Face à la peur de manquer d’électricité, une force propositionnelle de changement de système

L’année 2022 a été marquée par l’invasion russe en Ukraine et les faibles sanctions prises à l’égard du régime de Poutine ont agité les spectres de la pénurie d’énergie. Le groupe écosocialiste de solidaritéS Vaud a travaillé sur un programme d’urgence avec des propositions concrètes à mettre en œuvre au plus vite dans le contexte suisse.

Des manifestants pour le climat avec une banderole «Recycler n'est pas assez. Désinvestissez»
Grève du climat, Lausanne, 4 septembre 2020
Martin Peikert

Le dérèglement climatique ne cesse de manifester ses conséquences désastreuses : sécheresses précoces, inondations, canicules répétées. En 2021, les émissions mondiales de CO₂ ont augmenté de 6 %, une croissance jamais atteinte jusque-là. La guerre en Ukraine a débuté il y a plus d’un an et la nécessité éthique de rompre le commerce avec le régime russe nous montre la voie d’une reconfiguration de l’approvisionnement et de la gestion de l’énergie. Bien sûr, les logiques de la Bourse ont amené une augmentation des prix des énergies fossiles comprenant le taux de marge des raffineurs qui a été multiplié par plus de 2300 % en un an. 

Crise de l’énergie, crise globale

Aujourd’hui, la Suisse dépend des importations en énergie à hauteur de 72 %. Dans un contexte où l’absurdité pousse les eurodéputé·e·s à classer le gaz et le nucléaire dans les énergies renouvelables, il est temps de faire le point sur les vrais changements à mettre en place afin de lutter contre la catastrophe climatique. 

Sortir de cette dépendance exige une autre politique, une politique écosocialiste qui définisse comme biens communs les moyens de production, comme l’énergie elle-même. En attendant la mise en place des mesures permettant de s’émanciper du marché libre, un contrôle des prix, avec un prix plafond accessible à tou·te·x·s, est à mettre en place. Notre programme propose que « la différence entre le prix plafond et le prix du marché est assurée par les rentrées d’un impôt spécial prélevé sur les surprofits indécents réalisés par les superriches. »

Quelques pistes

Concernant l’énergie solaire, la politique actuelle d’incitation des propriétaires par des subventions est attaquée : « les mesures d’urgence doivent faire que dans deux ans, la totalité des toitures pouvant produire du solaire soient couvertes de panneaux. Un service public fédéral de l’énergie devrait être mis sur pied afin de piloter ce programme. Panneaux solaires et énergie produite sont un bien commun. » Cette perspective n’est pas utopique : actuellement la part publique de la production d’électricité sur le territoire est de 89,1 %. Toutefois, services industriels et autres acteurs suivent encore trop souvent les règles du marché. 

Cette gestion de l’énergie par la collectivité ne peut cohabiter avec les objectifs de profits du secteur financier basé en Suisse. Le programme d’urgence demande : « le séquestre des bénéfices et l’interdiction des investissements dans les énergies fossiles. » Afin de ne pas tomber dans le piège du New Public Management comme c’est trop souvent le cas dans des entreprises du secteur public, le contrôle par les travailleur·euse·x·s est essentiel. Les usager·ère·x·s devront aussi être consulté·e·x·s régulièrement : « cette extension de la démocratie est une nécessité de la prise en charge de la lutte contre le dérèglement climatique, garante de la justice sociale qui doit en être le complément indispensable. »

Concernant les transports, là aussi le groupe écosocialiste invite à les penser comme un bien commun. Ainsi, une priorité absolue à la mobilité douce et aux transports publics est définie. Cela va de pair avec la gratuité des transports publics et une meilleure offre sur tout le territoire.

Afin de produire moins, le groupe développe l’argument de travailler moins afin de produire moins et vivre mieux. Ce qui permettra aussi de mieux répartir le travail entre chacun·e.

Manon Zecca

Texte complet du programme d’urgence ecosocialiste ↗︎