Les électeurs·ices se prononceront sur le droit de vote des personnes «étrangères»

Le 11 août 2023 s’est achevée la première campagne dans le canton de Vaud du mouvement Ag!ssons. Alors que celui-ci prétendait mettre en marche une «révolution démocratique verte» par le lancement de quatre initiatives populaires cantonales, avec un «objectif minimal» de 60 000 signatures récoltées, la campagne n’a vu qu’une seule initiative sur quatre obtenir les signatures nécessaires pour être soumise au vote populaire.

 

Des militants d'Ag!ssons devant l'administration cantonale vaudoise
Dépôt des signatures. 1er septembre 2023

Un peu plus de quinze millie de signatures. C’est ce qu’Ag!ssons a réussi à récolter en l’espace de quatre mois. La quasi-totalité des signatures récoltées l’ont été pour l’initiative «Pour des droits politiques pour celles et ceux qui vivent ici», Ag!ssons abandonnant à mi-campagne la récolte pour ses autres initiatives.

Une démarche en solitaire

Comment expliquer un tel résultat ? Si la difficulté de faire récolter 60 000 signatures à une cinquantaine de bénévoles est une première réponse, faire signer à des citoyens plusieurs initiatives simultanément ne s’est pas révélé être une stratégie probante, cumulé à un lancement d’initiatives sans consultation d’autres organisations susceptibles d’être intéressées par les thématiques proposées, le tout en marge de l’initiative pour un salaire minimum, lancée par une large coalition de gauche. 

Ag!ssons a cherché à «imposer ses thèmes à l’agenda politique», d’où une campagne de récolte de signatures où le mouvement n’a pas cherché à impliquer groupes syndicaux, partis politiques ou même associations de personnes «étrangères», que ce soit sur le contenu du texte, la composition du comité ou la stratégie de campagne, informant certaines associations le jour même du lancement de l’initiative en faisant fi de l’agenda politique de chaque organisation. Une situation qui a conduit à la mise «en danger » de l’initiative».

.

Préparer une campagne unitaire

L’idée d’accorder des droits politiques aux personnes «étrangères» n’est pas nouvelle dans le canton de Vaud et solidaritéS participe à la promotion de ce thème depuis des décennies: en 1992 et en 2011 déjà, la population vaudoise s’était exprimée sur des initiatives similaires. 

Soutenues par les partis de gauche, les Vert·e·s, les syndicats et les associations de personnes « étrangères », ces initiatives ont été massivement rejetées par la population vaudoise à près de 74% et 69%. À titre de comparaison, l’initiative de 2011 avait reçu 43% d’approbation à Lausanne, tandis que quelques mois plus tard, le PS, les Vert·e·s et La Gauche [coalition solidaritéS-POP, ndlr] avaient obtenu, à eux trois à Lausanne, 59,5% des voix pour l’élection au Grand conseil en mars 2012. 

Le lancement unitaire d’une telle initiative ne signifie pas automatiquement la possibilité d’obtenir une majorité, mais il en est certainement la précondition. Pour éviter un échec dans la votation qui viendra, il est impératif que les forces politiques, syndicales et associatives qui sont d’accord avec cette proposition s’en saisissent et mettent en œuvre une véritable campagne unitaire. Faute de quoi, le résultat de la votation risque d’être négatif et l’extension des droits politiques sera enterrée à nouveau pour de nombreuses années.

William Thibaut

Note: cet article a été modifié après sa publication car il contenait quelques erreurs factuelles.