Contre la peur, étendons la démocratie

Le 30 novembre les citoyen·nes vaudois·es se prononceront pour octroyer le droit de vote cantonal à toute personne établie depuis dix ans en Suisse. Un deuxième objet veut accorder leurs droits politiques aux personnes sous curatelle. 

Des membres de la coalition pour le droit de vote des étrangers au niveau cantonal
Action de lancement de la récolte de signatures pour l’initiative « Pour des droits politiques pour celles et ceux qui vivent ici », Lausanne, 13 avril 2023.

Lors de la votation du 28 septembre 2025, la peur a gagné. L’extrême droite et la droite ont réussi à faire douter en freinant un élan démocratique pourtant simple : permettre à celles et ceux qui vivent ici de voter, dans leur commune après cinq ans de résidence en Suisse et après deux ans dans le canton. Ceci au lieu des dix et trois ans actuellement exigés. 

Mais la bataille n’est pas terminée. Le 30 novembre, nous avons une nouvelle chance : dire oui à l’initiative populaire d’Agissons !, qui propose d’accorder les droits politiques cantonaux à toutes les personnes établies depuis au moins dix ans en Suisse et trois ans dans le canton de Vaud. Parce qu’une démocratie qui exclut un tiers de sa population n’est plus une démocratie, mais une illusion.

Brader la citoyenneté ? Non, la renforcer !

Nos adversaires parlent de « bradage » de la citoyenneté suisse. Quelle ironie ! La naturalisation est un parcours long, coûteux, souvent inaccessible pour des milliers de résident·es. Voter, ce n’est pas un privilège administratif : c’est un acte d’appartenance, un signe d’égalité. 

Il y a cinquante ans, on disait aux femmes qu’elles mettraient la démocratie en danger. Aujourd’hui, cet argument est recyclé contre les résident·es sans passeport suisse. Chaque élargissement du droit de vote a été combattu au nom de la peur ; chaque fois, il a rendu la démocratie plus forte.

L’UDC, le PLR et la Ligue Vaudoise agitent le mythe des « demi-citoyens », qui n’auraient pas accompli leur « devoir » : le sacré service militaire… La démocratie ne repose pas sur l’obéissance, mais sur la participation. Les personnes exclues paient leurs impôts, participent à l’as­su­rance-­chômage, financent les services publics. La vraie injustice, c’est de leur refuser un droit politique qu’elles méritent déjà. Donner la parole à celles et ceux qui vivent ici, c’est partager la responsabilité collective.

Une démocratie stable n’exclut pas.

Les adversaires parlent de stabilité. Mais une démocratie amputée d’un tiers de ses habitant·es est instable par nature. Quand des dizaines de milliers de personnes vivent ici sans voix politique, la confiance s’effrite, l’abstention s’installe, la société se fragmente. Inclure, c’est consolider. Donner une voix, c’est tisser du lien. La démocratie ne s’effondre pas parce qu’elle s’ouvre ; elle se fane quand elle se referme.

Les droits politiques cantonaux pour toutes et tous n’est pas un rêve : c’est la suite logique d’une histoire démocratique commencée il y a des siècles.

Votons et faisons voter oui le 30 novembre ! Parce que voter n’est pas un privilège, c’est un droit. Parce que la démocratie ne se divise pas : elle se partage.

L’équipe d’Agissons !

Accordons les droits politiques aux personnes sous curatelle

Le 30 novembre, celles et ceux qui en ont le droit voteront pour permettre aux Vaudois·exs établi·exs à l’étranger de se porter candidat·exs et voter pour leur représentant·exs, non plus seulement au Conseil national, mais également au Conseil de États. Le deuxième objet veut accorder leurs droits politiques aux personnes sous curatelle de portée générale en raison d’une incapacité durable de discernement. Si le premier objet fait consensus sur l’ensemble du spectre politique ce n’est pas le cas du deuxième.

L’argument déployé par la droite bourgeoise et réactionnaire (Ligue vaudoise, PLR et UDC) pour justifier l’exclusion d’une partie des personnes atteintes de troubles psychiques de leurs droits politiques ressemble en tout point à celui qui visait à exclure les femmes de ces même droits : incapables de discernement, leurs voix seraient captées par leurs époux, parents, ou curateur·ices. Nous affirmons au contraire, contre cette infantilisation et avec les personnes concernées, qu’elles peuvent pleinement participer à la vie démocratique.

Au fond, les objets du scrutins cantonal interrogent certains des critères qui fondent les droits démocratiques : la capacité, la nationalité et la territorialité.

Est-il plus légitime qu’une personne qui habite à l’étranger puisse se prononcer sur un scrutin concernant le canton de Vaud, alors que des personnes y vivant depuis de nombreuses années ne peuvent pas se prononcer ? Notre réponse à cette question est simple. Toute personne vivant sur un territoire donné, avec ou sans la nationalité et la capacité de discernement, ou habitant à l’étranger tout en étant Suisse doit pouvoir se prononcer sur des enjeux qui la concerne directement ou indirectement !

Térence Durig