Palestine
Une censure clairement politique
Se soumettant à la pression d’organisations sionistes, le Conseil administratif de la Ville de Genève interdit l’exposition d’affiches de l’artiste militant suisse Marc Rudin (1945 – 2023). Accueillie par le Cercle du Mail, local n’appartenant pas à la Ville de Genève, l’exposition va enfin pouvoir être visitée par un public que l’on espère nombreux.
Du 25 au 27 mai derniers, dans le cadre des 75 ans de la Nakba, nous avions organisé, avec Samidoun, une exposition d’affiches de Marc Rudin à l’Almacén. Ce dernier est décédé le 7 avril dernier et nous souhaitions, à l’occasion de notre exposition, rendre hommage à sa personne, son œuvre et à sa lutte.
Il était un artiste suisse et un militant internationaliste qui a rejoint la résistance palestinienne en 1977, après des années de militantisme en Europe. La série d’affiches que nous voulions exposer a été réalisée lors de cette période vécue auprès du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Ses œuvres sont connues internationalement et sont emblématiques de toute une période historique de la résistance au colonialisme israélien. L’exposition devait être accompagnée d’une discussion portant sur le soutien à la résistance et de la projection du film Fedayin, le combat de Georges Abdallah.
Deux jours avant le vernissage, nous apprenions l’interdiction de notre exposition par la Ville de Genève. L’interdiction, qui vient d’un Conseil administratif rose-vert, ne nous surprend pas ; nous ne savons que trop bien que les sociaux-démocrates sont des girouettes politiques.
Ils révèlent, une fois encore, l’étendue de leurs contradictions et de leur hypocrisie : leur solidarité avec le peuple palestinien n’est qu’une manœuvre électorale qui s’évanouit à la moindre pression sioniste. Car en effet, bien qu’elle cherche aujourd’hui à s’en cacher, la Ville de Genève a choisi de se soumettre aux pressions d’organisations sionistes israéliennes, lesquelles sont allées jusqu’à alerter le DFAE.
Or, la censure dont a été frappée notre exposition n’est pas un acte isolé. Il s’inscrit dans une dynamique européenne de répression des mouvements et organisations qui soutiennent la résistance palestinienne. En Allemagne, plusieurs manifestations de commémoration de la Nakba ont été interdites ou attaquées par la police, et plusieurs cadres de Samidoun ne sont plus autorisés à pénétrer dans l’espace Schengen. La perspective d’un retour d’une solidarité forte avec la Palestine et ancrée à gauche fait peur.
Dans ce contexte, la gauche doit à son tour défendre une position claire face au colonialisme israélien. Israël est un état colonial qui sert et se sert de l’impérialisme occidental. Le droit inaliénable des Palestinien·ne·s à la résistance doit par conséquent être soutenu, quelle que soit la forme que celle-ci doit prendre. Nous devons défendre la lutte pour une Palestine progressiste et libre, de la mer au Jourdain !