Accord peu fructueux sur la biodiversité
Après un échec en novembre dernier, les gouvernements signataires de la COP16 Biodiversité ont trouvé un compromis fin février. Le timide financement obtenu et l’absence des États-Unis dessinent un bilan inquiétant.

La COP Biodiversité (Conférence des Parties (des gouvernements signataires de la Convention sur la Biodiversité Biologique)) est l’équivalent pour la biodiversité de la COP Climat, connue notamment à la suite de l’Accord obtenu lors de sa 21e session, à Paris en 2015. Les enjeux écologiques de ces négociations engagent des problématiques différentes, qui nécessitent des solutions et des dispositifs internationaux séparés. La COP Biodiversité concerne particulièrement les mesures pour la protection de la nature, des espèces et des services écosystémiques.
Prolongations nécessaires
La COP16 a eu lieu à Cali, en Colombie, en novembre 2024. Bien que plusieurs mesures aient été prises dans différentes thématiques, comme la prise en considération des populations indigènes dans le débat environnemental et sur les conditions d’exploitation des informations génétiques prélevées dans la nature, les gouvernements ne sont pas parvenus à un accord sur la répartition du financement de ces réglementations. À nouveau, les décideur·ses énoncent de belles paroles sans être prêt·es à y joindre le geste du financement. Un fidèle reflet de notre société occidentale capitaliste. Un fiasco au vu d’une nature ravagée qui ne peut pas attendre.
Afin de trouver un compromis, la conférence s’est rejouée à Rome, fin février. Ce n’est qu’après maintes discussions, lors du dernier jour, que les nations réunies ont acquiescé un plan de financement. Ce compromis mutuel adopte un plan de travail sur cinq ans qui doit débloquer 200 milliards pour stopper la destruction de la nature et soutenir les pays en développement dans cette lutte qui nous concerne tous·tes.
Des mesures insuffisantes
Cependant, ces financements restent bien trop minimes face à l’urgence écologique et le rythme alarmant de la perte de biodiversité. Les pays développés signataires ont déjà échoué à tenir leurs engagements pour 2025. Face à ces promesses non tenues, il est crucial de presser pour un financement moins timide et de rappeler qu’il s’agit d’un investissement à long terme: seule une nature en bonne santé maintient sa fonction d’assurance-vie.
Ces grands raouts sont-ils des instruments utiles pour renverser la tendance? S’ils sont nourris par des rapports scientifiques rigoureux, les gouvernements frileux profitent de leur déconnexion des mouvements sociaux pour rester dans l’inaction.
Une Suisse pas à la hauteur
La participation suisse a été grandement critiquée: en novembre, celle-ci n’a présenté aucun plan d’action concret lors de la conférence, alors qu’une telle proposition s’avérait obligatoire! La Suisse doit réellement améliorer ses mesures d’action en termes de biodiversité si elle souhaite atteindre les 23 objectifs communs de l’accord Kumming-Montréal, pris lors de la COP15 en 2022. Ce manque d’investissement est une honte pour un pays aussi riche que la Suisse.
Une Suisse comme gelée dans les études et les chiffres qu’elle fournit par sa recherche de qualité, mais incapable de soumettre des mesures concrètes qui risqueraient de froisser ses précieuses réserves financières et ses plans néolibéraux profitant aux plus riches. Cette indifférence écologique navrante se retrouve dans les attitudes d’Albert Rösti: opposé à l’initiative pour la biodiversité refusée en 2024, il avait préféré soutenir la construction de nouvelles autoroutes polluantes et meurtrières pour les écosystèmes.
Le désengagement des USA
Bien que les États-Unis n’aient jamais ratifié la convention sur la biodiversité, des délégations étaient régulièrement envoyées pour observer la conférence. Cependant, à la suite de l’élection de Trump, le pays est resté complétement étrangers aux débats. De quoi s’alarmer: l’influence politique et la contribution financière de la puissance étasunienne jouent un rôle majeur dans la lutte contre l’effondrement naturel.
Cette absence révèle le mouvement de fond d’attaque contre la nature. De nombreux pays connaissent actuellement un virage collectif vers une politique d’extrême droite dont le programme écologique consiste en la continuation consciente de la destruction de la nature afin de préserver les intérêts – à court terme – du capital…
Appel à une solidarité écosocialiste
Bien que bilan de la prolongation de la COP16 soit couronnée d’un accord financier entre les gouvernements, les maigres mesures qu’elle propose embarrassent et rappellent la nécessité d’un mouvement écosocialiste et anticapitaliste, pour souligner les priorités actuelles et, de manière générale, interroger notre ontologie au sein du monde vivant.
Zélie Stauffer