Pour une cohérence politique entre paroles et actes

Les élections au Grand Conseil genevois ont vu le renforcement de la droite et l’affaiblissement de la gauche par l’éviction d’Ensemble à gauche qui n’a pas atteint le quorum de 7 %. Notre lutte pour la justice sociale continue.  

Des militants d'Ensemble à Gauche en campagne électorale
Dans l’élection à l’exécutif, Françoise Nyffeler a recueilli 13 % de voix et Theo Frei près de 10 %.

La droite partait plus divisée que jamais avec 8 listes concurrentes. Sa progression se manifeste par l’entrée de la liste emmenée par l’ex-conseiller d’Etat Pierre Maudet et la progression de l’UDC et du MCG ; respectivement + 3,3 % et + 2,2 %. La gauche au sens large avec 4 listes. Ce paysage politique aurait pu doper la participation. Il n’en a rien été, dépassant péniblement 37 %. Ainsi ce nouveau parlement cantonal a été élu par 24 % des habitant·e·x·s du canton en âge de voter puisque les résident·e·x·s étranger·ère·x·s n’ont toujours pas le droit de vote en matière cantonale. 

S’élargir en divisant…

En 2018, la liste de la coalition Ensemble à Gauche avait recueilli 7,8 % des suffrages et obtenu 9 sièges. En 2023, nous obtenons 3,5 % des voix. Ce score est pour l’essentiel la conséquence de la division créée par les dissidents de solidaritéS qui ont quitté le mouvement il y a deux ans, car leur proposition de dissoudre solidaritéS et de créer un nouveau parti, supposé permettre l’élargissement du mouvement, a été refusée par la majorité au sein de solidaritéS. Mais aussi en raison d’une réflexion sur notre fonctionnement interne qui a mis en lumière les rapports de pouvoir instaurés par les leaders qui ont provoqué cette scission. Ainsi : au prétexte de s’élargir, ils·elles ont obtenu un rétrécissement !

La Liste d’union populaire a obtenu 3 % des voix, profitant d’un budget conséquent tiré des jetons de présence, des indemnités de groupe et du non-­remboursement de frais de campagnes censés revenir à solidaritéS et jouant sur la confusion en s’appropriant l’appellation Ensemble à Gauche ; à laquelle ils·elles ne pouvaient ni légitimement, ni statutairement prétendre. Alors que les dissident·e·s de la LUP regroupaient la majorité des député·e·s actuel·le·s qui disposaient d’une plus grande notoriété, le score de leur liste est un échec. Il semble bien que beaucoup d’électeur·ice·x·s ont préféré l’original à la copie.

Il faut savoir que les appels réitérés à l’unité, dont se targuait la LUP, étaient factices et démentis constamment par leurs actes. Dès lors, cette alliance à visée exclusivement électorale s’avérait incompatible avec les valeurs que nous défendons en tant que porteur·euse·x·s d’une vision d’un monde anticapitaliste et solidaire. 

Pendant la campagne, nous étions interpellé·e·x·s sur les raisons de cette division et nombre de personnes la réduisait à des questions d’egos individuels, mais la déchirure est plus profonde, inconciliable avec une réconciliation de façade. Déçue et/ou déconcertée, une partie de l’électorat d’Ensemble à Gauche s’est sans doute abstenue ou s’est reportée chez les Vert·e·s et les Socialistes puisque le score global d’Ensemble à Gauche et de la LUP s’élève à 6,6 %. Sans la dissidence de la LUP, le quorum aurait vraisemblablement été atteint. 

En Ville de Genève, le score cumulé des deux listes est de 9,8 % et la seule liste Ensemble à Gauche dépasse le quorum à St-Gervais, aux Pâquis, à Prairie-Délices, aux Acacias, à Mail-Jonction et aux Cropettes. Enfin relevons le bon score réalisé par nos camarades au Conseil d’État : 13 % des voix pour Françoise Nyffeler et près de 10 % pour Teo Frei, jeune candidat totalement inconnu du grand public jusque-là.

Une campagne contrastée 

Toute campagne a ses forces et ses faiblesses. Sur le plan positif, relevons l’élaboration du programme de manière collective avec la participation de jeunes militant·e·x·s venus des luttes pour le climat et du féminisme. Cette approche a payé si on se réfère à l’excellent score des femmes au niveau du classement de notre liste (les 5 meilleurs scores sont détenus par des femmes). 

Le contexte de division qui rendait difficile l’obtention du quorum n’a pas facilité l’engagement de touxtes pour porter cette campagne. Le lancement de notre initiative pour la taxation des super-profits dans le cadre de la campagne n’était sans doute pas un choix judicieux puisque nous ne sommes pas parvenus à obtenir les signatures nécessaires. Alors que son contenu était pertinent du point de vue de nos orientations en matière de fiscalité, le lancement en décembre nous a fait perdre un mois dans le délai de récolte et le vote sur l’imposition des dividendes en mars a créé une confusion dans l’esprit de nombre d’électeur·ice·x·s.

Une politique sur le terrain

Notre absence du parlement cantonal induit un affaiblissement de notre mouvement et de la coalition Ensemble à Gauche. Il ne remet toutefois pas en question notre participation aux luttes et mouvements sociaux dans lesquels nous avons été constamment présent·e·x·s. 

Au contraire, elle nous impose de renforcer notre action politique sur le terrain et de mieux visibiliser notre engagement contre les inégalités, la péjoration des conditions de vie de la population et pour de vrais changements sociaux, écologiques et démocratiques.

Jocelyne Haller   Bernard Clerc