Palestine
Victoire des occupations étudiantes
Après deux semaines d’occupation au printemps 2024 et des mois de mobilisation étudiante en solidarité avec le Palestine, la direction de l’Université de Lausanne vient de publier un rapport d’expert·es sur l’éthique de la recherche et les collaborations externes. Sa conclusion est sans appel: l’établissement doit suspendre ses accords institutionnels avec Israël. Cette victoire étudiante ouvre une brèche dans la ligne pro-israélienne des institutions suisses.

En mai dernier, le mouvement réclamait le boycott ou au moins le gel des accords, une demande appuyée par les instances internationales et soutenue par des ONG comme Amnesty International et Human Rights Watch. Huit mois plus tard, les mêmes arguments mènent aux mêmes conclusions.
Désormais, cette position devient officielle et crée un précédent pour les universités. Le rapport dévoilé ouvre la voie à toutes les hautes écoles et institutions cherchant à rendre leurs collaborations plus éthiques. Le message est clair: la liberté académique ne peut s’exercer au mépris des droits humains fondamentaux.
Il aura fallu plus de 45000 personnes tuées lors du premier génocide retransmis en direct auquel nous assistions pour convaincre de la légitimité des demandes du mouvement étudiant.
La leçon à retenir, c’est que seule la lutte paie: sans l’action des étudiant·es et le soutien des enseignant·es, jamais la direction de l’université n’aurait pris cette initiative.
Certes, la Direction temporise et le Conseil de l’Unil n’a pas encore appliqué le rapport, tandis que la situation en Palestine demeure dramatique. Le cessez-le-feu conclu le 15 janvier dernier n’empêche pas la violence meurtrière de se poursuivre. À Gaza, la famine, le froid et les épidémies continuent de tuer. Et maintenant Trump annonce carrément le nettoyage ethnique de Gaza…
Dans le même temps, la colonisation s’intensifie et se déchaîne en Cisjordanie: vol, destruction, assassinats. Plus de 20000 Palestinien·nes ont été déplacé·es de Jénine, 6000 de Tulkarem, avec 150 à 180 habitations détruites ou gravement endommagées. À Jénine, l’armée d’occupation reproduit le même schéma qu’à Gaza: bombardements et privation de biens essentiels sous un siège impitoyable.
Mais si la démarche de l’Unil est présentée comme institutionnelle, il s’agit bien d’une victoire du mouvement étudiant en solidarité avec le peuple palestinien. Réjouissons-nous des rares bonnes nouvelles, et surtout, retenons-en la leçon. Que cela nous serve de boussole face aux immenses craintes et incertitudes actuelles quant aux perspectives en Palestine. Renforçons notre solidarité internationaliste, apprenons de nos échecs, puisons de la force dans nos réussites. Des campagnes de boycott aux universités, en passant par les manifestations, chaque étape compte.
Restons uni·es. Nous avons un but: la libération du peuple palestinien. Nous avons des objectifs clairs: la fin de la colonisation, de l’apartheid et du blocus de Gaza; le droit au retour et à l’autodétermination du peuple palestinien. Mur après mur, pierre après pierre, nous mettrons fin à l’impunité de cet État criminel.
Vive la lutte des étudiant·es qui ont avancé là où les institutions suisses et universitaires ont failli. Vive la lutte du peuple palestinien. Elle ne fait que continuer.
Tarek Dabour Guillaume Matthey