23 septembre: journée nationale d'action et de grève des services publics
23 septembre: journée nationale d’action et de grève des services publics
Partout dans le monde, les politiques néolibérales visent à affaiblir la prévoyance sociale et les services publics. Dun bout à lautre de la planète, les procédés mis en uvre sont rigoureusement les mêmes: réduction des prélèvement fiscaux sur le capital, la fortune et les hauts revenus; endettement de lEtat et libéralisation/privatisation des assurances sociales et des services publics. Au Sud, cela sappelle ajustement structurel ou, plus récemment, «Cadre sratégique de lutte contre la pauvreté» (CSLP), au Nord, rigueur, austérité, ouverture au marché, bonne gestion, New Public Management, etc.
Dans le monde entier, ces politiques débouchent sur des résultats identiques, quelles soient le fait de gouvernements néolibéraux purs et durs ou d«oppositions» sociales-libérales: précarité croissante du monde du travail, progression structurelle des inégalités (entre classes, nations, mais aussi entre femmes et hommes), mise en cause des libertés démocratiques, poussée de la xénophobie et du racisme, montée de la violence et de la guerre. En réalité, elles obéissent fondamentalement aux intérêts du capital globalisé, dans sa phase actuelle daccumulation à dominante financière.
Pour sopposer durablement et avec succès à une logique densemble dune telle puissance, la multiplication et la convergence des foyers de résistance est indispensable, comme la bien compris le mouvement altermondialiste. Ainsi, du 15 au 17 octobre prochain, le 3e Forum Social Européen se tiendra à Londres avec cette préoccupation centrale pour notre continent. Mais une telle prise de conscience, encore très insuffisante, ne conduira à lélaboration, à la mise en uvre et au succès dalternatives densemble, que si elle peut faire flèches de milliers dexpériences partielles à léchelon local ou national. Faute de quoi, les solutions sociales et politiques les plus régressives continueront à simposer sur le terrain, au détriment de la très large majorité des populations du globe, nourrissant certes la révolte ici et là, mais aussi, à terme, si lon ny prend garde, la résignation et labattement…
En Europe, précisément, où le développement certes insuffisant de la prévoyance sociale et des services publics constitue un acquis de civilisation, gagné de haute lutte par des centaines de millions de salariés, de retraités et dusagers, femmes et hommes, dans les décennies qui ont suivi la fin de la Seconde guerre mondiale, la mobilisation en défense de ce bien commun, mais aussi pour sa démocratisation et son extension, se situe demblée sur le terrain de lalternative. En effet, que signifie la garantie de prestations répondant à des besoins collectifs fondamentaux, indépendemment de leur rentabilité marchande? Que signifie la fourniture de services essentiels gratuits ou à prix réduits à des millions dusager-e-s, sans égard à leur solvabilité individuelle? Ils indiquent que le service public et la prévoyance sociale sinscrivent dans la logique de la satisfaction des besoins du plus grand nombre. Cest pourquoi leur aménagement et leur développement peuvent et doivent devenir lenjeu et le catalyseur dune démocratie participative vivante.
Dans ce sens, la journée dactions et de grève nationale du 23 septembre, pour la défense des salaires, des emplois et des prestations des services publics, à lappel du SSP-VPOD, qui a reçu le soutien de quatorze autres organisations syndicales, assume une importance capitale. Après le rejet spectaculaire du «paquet-cadeau fiscal» aux privilégiés et de la 11e révision de lAVS-AI, le 16 mai dernier, dans les urnes, la droite fédérale sapprête à nous repasser les mêmes plats, plus épicés encore, avec la collaboration zélée des autorités cantonales. Plus que jamais, voter ne suffit pas! Il faut aussi nous mobiliser sur les lieux de travail et descendre dans la rue pour exiger une autre politique.
Dans les cantons aussi, lopposition à la détérioration des conditions de travail de la fonction publique doit aller de pair avec la défense du financement solidaire des besoins sociaux fondamentaux. Cest une bataille syndicale et politique qui concerne lécrasante majorité de la population. Comme à Genève aujourdhui, dans le prolongement des grèves et des manifestations de ce printemps, elle vaut la peine dêtre menée avec détermination, dans la durée, au nom de de toutes et de tous, pour un projet de société qui en vaut la peine.
Jean BATOU