En lutte encore et toujours contre les feminicides
Le 31 mai dernier, le collectif de la Grève Féministe Vaud organisait au pied levé un rassemblement contre les violences sexistes suite aux deux féminicides perpétrés à quelques jours d’intervalle dans le Canton de Vaud. Quelque 200 personnes se sont réunies en solidarité avec les victimes et leurs proches et pour dénoncer le manque de moyens à disposition pour lutter contre ce fléau.
Pour rappel, en Suisse, toutes les deux semaines, une femme meurt sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Ce chiffre reste stable depuis des années alors que le taux des autres homicides est en baisse tendancielle. Si le canton de Vaud s’est doté d’une loi spécifique sur les violences domestiques et d’un plan d’action dédié, ces dispositifs restent largement insuffisants. Les places d’accueil d’urgence manquent cruellement. Une ligne téléphonique disponible 24h/24h est bien prévue par les autorités…mais pas avant 2025 !
La situation est encore plus dramatique au niveau fédéral. Le Conseil fédéral se dit satisfait des engagements pris depuis la ratification de la Convention d’Istanbul par la Suisse en 2013. Il n’y a pourtant pas de quoi se vanter. Le rapport alternatif de la société civile sur la mise en œuvre de la CI met en évidence des manquements inacceptables.
Se dédouanant derrière le fédéralisme, le CF délègue sa compétence aux cantons avec comme conséquence une disparité intercantonale tant en termes législatifs qu’en termes de moyens. Quand ceux-ci existent, ils restent inadaptés pour un grand nombre de personnes particulièrement touchées par les violences comme les personnes migrantes, queers ou en situations de handicap. A ce jour, il n’existe pas d’observatoire national des violences sexistes, sexuelles (VSS) et intra-familiales. Les données sur les VSS subies par les personnes trans sont inexistantes. Seul un ridicule budget de 3 millions est alloué au niveau fédéral pour la lutte contre les VSS.
Plus généralement, l’unique focale mobilisée, celle des violences domestiques, ne permet pas d’englober la dimension transversale des violences patriarcales, notamment au sein des institutions étatiques ; comme la justice, la police, la prison ou l’hôpital. Rappelons que le CF s’est prononcé contre l’abrogation de l’utilisation du terme « meurtre passionnel » dans le Code pénal.
La dénonciation des féminicides et des violences faites aux femmes et aux personnes dissidentes du système sexe-genre sont au cœur des mouvements féministes à travers le monde. Les rapports de forces issus de ces mobilisations de masse ont permis de faire bouger les lignes, notamment en Espagne avec la mise en place d’un plan national contre les VSS qui a fait ses preuves. En Suisse et partout ailleurs, continuons à nous mobiliser, la lutte paiera !
Gaara