Maroc
Au Maroc, plusieurs journalistes critiques libérés
Fin juillet, les journalistes Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine ont été libérés et graciés par le roi Mohammed VI à l’occasion de la fête du Trône. Les prisons marocaines restent toutefois remplies de prisonniers·ères politiques, notamment inculpés après le Hirak du Rif en 2016.
D’ autres personnalités ont aussi été graciées à cette occasion, à l’instar de l’historien Maâti Monjib qui avait déjà été libéré, ou les journalistes Hicham Mansouri, Samad Ait Aicha, Imad Stitou, Afaf Bernani. Ils·elles avaient été l’objet d’une vaste campagne internationale de soutien, laquelle s’inquiétait d’un recul démocratique très marqué.
Si cette décision constitue un soulagement – en premier lieu pour les personnes concernées et leurs proches – elle témoigne de la toute-puissance royale sur l’appareil judiciaire. La monarchie peut ainsi lancer des procédures pénales bâillon contre des journalistes et militant·es des droits humains dont les activités remettraient en question sa concentration des pouvoirs politiques et économiques. De même, l’incarcération des militant·es du Hirak du Rif ou des militant·es sahrahoui·es dévoile l’usage répressif de la justice.
Comme le constate la journaliste Rosa Moussaoui dans l’Humanité, cette décision ne doit pas laisser croire à une possible ouverture démocratique du régime. Au contraire, écrit-elle, «cette grâce pourrait bien tenir du ravalement de façade, à l’heure où l’Élysée reconnaît la souveraineté marocaine sur les territoires occupés du Sahara occidental».
Bien loin de fermer la page du verrouillage démocratique par le roi, cette grâce en constitue un nouvel épisode.
Anouk Essyad