Canada

La grève a payé

Après presque deux ans de négociations et l’une des plus importantes grèves de l’histoire du pays, l’Alliance de la Fonction Publique du Canada (AFPC) a conclu des ententes de principe avec le gouvernement pour ses 120 000 membres.

Deux grévistes brandissent le poing devant le parlement d’Ottawa
Du 19 avril au 1er mai 2023, 155 000 employé·e·s de l’État, près d’un tiers de l’effectif, se sont mis en grève à travers le pays. C’est l’un des plus importants mouvements sociaux de l’histoire du Canada. Rassemblement sur la Colline du Parlement, Ottawa, 19 avril 2023.

Grâce à ces ententes de principe, les membres de l’AFPC bénéficieront d’un contrat de travail juste et équitable qui surpasse ce que l’employeur avait offert avant le début de la grève ainsi que des augmentations de salaire supérieures à ce que les commissions de l’intérêt public avaient recommandé et à ce que d’autres syndicats ont obtenu. 

« En pleine crise inflationniste, pendant que les grandes entreprises empochaient des profits records, on a demandé à nos membres de se contenter de moins. Ils ont refusé et se sont mobilisés pour obtenir plus », déclare Chris Aylward, président national de l’AFPC. « Ces ententes de principe représentent des gains considérables pour nos membres et fixent la barre pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs au pays. »

Les ententes témoignent du travail acharné et du dévouement des membres de l’AFPC, qui ont tenu bon pour obtenir des salaires équitables et de meilleures conditions de travail.

Des salaires qui réduisent l’écart causé par l’inflation

L’AFPC a décroché des augmentations de salaire dont le cumul atteint 12,6 %. Rétroactives à 2021, elles doivent s’échelonner jusqu’en 2024. L’AFPC a d’ailleurs fait prolonger les ententes d’un an pour protéger les membres de l’inflation. Elle a également négocié un montant forfaitaire unique de 2500 $ ouvrant droit à pension, qui représente une hausse supplémentaire de 3,7 % pour le membre moyen des unités de négociation relevant du Conseil du Trésor [le cabinet gouvernemental responsable des employé·e·s de l’État, ndlr]

Pour les membres approchant de la retraite, ce montant accroîtra le salaire moyen de leurs cinq meilleures années de salaire, ce qui augmentera leurs prestations de retraite.  

En votant massivement en faveur de la grève et en participant activement aux piquets de grève, les membres ont réussi à faire bonifier l’offre salariale de l’employeur.

Droit au télétravail

Les membres de l’AFPC bénéficieront de meilleures protections lors de leurs demandes de télétravail. L’AFPC a également négocié une lettre d’entente selon laquelle les gestionnaires doivent évaluer les demandes de télétravail individuellement, et non par groupe, et y répondre par écrit. Les membres et le syndicat pourront ainsi s’assurer que l’employeur traite chaque demande de manière juste et équitable.

Lors des négociations, il a également été convenu de créer un comité mixte qui examinera les formations actuelles portant sur l’équité en matière d’emploi, la diversité et l’inclusion, et qui s’assurera que le personnel est au courant des formations qu’il est possible de suivre pendant ses heures de travail.

Un nouveau congé payé pour le personnel autochtone lui permettant de participer à des activités autochtones traditionnelles, notamment la chasse, la pêche et la récolte a été instauré. Ainsi, le gouvernement attirera et retiendra plus de travailleuses et travailleurs autochtones, tout en reconnaissant leurs expériences.

Protection contre la sous-traitance

On sait que le recours à la privatisation et la sous-traitance coûte plus cher, multiplie les risques et réduit la qualité des services offerts à la population. L’AFPC a donc négocié des protections qui garantiront à ses membres de ne pas perdre leur emploi s’ils peuvent accomplir les tâches d’un sous-traitant travaillant pour le gouvernement. Ces nouvelles dispositions protégeront les emplois dans la fonction publique et réduiront le recours à la sous-traitance.

Le gouvernement s’est également engagé à mener des consultations sur les enjeux de la sous-traitance dans la fonction publique fédérale. L’AFPC et l’employeur ont également convenu de soumettre une proposition conjointe à la Commission de la fonction publique afin de tenir compte de l’ancienneté dans les cas de réaménagement des effectifs.

La version intégrale des ententes, y compris les nouveaux libellés, a été traduite, puis publiée pour les différents secteurs. Les membres de l’AFPC seront ensuite conviés à un vote de ratification en ligne. Les détails du vote seront communiqués dès que possible.

Alliance de la Fonction Publique du Canada, adapté par la rédaction