Serbie
Les étudiant·es exigent le respect de la constitution
Depuis plusieurs semaines, des étudiant·es bloquent des facultés universitaires en Serbie pour faire pression sur les autorités judiciaires du pays afin de les forcer à travailler conformément à la Constitution et aux lois du pays. Une trentaine de facultés sont actuellement occupées dans plusieurs villes.

L e dimanche 12 janvier, les étudiant·es qui bloquaient les facultés se sont rassemblé·es devant la Cour constitutionnelle dans le centre de Belgrade, où iels ont été rejoint·es par des citoyen·nes.
Après avoir rendu hommage aux 15 personnes ayant perdu leur vie dans l’effondrement du auvent de la gare de Novi Sad en novembre 2024, les manifestant·es ont poursuivi avec un discours citant toutes les fois où la Constitution a été violée ces derniers mois par les institutions en place. Iels ont rappelé également la (ré)pression, tant physique que médiatique ou politique subie, à laquelle les autorités judiciaires n’ont pas réagi.
Fin décembre 2024, les étudiant·es manifestaient déjà devant le siège de la procureure en chef de la République de Serbie, Zagorka Dolovac. Iels exigeaient qu’elle ouvre une enquête approfondie sur la chute du auvent de la gare de Novi Sad, récemment reconstruite, et détermine la responsabilité pénale de ceux qui ont contribué à la tragédie.
Revendications
Avec le blocus des facultés de Belgrade, Novi Sad, Nis et Kragujevac, le mouvement d’occupation estudiantin exige la publication de tous les documents sur la reconstruction de la gare de Novi Sad ; l’abandon des charges contre les étudiant·es arrêté·es et détenu·es lors des manifestations ; le dépôt de poursuites pénales contre les agresseurs d’étudiant·es ; ainsi qu’une augmentation de 20 % de l’allocation pour l’éducation.
Alors que les autorités avancent que toutes les exigences ont été satisfaites, le mouvement affirme le contraire ; soulignant qu’il ne veut pas parler à des individus du gouvernement, même ceux appartenant à l’opposition, afin d’éviter toute tentative de manipulation et de récupération du mouvement, mais que seules les institutions en place sont compétentes pour répondre à leurs demandes.
L’origine du mouvement
La chute du auvent de la gare de Novi Sad a provoqué de grandes manifestations en Serbie avec la principale revendication que cette affaire soit examinée jusqu’au bout afin que tou·tes les responsables soient jugés.
Le 22 décembre 2024, des étudiant·es ont organisé une manifestation sur la place Slavija de Belgrade et devant le bureau de la procureure générale ; l’une des plus grandes manifestations de l’histoire du pays. Le mouvement actuel est par ailleurs d’ores et déjà considéré comme le plus grand mouvement social de l’histoire contemporaine serbe.
Après la manifestation, le bureau de la procureure a annoncé que des inculpations avaient été déposées contre un groupe de suspects pour des omissions dans la reconstruction de la gare de Novi Sad et que la publication de documents était en cours. Pour les étudiant·es, cela n’est pas suffisant puisque la documentation complète n’a pas été publiée, tandis que le reste de leurs revendications n’a toujours pas été satisfait.
Les étudiant·es de Novi Sad ont également manifesté devant les parlements provincial et municipal. Le samedi 11 janvier iels ont organisé un rassemblement devant les locaux de l’Agence d’information de sécurité (BIA) à Novi Sad. Iels ont dit être venu·es pour une « conversation amicale », en réaction à des allégations antérieures selon lesquelles des membres de la police secrète serbe avaient invité des étudiant·es et leurs parents à des entretiens.
Iels ont déclaré qu’iels interprétaient la décision de la BIA comme de l’intimidation et ont affirmé ne craindre personne, appelant la fonction publique à commencer à faire son travail.
Des rassemblements quotidiens se sont depuis poursuivis dans les villes de Serbie à 11 h 52, heure de la tragédie de Novi Sad, dans le cadre de l’action « Arrête-toi Serbie », pour rendre hommage aux victimes de la chute du auvent.
En plus du mouvement estudiantin, de nombreuses manifestations ont été organisées par les partis de l’opposition gouvernementale, de la société civile et collectifs militants divers, auxquelles se sont joints aussi des agriculteur·trices et des représentant·es d’autres corps de métiers.
L’opposition exige la démission du maire de Novi Sad, Milan Djuric, et du Premier ministre serbe, Milos Vucevic, président du Parti progressiste serbe (SNS) au pouvoir, ainsi que la détermination de la responsabilité pénale pour la chute du auvent.
L’un des principaux slogans de ces manifestations est « La corruption tue ». L’opposition estime que la corruption est répandue en Serbie dans divers projets, principalement dans les projets d’infrastructure qui ont conduit à la tragédie de Novi Sad.
Tamara Knezevic