Genève: contre le budget 2005, élargir la résistance sociale
Genève: contre le budget 2005, élargir la résistance sociale
La Fonction publique genevoise fait face à une nouvelle attaque du Conseil dEtat. Le budget 2005 prévoit le gel de lensemble des mécanismes salariaux, à lexception dune adaptation partielle au coût de la vie (+ 0,75%) et il ne concède en tout et pour tout que 75 nouveaux postes à lInstruction Publique. Cest pire encore que le budget 2004, contre lequel les salarié-e-s étaient descendus massivement dans la rue en mai-juin dernier et avaient mené deux grèves consécutives.
Priorité à la lutte syndicale
Face à cette provocation, cautionnée de A à Z par les magistrats vert et socialistes, sous prétexte que la droite parlementaire pourrait encore faire pire, la mobilisation des salarié-e-s assume une importan
ce capitale. Cest pourquoi lAssemblée du personnel de la fonction publique du 7 octobre a décidé dappeler à une semaine daction et de grèves sectorielles du 8 au 12 novembre, qui débouchera sur une manifestation unitaire, le vendredi 12 novembre.
A lissue de cette semaine de lutte, une nouvelle assemblée du personnel est prévue, le jeudi 18 novembre, afin de discuter de lorganisation dune nouvelle grève, qui paraît dores et déjà indispensable.
Mobilisation des usagers
Le budget 2005 ne sen prend pas seulement aux salaires et aux conditions de travail de la fonction publique, ce qui va se traduire par une péjoration de la qualité des services. Il vise aussi les secteurs les plus fragilisés de la population. Ainsi, les handicapé-e-s devraient perdre une partie de leurs prestations complémentaires cantonales. Les chômeurs-euses seraient privés de six mois doccupations temporaires. Les bénéficiaires de lassistance verraient leur minimum actuel, déjà extrêmement bas, amputé de 21%!
Dans limmédiat, il faut donc soutenir les syndicats, les associations et les mouvements représentatifs de ces secteurs afin quils partent en guerre en mobilisant les victimes de ces mesures scandaleuses.
Référendums et lutte parlementaire
Sur le plan institutionnel, nous sommes favorables au lancement de référendums contre la péjoration du statut des handicapé-e-s et des chômeurs-euses, qui implique des modifications légales. En ce qui concerne les tarifs de lassistance, ils sont fixés par un règlement du Conseil dEtat. Nous sommes donc pour le lancement dune mobilisation populaire contre le bradage de lassistance; en même temps, nous allons proposer le dépôt dun projet de loi afin dinscrire les tarifs actuels dans la loi.
Quant aux mesures fiscales annoncées par le gouvernement, elles sont inacceptables dans leur principe, cest pourquoi nous nous y opposerons. Suspendre lindexation des barèmes fiscaux pour relancer la progression à froid revient en effet à taxer une partie des contribuables les plus défavorisés, aujourdhui épargnés, tandis que les très hauts revenus, qui ont déjà atteint le plafond du taux dimposition, ne seront pas touchés. Ensuite, déplacer sur les communes le financement dun tiers des contributions complémentaires AVS-AI, aujourdhui cantonales, revient à communaliser une partie du financement de la protection sociale, ce qui est gros de dangers pour lavenir. De toute façon, ces mesures ne sont quun écran de fumée pour feindre de vouloir augmenter les recettes. En réalité, la droite majoritaire laisse déjà entendre quelle ne les soutiendra pas
Les riches doivent payer plus
Pour renflouer les caisses publiques, nous défendons dabord la suspension par paliers de la réduction de 12% dimpôts, introduite dès 1999, à partir dun revenu imposable de 100000 francs (respectivement 130000 francs pour les couples); ensuite, lintroduction dun impôt supplémentaire sur la part des fortunes supérieure à 1,5 million. Ces deux mesures rapporteraient environ 250 millions de plus et devraient être maintenues tant que les comptes de fonctionnement sont déficitaires et que la dette dépasse les recettes annuelles de lEtat. Nous proposons le lancement rapide dune initiative populaire dans ce sens.
En conclusion, les salarié-e-s de la fonction publique ne sont pas seuls. Contre le budget 2005, leur lutte syndicale peut être largement comprise par les usager-e-s et les bénéficiaires des prestations sociales. Ceux-ci doivent être appelés à se mobiliser pour défendre leurs intérêts, formant ainsi un front social solidement «ficelé» contre le démantèlement des conditions de travail et des prestations. En même temps, les mobilisations sur les lieux de travail et dans la rue peuvent trouver un écho et un prolongement dans le lancement de batailles référendaires et dans une résistance parlementaire opiniâtre. SolidaritéS compte sengager dans cette confrontation importante.
Jean BATOU