Cellules souche: un débat indispensable

Cellules souche: un débat indispensable

Comme le remarque le Bulletin des médecins suisses: «Les technologies de pointe ne sont à disposition que d’une fraction infime de l’humanité (…) Plus de 2,5 milliards d’être humains n’ont pas accès à une eau potable propre, ce qui génère de graves problèmes de santé et une mortalité élevée. (…) La grande inégalité régnant dans la répartition globale des ressources médicales est un motif suffisant pour remettre fondamentalement en cause la légitimation éthique de l’usage scientifique des cellules souches» (n° 83 – 3, 2002).

Dans le domaine des greffes, on sait que le trafic d’organes a conduit aux pires abus, notamment dans le tiers-monde. Il est à craindre que le développement du clonage thérapeutique [autorisé en Angleterre, même si la nouvelle loi suisse l’exclut explicitement] suscite aussi un commerce d’ovocytes très lucratif, au détriment des femmes les plus pauvres du Sud.

Quels choix de santé publique?

Miser sur le développement de thérapies de pointe pour lutter contre l’infarctus ou le cancer, notamment grâce aux cellules souches embryonnaires, représente un choix de santé publique très discutable, tant les efforts de prévention en la matière semblent offrir des perspectives infiniment plus prometteuses. Du point de vue des interventions thérapeutiques cependant, le recours à des cellules souches pourrait se révéler à terme beaucoup moins onéreux que les transplantations d’organes (point de vue défendu par le prof. Noel González, pionnier des transplantations cardiaques à Cuba).

De gros profits en vue…

Sur le plan économique, les retombées de la recherche sur les cellules souches pourraient représenter un marché de plusieurs milliards de dollars à l’horizon 2010 (cf. Message du Conseil fédéral, p. 49). Pourtant, au stade de la recherche fondamentale, les firmes pharmaceutiques suisses défendent aujourd’hui l’importance des financements publics (cf. prise de position d’Interpharmaph). Au-delà, elles insistent pour garder le champ libre afin de breveter toute application commercialisable ultérieure. (jb)