Non à la casse des services publics
Le Conseil d’État vaudois a annoncé des mesures d’économies brutales, les plus importantes de ces vingt dernières années. Première victime de cette politique d’austérité, le secteur de la santé parapublique, de manière irresponsable, est saigné à blanc. De graves détériorations des conditions de travail et de la qualité des prestations sont à craindre. Mais la mobilisation s’organise.

Le Conseil d’État vaudois a annoncé des mesures d’«assainissement» lors de la présentation des comptes 2024. En invoquant le respect du «petit équilibre» budgétaire, 79 millions doivent être économisés sur le budget 2025, et un déficit de 369 millions est prévu pour 2026.
Pourtant, loin d’être à la peine, le Canton dispose d’une fortune de plus de 2 milliards et de dettes quasi nulles. Sur les 18 dernières années, les finances cantonales ont dégagé des excédents annuels moyens de 600 millions, soit près de 11 milliards accumulés. Le déficit actuel n’est donc pas conjoncturel mais est la conséquence directe d’une politique fiscale au profit des plus riches. Les baisses d’impôt successives des 12 dernières années ont réduit les recettes de 740 millions.
À ces cadeaux s’ajoutent les centaines de millions offerts aux contribuables les plus riches par la mauvaise application délibérée du bouclier fiscal (estimés entre 500 millions et plus d’un milliard).
De plus, en décembre 2024, le Grand Conseil a voté une nouvelle baisse de 7% de l’imposition des personnes physiques. Et en arrière-plan trône le spectre de l’initiative patronale dite des «12%», qui accentuerait encore ce démantèlement et provoquerait une nouvelle salve de coupes si elle devait être acceptée en 2026.
Le secteur de la santé sacrifié
L’État a choisi, de manière irresponsable en termes de santé publique, de faire pour première victime de l’austérité le secteur de la santé parapublique (hôpitaux régionaux, EMS et soins à domicile).
En juin, l’État a gelé les très modestes mesures de revalorisation des salaires et de conditions de travail obtenues pour le personnel.
En juillet, le gouvernement annonçait 20 millions d’économies dès 2026 pour les hôpitaux régionaux, mettant en péril le Pôle santé de la Vallée de Joux et du Pays d’En-Haut ou l’établissement de soins palliatifs de Riveneuve.
Ailleurs, des mesures drastiques seront prises: licenciements et restructuration annoncées avant même la présentation du budget par le Conseil d’État.
La mise en péril des hôpitaux régionaux est un pas de plus vers la privatisation du secteur de la santé et vers une médecine à deux vitesses dont l’accès devient de plus en plus inégalitaire en fonction des régions de notre canton.
Travailleuses précaires premières impactées
L’annonce des coupes en priorité dans le secteur de la santé parapublique est d’autant plus choquante qu’il s’agit d’un secteur très féminisé (90% du personnel), déjà marqué par des conditions de travail très précaires et des salaires trop bas, et traversé par une pénurie de personnel sans précédent. Selon l’OBSAN, Le canton de Vaud manquera d’ici 2030 de 2500 infirmier·es et de 500 soignant·es de degré secondaire.
Il est urgent de trouver des moyens de fidéliser le personnel en poste et d’améliorer les conditions salariales et de travail. Or, avec les mesures d’économie l’État fait exactement le contraire. Il démontre aussi une nouvelle fois que sa politique est discriminatoire, lui qui n’a jamais ouvert de négociations sur les revendications féministes déposées depuis 2019 par les syndicats.
Première mobilisation le 2 octobre
Face aux coupes, la résistance s’organise. La mobilisation du personnel de la santé parapublique en juin et une résolution du Grand Conseil, ironiquement portée par la députée UDC Céline Baux – qui est également dans le comité de l’initiative 12% – ont contraint l’exécutif à dégeler partiellement les revalorisations salariales, qui restent très insuffisantes.
Les populations locales se sont aussi fortement mobilisées pour défendre les Pôles de Santé de la Vallée de Joux et du Pays d’En-Haut, contester les mesures dont ils sont victimes et alerter sur le risque de déserts médicaux dans les zones reculées du canton.
C’est par la présentation du budget 2026 que l’on apprend que les coupes dans les hôpitaux régionaux passent finalement de 20 à 5 millions. Dans les EMS, EPSM et ESE, les subventions pour les prestations d’entretien et de frais généraux sont amputées de 14 millions, laissant craindre privatisations et baisse de qualité de l’hygiène dans ces structures. Des économies de 24 millions devront être réalisées au CHUV et de 5 millions dans le maintien à domicile.
Les syndicats dénoncent fermement le flou du Conseil d’État et son refus de communication au sujet de ces mesures.
Face à ce démantèlement, seule la mobilisation collective peut faire reculer le Conseil d’État. Les syndicats SSP, Sud et FSF appellent à une première grande manifestation le jeudi 2 octobre.
Catherine Friedli secrétaire syndicale SSP
Manifestation contre les coupes
jeudi 2 octobre 2025
18h Montbenon, Lausanne