Cabale juridique Post G8: Olivier de Marcellus riposte
Cabale juridique Post G8: Olivier de Marcellus riposte
Le jeudi 6 mai, devant la Chambre daccusation de Genève, notre ami et militant altermondialiste genevois Olivier de Marcellus participait à une audience publique, dans le cadre de laffaire montée par la droite genevoise pour tenter de lui faire porter le chapeau de la casse du G8 et essayer de criminaliser les organisateurs de la grande manifestation de contestation de ce sommet des Bush, Blair et autres «maîtres du monde», tenu à Evian en juin dernier. Nous lui avons posé cinq questions au lendemain de cette audience.
Quelle était lobjet de cette audience?
Il sagissait de traiter dun recours que jai déposé contre la constitution des «parties civiles» dans cette affaire. Suite à une première dénonciation de lUDC, jai été inculpé en février pour «provocation de fonctionnaires à la désobéissance» en application de lart. 26 du Code pénal genevois, loi dexception votée en 1941 par un parlement «monocolore» de droite, suite à lexpulsion des communistes et de la majorité de socialistes ainsi que «dinstigation à dommages à la propriété, violation de domicile et émeutes.» Or le juge Esposito a immédiatement admis la constitution en parties civiles de certains commerçants, bien que ceux-ci naient fait état daucun dommages. Mon avocat, Jean-Pierre Garbade a introduit un recours contre cette procédure parfaitement irrégulière et il a été confirmé que nombre de ces soi-disant «lésés» nont en fait subi aucun dommage!
Mais alors, quelle est lobjet de leur plainte?
Sur la douzaine de commerçants des Rues-Basses mobilisés contre moi, onze nont subi aucun dégât matériel, les seuls coûts quils ont supportés et quils invoquent sont les frais des protections quils ont mis en uvre en se barricadant derrière leurs palissades ainsi et cest encore plus gros que les pertes de chiffre daffaires lié au G8. On passe de la sacro-sainte liberté du commerce, à la revendication dun droit au profit!
Et le douzième cas?
Il sagit dun des magasins dhabits Hennes et Moritz, qui a subi des dommages à hauteur, paraît-il, de 250000 Fr. Or ces dégâts ont été commis le samedi soir, le jour précédant la manifestation appelée et organisée par le Forum Social Lémanique, dans le cadre dincidents sans rapport aucun avec la manifestation. Sil y a des questions à se poser sur cette casse dans les Rues-Basses le samedi soir, elle portent notamment sur labsence dintervention de la police sous les ordres de Madame Spoerri, conseillère dEtat libérale. Or, lavocat de ce commerçant est le député libéral Christian Luscher, qui est intervenu au Grand Conseil pour faire interdire la manifestation du FSL et pour faire sanctionner les organisateurs après coup. Nayant pas eu gain de cause sur ce terrain, il tente de poursuivre son combat politique devant les tribunaux en alléguant que mes interventions, correspondant à la position du FSL, publiée jusque dans la Feuille dAvis Officielle, et appelant à des blocages pacifiques le dimanche, pourraient être interprétées comme ayant un rapport avec la casse du samedi soir! Ça ne tient pas debout et démontre une ignorance crasse de ce que les mots «désobéissance civile» veulent dire.
Alors à quoi jouent-ils?
Manifestement il sagit dentretenir un climat propice à ladoption du projet de loi liberticide de la droite genevoise qui vise de facto à supprimer le droit de manifester, notamment en rendant a priori les organisateurs-trices de manifestations responsables de tout dommage occasionné à loccasion ou en marge de la manifestation quils organisent. Le caractère «monté» de ces plaintes de commerçants est mis en évidence par le fait quils ont tous rempli un même formulaire pré-imprimé de «dénonciation», qui se contente de se référer à des motifs avancés en décembre par la Fédération Economique du Centre-Ville (FEC) à lappui de sa dénonciation me visant, mais visant aussi Eric Decarro, alors président national du Syndicat des Services Publics (SSP/Vpod) qui était avec moi dans le collimateur des libéraux au Grand Conseil.
Quelle a été la conclusion des débats de la Chambre daccusation?
La décision de la Chambre daccusation doit être rendue dici quelques jours, mais même le procureur général Zappelli a renoncé à plaider en faveur de la reconnaissance comme parties civiles des commerçants nayant subi que des prétendus «dommages indirects» sen remettant à lappréciation des juges sur cette question.
Entretien réalisé par la rédaction