Le plan Colombie utilisé contre le Venezuela
Le plan Colombie utilisé contre le Venezuela
Empêtrés jusquau cou en Irak, les Etats-Unis gardent pourtant un il attentif sur lAmérique latine. Ladministration Bush vient en effet de prendre des mesures pour renforcer le blocus contre Cuba et annonce un «plan de transition démocratique» dans ce pays. Autre cible annoncée: le Venezuela, où la déstabilisation du gouvernement bolivarien de Hugo Chavez reste à lordre du jour.
En septembre 2003, le député Luis Tascón («Movimento Quinta República» MVR) a dénoncé linfiltration des paramilitaires colombiens dans les provinces vénézuéliennes frontalières. «Le plan Colombie semble être une initiative andine, comme lappelle Bush. Autrement dit, une tête de pont qui nous concerne tous. ( ) Le plan Colombie nest pas destiné à la république de Colombie, mais cest un plan pour lex-Grande Colombie (cest-à-dire la Colombie, lEquateur, le Venezuela, le Panama, le Pérou et la Bolivie). ( ) Nous observons déjà la pénétration de groupes paramilitaires, qui nest pas le fruit du hasard. ( ) En fait, ils sont plutôt en train de créer les conditions nécessaires pour coloniser toute la frontière vénézuelienne».
Violence sans frontières
De nombreux assassinats de dirigeants politiques ont eu lieu dans cette zone: des dirigeants du MVR, ainsi que Jorge Nieves responsable du parti de gauche «Patria para todos» ont été tués, dautres ont disparu; le gouverneur de lEtat de Tachira, la députée Iris Varela et Luis Tascón sont sur la liste noire des paramilitaires.
A propos des paramilitaires, Luis Tascón déclarait: «Ce sont des Colombiens soutenus par des groupes vénézuéliens, mais fondamentalement ils sont dirigés et financés par des Colombiens et, bien sûr aussi, grâce aux fonds de certains milieux vénézuéliens, comme les associations déleveurs ASOGATA et FEDENAGA, ainsi que les éleveurs du sud du lac de Macaraïbo, avec la collaboration de certains militaires qui ont servi sur les théâtres dopération de cette zone, comme González Gonzázez, Medina Gómez et Ovidio Poggioli [NdR: militaires vénézuéliens opposants au gouvernement Chavez]».
A la fin mars 2004, le gouvernement bolivarien a dénoncé devant lOEA, preuves à lappui, limplication du gouvernement des Etats-Unis et dorganismes nord-américains dans le coup dEtat manqué du 11 avril 2002. Il a également décidé de retirer toute participation de larmée vénézuélienne à lEcole des Amériques dite «Ecole des assassins», pour avoir formé durant un demi-siècle, des centaines de milliers de militaires latino-américains à la doctrine de la «sécurité nationale», aux techniques du coup dEtat, de la torture et des disparitions.
Le 6 mai, lancien président vénézuélien Carlos Andrès Pérez destitué en mai 1993 pour corruption et impliqué dans le coup dEtat du 11 avril 2002 déclarait à une radio colombienne quil fallait renverser par la force lactuel gouvernement du Venezuela.
Le 8 mai, les forces de sécurité vénézuéliennes capturaient cinquante-cinq paramilitaires de nationalité colombienne dans une propriété du dirigeant de la «Coordination démocratique» (ndlr: coalition dopposition au gouvernement Chavez), une hacienda située dans lEtat de Miranda.
Les USA tirent les ficelles
Le 12 mai, le président Hugo Chavez a dénoncé lors dun discours pour linstallation du Conseil de défense de la nation un plan fomenté à partir de Miami et de la Colombie pour renverser son gouvernement: «Il faut non seulement déplorer latteinte à la souveraineté de notre pays, mais également lattitude anti-patriotique, complaisante et complice dun gros secteur de lopposition vénézuélienne, qui a formé, grâce à des connections à lintérieur et à lextérieur du pays, un réseau pour en finir avec les institutions nationales».
Des bandes paramilitaires agissant à partir dun pays voisin, une ingérence ouverte du gouvernement des USA et dinstitutions nord-américaines dans les affaires intérieures du Venezuela, une opposition intérieure, aux ordres des USA, ce scénario est bien connu Il présente une fâcheuse ressemblance avec la situation du Guatemala de Jacobo Arbenz, du Chili de lUnité populaire ou du Nicaragua sandiniste.
Il ne faut plus attendre! Comme nous avons commencé à le faire avec la résistance du peuple palestinien, nous devons mettre la solidarité internationale active avec la révolution bolivarienne à lordre du jour.
Hans Peter RENK
* Pour plus dinformation, consulter le site Rebelión www.rebelion.org/venezuela avec de nombreux liens avec des sites vénézueliens. Voir aussi le dossier Venezuala dEdouard Diago dans la revue Inprecor, no 483, de juillet 2003.