Palestine

Histoire d’un ethnocide

Petit rappel de la politique de colonisation de la région.

Affiche contre la colonisation israélienne, 1970
« Nous devons tout faire pour assurer qu’ils ne reviennent jamais », citation de Ben Gourion (Premier ministre israélien de 1948 à 1963) sur une affiche de l’OLP, 1970

À la fin du 19e siècle, la Palestine constituait une province du vaste Empire ottoman, qui comptait environ 350 000 personnes de langue arabe. Largement majoritaires, les musulman·ne·s vivaient en très bonne entente avec les minorités religieuses constituées de juif·ve·s et de chrétien·ne·s, essentiellement concentrées à Jérusalem. 

Cet équilibre traditionnel fut remis en cause par la montée en Europe de l’antisémitisme. À l’appel d’un petit groupe de nationalistes, des dizaines de milliers de juif·ve·s s’installèrent à Sion, autrement dit à Jérusalem. Iels bénéficiaient alors de la sympathie des puissances européennes, en particulier de l’Angleterre qui s’était vue reconnaître en 1920 un protectorat sur la Palestine.

Dans les années d’après-guerre, le développement en Europe de régimes antisémites suscita une nouvelle vague d’émigration en Palestine. En 1939, les juif·ve·s représentaient environ 30% de la population palestinienne. D’origine européenne, ces émigré·e·s disposaient de richesses qui leur permirent d’accaparer les terres appartenant jusqu’ici aux populations arabes. Dès 1929, ces dernières menèrent des pogroms antijuifs. En 1935, une révolte générale éclata. En difficulté, les Anglais réprimèrent férocement la révolte arabe, tout en essayant en vain de limiter l’émigration juive.

La Nakba

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les milices juives multiplièrent les attentats contre les Anglais et les Arabes. En 1947, les Britanniques annoncèrent mettre un terme à leur domination en Palestine. L’ONU décida alors de partager la Palestine en deux États, l’un pour les Juifs, l’autre pour les Arabes, tandis que Jérusalem se voyait dotée d’un statut international. 

Ce plan, qui dépossédait les Arabes de plus de la moitié de la Palestine suscita, leur colère : les agressions et les massacres se multiplièrent, avant de dégénérer en une véritable guerre, au cours de laquelle les milices juives prirent le dessus. Elles expulsèrent une grande partie des populations arabes dans les territoires qu’elles occupaient, donnant ainsi naissance à la Nakba (la Catastrophe).

En 1949, le nouvel État d’Israël englobait 78 % de la Palestine historique. La grande majorité de la population arabe avait été contrainte à l’exil tandis que leurs propriétés étaient confisquées et redistribuées à des émigrant·e·s juif·ve·s. Les rares terres palestiniennes restées sous le contrôle des Arabes furent envahies par les États voisins : la Cisjordanie, avec Jérusalem-Est, fut occupée par la Transjordanie, qui donna ainsi naissance à la Jordanie, tandis que la petite bande de Gaza était occupée par l’armée égyptienne.

À la conquête de la Palestine

En 1967, l’État d’Israël envahi la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza, s’emparant de toute la Palestine, et occupe aussi les étendues désertiques du Golan syrien et du Sinaï égyptien. L’ONU se refusa à reconnaître ces annexions et toute une série de résolutions ordonnèrent à Israël d’évacuer ces « territoires occupés » mais les États-Unis parvinrent à assurer l’impunité totale de l’État d’Israël, qui constituait un fidèle allié.

Ainsi protégé, le gouvernement israélien annexa Jérusalem-Est. Il créa aussi des colonies juives au sein des territoires arabes. La montée en puissance des mouvements de résistance palestinienne, regroupés dans l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), leurs actions, militaires et non-militaires, soutenues par la solidarité internationale, amenèrent les États-Unis à imposer une paix en Palestine, au lendemain de la guerre du Golfe. 

En 1993, les accords d’Oslo contraignirent Israël, en échange de sa reconnaissance par l’OLP, à accepter la future mise en place d’un État palestinien, autorisant dans l’immédiat l’OLP à administrer les villes de Gaza et de Jéricho et les territoires environnants.

Le projet criminel du «Grand Israël»

À partir de 2001, avec l’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon, les gouvernements israéliens travaillèrent ouvertement à la mise en place d’un «Grand Israël», autrement dit d’un État juif qui s’étendrait jusqu’au Jourdain. Limitant drastiquement les marges d’action de l’autorité palestinienne en Cisjordanie, l’État d’Israël y amplifia sa politique d’implantation de colonies juives et enferma les populations palestiniennes dans de petites enclaves séparées par de hauts murs. Cette politique trouva son apogée dans la bande de Gaza, que les Israélien·ne·s évacuèrent en 2005, pour enfermer la population dans ce vaste camp à ciel ouvert de seulement 360 km2.

L’attaque du 7 octobre 2023 permet au gouvernement d’extrême droite israélien d’effectuer un nouveau pas vers son projet de création d’un «Grand Israël», qui ne peut passer que par l’éradication physique, la subordination absolue ou encore l’enfermement des populations arabes de Palestine. Seule la résistance du peuple palestinien et le soutien que peuvent lui apporter tous les peuples du monde peuvent empêcher cette nouvelle étape annoncée de l’ethnocide palestinien.

Laurent Ripart
Coupes de la rédaction. Version complète sur le site de l’Anticapitaliste