Austérité

L’urgence de décloisonner les luttes

La résistance s’organise contre les plans d’austérité dans les cantons de Vaud et Fribourg. Mais la mobilisation doit s’élargir pour contrer les programmes d’allégement budgétaires prévus par le Conseil fédéral.

Des pancartes contre l'austérité
Des pancartes brandies lors de la journée de grève des employé·es du service public fribourgeois du 1er octobre 2025
SSP Fribourg

Le 2 octobre dernier, la fonction publique vaudoise descendait dans la rue à l’appel des syndicats pour protester contre le plan d’austérité budgétaire annoncé par le Conseil d’État vaudois. Forte de 15000 personnes, cette première étape de mobilisation réussie annonce la couleur pour les prochaines semaines avec des probables journées de grève à venir. Ces coupes massives sont aussi le résultat direct d’une politique d’austérité fédérale menée à bâtons rompus depuis Berne, appelant à un élargissement de nos perspectives de lutte. 

En septembre, le Conseil fédéral a soumis aux chambres un programme d’allégement budgétaire pour 2027, couplé d’annonce d’économies de 3 milliards minimum prévues pour 2028 et 2029. La moitié du volume d’allégements vise les cantons, qui ont carte blanche pour leur application. Or les spécificités cantonales, en termes de fiscalité, de financement et d’organisation du service public, et la disparité des rapports de force locaux constituent un frein à la construction d’un mouvement d’ampleur nationale contre l’austérité. 

La résistance est en train de se construire à Fribourg avec une première journée de grève le 1er octobre, ainsi qu’à Genève avec des mobilisations contre la hausse des taxes d’études. Dans ce sillon, une mobilisation large des travailleureuses de la fonction publique, à partir d’une coordination syndicale nationale serait souhaitable, mais ne semble pas d’actualité. 

La sauvegarde du service public concerne l’entièreté de la population et représente un enjeu de justice sociale à défendre absolument. La mobilisation des habitant·es de la Vallée de Joux contre la possible fermeture de leur centre de santé ou la victoire de l’initiative pour des soins infirmiers forts démontrent que la société civile est capable de se solidariser avec les travailleureuses de la fonction publique. 

Il s’agit d’aller mobiliser largement sur ces questions. Associations de patient·es, familles et proches d’enfants scolarisé·es en institutions spécialisées ou de personnes en EMS sont autant d’espaces à aller investir pour défendre un service public inclusif et accessible pour touxtes.

En plus d’attaquer les services publics, les coupes budgétaires du Conseil fédéral ont des conséquences désastreuses sur la politique environnementale de la Suisse. Rappelons-nous que sur les dernières années, deux mouvements sociaux d’ampleur ont secoué le pays. La Grève du climat qui a mis dans la rue des dizaines de milliers de personnes, participant à la politisation de milliers de jeunes tout en radicalisant les mots d’ordre et modes d’action des luttes écologistes. Ensuite, le mouvement massif de la Grève féministe, a su imposer la question du travail reproductif dans le débat public, avec au centre de ses revendications la défense du service public. 

Ces mouvements ont prouvé que les questions climatiques et féministes pouvaient mobiliser à l’échelle nationale, alliant militantexs, travailleureuses et syndicalistes. Les intégrer est un enjeux stratégique majeur pour quiconque vise à élargir le mouvement de luttes contre l’austérité. 

Gaara