu’il fallait négocier avec l’administration des régions et avec les employeurs·euses. Et maintenant, le syndicat est presque détruit. Ça signifie que presque tout doit être reconstruit.

Tu as mentionné la dégénérescence des syndicats en URSS. Mais les travailleurs·euses avaient-ils besoin de protéger leurs intérêts à l’époque?

D’abord, on connaît l’exécution des travailleurs·euses de Novotcherkassk en 1962, ce qui signifie qu’il y avait des conflits de travail spontanés réprimés par le KGB ou par les dirigeant·e·s des syndicats eux·elles-mêmes, qui tentaient de licencier les mécontent·e·s. D’une part, l’URSS était un système unique dans lequel il y avait un coussin social. Par exemple, le droit à un logement gratuit: si tu bossais tranquillement, dix ans après, tu avais droit à un appartement gratuit. Mais si tu créais des conflits avec le patronat, alors tu étais privé de ce droit: c’était une sorte d’instrument de soumission. D’autre part, dans les années 80, lorsque l’appareil répressif soviétique s’était affaibli, des associations de mineurs·euses ont proliférées, ce qui montre que les contradictions de classe en URSS étaient cachées sous le tapis, puis elles sont soudainement remontées à la surface.

S’il fallait tout créer à zéro, comme tu le dis, sur quelle expérience les syndicats indépendants en Russie s’appuyaient-ils ?

MPRA, par exemple, a appris des syndicalistes brésilien·ne·s. Il est né après que plusieurs militant·e·s syndicaux·ales jaunes de Ford sont parti·e·s en voyage d’affaires dans ce pays en 2004. A cette époque, nos militant·e·s n’avaient aucune idée de la culture syndicale et de l’organisation. Au Brésil, ils·elles ont été très impressionné·e·s et ont pu acquérir de l’expérience, par exemple auprès des syndicalistes des Pays-Bas, qui ont animé des séminaires. 

Quant au syndicat médical Déistvié (Action), il s’agit plutôt d’une histoire russe interne. En général, on comprend pourquoi ce sont les médecins qui se révoltent: a) ce sont des gens éduqués avec dignité et b) la situation dans la médecine est horrible. Soit dit en passant, Déistvié a été fondé à Moscou par des médecins du milieu trotskyste et anarchiste (le regretté Edouard Klimanov, ambulancier paramédical). Et l’adhésion à la KTR (Confédération de Travail) a, à un moment donné, aidé Déistvié, car elle leur a fourni accès aux syndicalistes internationaux·alles et à leur expérience à travers cette confédération.

Et toi-même, comment es-tu devenu syndicaliste ?

Les dirigeant·e·s de ma ville de Kalouga attiraient les investissements étrangers de Peugeot, Citroën, Volkswagen, autour desquels se sont développées des usines où les jeunes étaient confronté·e·s à une extrême exploitation et à de bas salaires. Et moi j’étais dans la plus grande association d’anarchistes antifa à l’époque, Avtonomnoïé Déistvié (Action autonome). On se battait avec les fafs, on fréquentait les concerts. Mais ce gang anarcho ne me suffisait plus, car je voulais changer la situation dans son ensemble, et non ponctuellement. Alors j’ai pris contact avec les activistes syndicalistes, j’ai commencé à distribuer des tracts et suis devenu marxiste, car mes camarades trotskistes étaient mieux organisé·es. 

Mais ces dernières années, quand il s’est avéré clairement que la direction de notre syndicat MPRA était devenue intimidée ou corrompue, et qu’elle a purgé les militant·e·s de gauche, on a décidé de partir et de créer l’association Plateforme de Solidarité. Et maintenant, on aide les ouvriers·ères dans divers secteurs : commerce en ligne, livraison, construction, transport. C’est à cause de l’énorme roulement de personnel qu’on a décidé de créer un syndicat multisectoriel.

Mais comment ça se fait que tu sois devenu socialiste, si tant d’efforts ont été faits pour discréditer le socialisme au cours des 30 dernières années ?

En fait, personne ne peut discréditer plus la gauche que la gauche elle-même (rires). Le Parti communiste de la Fédération de Russie a fait plus que l’ensemble de la classe bourgeoise pour noircir l’idée communiste. Personnellement j’ai toujours été antistalinien et pas un très grand fan de l’URSS, donc le noircissement du passé m’a peu inquiété. Par contre j’ai réfléchi davantage à la façon dont je veux voir l’avenir. Et quand on pense à un avenir social, pour toutes et tous, on en vient inévitablement aux idées socialistes. A ça s’ajoutaient mon sens aigu de la justice et l’histoire héroïque du mouvement de gauche, dont je voulais faire partie. De plus, j’ai été influencé par la théorie marxiste, qui explique objectivement ce qu’on voit maintenant. 

Quels sont les champs et les méthodes de travail des syndicats russes ?

Il est difficile de parler pour tout le monde, bien sûr. La plupart des syndicats ont peur de dire un mot depuis un an. Toute activité ces derniers temps est lourde du fait qu’on peut se retrouver au placard. Le niveau de répression depuis deux ans a augmenté de façon incroyable, elle est devenue gigantesque! Et si une sorte de grève commence, je serai sûr qu’il s’agit plutôt d’une grève spontanée, et non organisée par un syndicat. Après tout, toutes et tous les militant·e·s des syndicats indépendants sont mis·e·s sur écoute par le FSB, ils·elles sont suivi·e·s, on publie des articles commandés sur eux·elles. C’est pourquoi les syndicats indépendants ne font plus que des pétitions, des plaintes, des collectes de signatures, des séminaires.

Pendant un certain temps, les activités des vrais syndicats en Russie seront anonymes et consisteront en la formation des militant·e·s et des ouvrier·e·s. L’histoire des syndicats en Russie sera similaire à celle des syndicats clandestins en Iran ou en Chine et sera basée sur des grèves spontanées.

La croissance de la répression elle-même peut être illustrée par l’exemple suivant. Le syndicat Kourier (« Livreur ») est apparu il y a deux ou trois ans. Si au début, en 2019, il pouvait organiser plein de protestations et de grèves juste devant le bureau du patron, maintenant, le président du syndicat, Kirill Oukraïntsev a été emprisonné pour avoir posté sur les réseaux sur les grèves des chauffeurs de taxi, bien que lui-même n’y soit pour rien. Tu t’imagines le chemin qu’on a parcouru en deux ans! S’il y a cinq ans, il y avait de nombreuses manifestations organisées, maintenant, si le ou la tête de la grève est connu, il ou elle sera simplement mis·e au placard.

Et à quelles autres difficultés confrontent les militant·e·s syndicaux·ales ?

L’atomisation des gens, le niveau extrêmement bas de confiance envers les autorités et les uns envers les autres. On a traversé le chaos des années 90; dans les années 2000, les prix du pétrole ont augmenté et on a pu accumuler une certaine richesse, s’acheter un appartement et une voiture. Et maintenant, les gens essaient de toutes leurs forces de préserver cet îlot de survie individuelle autour de la famille. Après tout, à part la famille, il n’y a personne d’autre sur qui compter. Ainsi, lorsque surviennent des problèmes qui touchent un grand nombre de personnes (par exemple, la réforme des retraites, à laquelle 80 % de la population s’est opposée), on a peur de manifester publiquement son mécontentement. Au mieux, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées en 2018, et ces protestations ont semblé aux autorités insuffisantes pour changer quoi que ce soit. Oui, les ouvrier·e·s aimeraient que la situation s’améliore, mais ils·elles ne font rien eux·elles-mêmes. L’un des plus gros problèmes pour nous est qu’il est très difficile d’influencer cette mentalité.

Mais peut-on au moins compter sur les tribunaux ? Protègent-ils d’une manière ou d’une autre les ouvriers·ères ?

Les tribunaux prennent souvent le parti des travailleur·euses lorsque la loi est violée. Dans des cas flagrants, lorsque des personnes ne reçoivent pas leur salaire ou qu’elles sont licenciées illégalement. Mais la plupart des problèmes sont dans le cadre de la loi. Un patron peut payer 1 rouble de plus que le salaire minimum, et c’est légal. 

A part la médecine et l’industrie automobile, dans quels autres secteurs les syndicats sont-ils créés?

Dans des secteurs très différents. Récemment, le comité éditorial d’un journal gouvernemental a créé un syndicat. C’est aussi l’informatique, construction, industrie de la défense, chauffeurs·euses de taxi, coursier·ères. Mais le syndicat médical « Déistvié » est le syndicat de lutte le plus puissant en Russie pour le moment.

En quoi les syndicats russes diffèrent-ils de leurs homologues occidentaux ?

Ils différent d’une manière foncière. En Russie, le syndicat jaune n’est pas une institution publiquement reconnue ; c’est simplement un serviteur direct de la classe dirigeante. Ainsi, après l’annexion de la Crimée, les syndicats jaunes étaient tenus de mener des actions de soutien. Je dirais que nos syndicats indépendants sont assiégés.

Comment se fait-il que dans le monde de nombreux syndicats de lutte aient dégénéré en organisations rendant des services ?

D’abord, la différence entre les deux réside dans le degré de participation des individus à la vie du syndicat. Les syndicats de service dépendent du leader, qui peut être tué·e, soudoyé·e, etc. Il vaut mieux réaliser moins, mais en ne s’appuyant pas sur le leader, mais sur le collectif. Souvent, dans les syndicats, il y a un changement de dirigeant·e d’un·e radical à un·e réformiste, et si les masses restent passives, le syndicat dégénère. 

Comment alors expliquer que la Russie se place au même niveau que la Grande-Bretagne,  la Belgique et le Canada dans les classements pour les droits des travailleurs·euses ?

Après tout, c’est un pays autoritaire. Il y a un puissant effet du passé soviétique : la plupart des Russes ont leur propre logement, ce qui est un avantage si tu touches un salaire minimum. Avec des factures de services publics (éclairage, chauffage, énergie, eau) pas très élevées, ça explique pourquoi il est possible de survivre et pourquoi les gens sont passifs, mais le processus a un vecteur descendant. 

Quelle est la situation du marché du travail en Russie depuis le début de la guerre ?

Les gens sont dans une grande dépression depuis le début de la mobilisation militaire fin septembre. Il est encore difficile de prédire ce qu’il adviendra du marché du travail. Quelques-uns se cachent, d’autres émigrent. Le marché du travail se déplace vers les entreprises russes et vers l’emploi gris, où on peut travailler de manière informelle, par rotation, à temps partiel, à l’heure. 

De plus, le marché du travail dans la zone grise est sursaturé, de sorte que le capitaliste peut utiliser cette situation à son avantage. Au cours des huit dernières années, les revenus des ouvrier·e·s ont déjà baissé, et maintenant ce processus va s’accélérer. 

L’avenir du marché du travail dépendra de l’issue de la guerre : si l’économie est militarisée, le secteur civil servira l’industrie de la défense, tout le reste mourra. Bref, les prévisions sont merdiques [rires].

Alors ne sera-t-il plus facile d’appeler les gens à se syndiquer ?

Et quelles sont les tâches du mouvement syndical russe aujourd’hui ? En général, il est plus facile pour un·e militant·e d’agir pendant une période de croissance économique, car l’employeur a de l’argent. Notre plan pour l’année ou les deux prochaines, c’est de survivre, de s’engager dans la propagande de masse, de proposer une nouvelle forme d’action et de stratégie dans les conditions d’une réalité radicalisée, avec des risques qu’on ne connaissait pas il y a un an.

En général, dans les conditions de précarisation et d’économie de plateforme, comment unir les prolétaires ?

En fait, les ouvrier·e·s des usines sont tout aussi atomisé·e·s, travaillant tout·e·s en équipes et n’interagissant pas beaucoup. Par conséquent, il ne faut pas idéaliser le prolétariat classique. Au début du 19e siècle, il y avait aussi un prolétariat précaire et des travailleur·e·s saisonnier·e·s. Les livreurs·euses ne sont pas très différent·e·s des ouvrier·e·s d’usine. Les gens ne tiennent pas du tout à leurs emplois, du coup ils·elles sont souvent plus radicaux·ales, mobiles, actifs·ves. Et ils·elles s’y connaissent en réseaux sociaux. 

Comment faire ?

Il est nécessaire de communiquer personnellement, de créer un canal de communication stable. L’atomisation ne nous empêche pas de faire quoi que ce soit, on peut déplacer n’importe quelle montagne.

Peux-tu discerner les enjeux communs au mouvement syndical mondial ?

Comment maintenir une structure de masse, tout en s’éloignant des anciennes formes d’organisation. L’atomisation des gens empêche de les attirer dans l’ancienne forme d’activité syndicale. À cet égard, les syndicats devraient proposer non seulement des solutions liées aux droits du travail, mais également résoudre les problèmes quotidiens, domestiques, de la vie (la survie dans des conditions de mobilisation, par exemple), promouvoir la coopération. 

Ça ne s’applique pas seulement à la Russie. Il faut arrêter d’avoir peur de la politique, car le monde se radicalise, les processus se sont accélérés et nous sommes peut-être au bord d’une grande guerre. Rester à l’écart n’ira pas. Les syndicats doivent avoir leurs plateformes centrées sur la majorité, sinon ils verront leur propre effondrement.

Propos recueillis et traduits du russe par Nadia Badaoui