Nouveau syndicat Unia: volonté de mobilisation?
Nouveau syndicat Unia: volonté de mobilisation?
15-16 octobre 2004: congrès de fondation du syndicat unia, par la fusion de la FTMH, du SIB et de la FCTA. Ce syndicat va recouvrir lessentiel de lindustrie privée en Suisse, à lexception de limprimerie. Restent en dehors de ce syndicat: les employés de lEtat et des ex-régies fédérales (poste, telecom, transport public). LUSS (union syndicale suisse) est lorganisation fédératrice des syndicats de tous les secteurs, Unia y sera largement majoritaire. Est-ce que cela posera des problèmes?
Unia cest 200 000 membres cotisants et un appareil important de secrétariats (une centaine), de permanents, de personnel administratif. Une direction très intimement liée au parti socialiste. Cest aussi une belle fortune!
Le 16 octobre, il sagissait dun congrès de ratification dun processus engagé depuis plusieurs années, il ne laissait place à aucune discussion puisquil sagissait daccepter un accord ficelé, longuement négocié entre les partenaires (statut, composition des directions, répartition des responsabilités, organisation, ).
Le seul moment de discussion, passionnée, a été en fin de congrès, une proposition de la région Tessin dannoncer le lancement immédiat dun référendum contre lextension des accords bilatéraux I aux nouveaux membres de lUnion Européenne (pays de lEurope de lest). La stratégie centrale des responsables syndicaux pour obtenir des mesures renforcées de contrôle du marché du travail, cest la menace dun référendum qui ferait capoter lédifice laborieusement élaboré entre la Suisse et lUE; la proposition de la section tessinoise, cest de passer à lacte immédiatement. Dans le débat du congrès, une minorité sest opposée à la méthode de jouer avec le référendum ou la menace de référendum, car cest désigner très directement les travailleurs immigrés comme responsables de ce qui va mal et cest renouer avec une pratique qui a été utilisée en permanence contre les travailleurs migrants: demander la fermeture des frontières dans lespoir de mieux contrôler le marché du travail. Ce quon récolte au bout du compte, cest la méfiance et la xénophobie et sûrement pas une amélioration de la vie du monde du travail.
Quest-ce qui va changer avec UNIA? Il y a assurément une volonté des dirigeants dêtre plus présent médiatiquement et politiquement, dans le but de négocier dans un meilleur rapport de forces et de recruter des membres. La manif du 30 octobre en est lillustration. Et il y aura dautres mobilisations du même type. Mais ce qui va être déterminant, cest la capacité du syndicat à négocier des conventions collectives de travail améliorant réellement la vie du monde du travail, dans une situation où la tendance du patronat, au niveau européen, est à la revanche, à la volonté de ré augmenter le temps de travail en limitât au minimum les augmentations de salaires.
La convention collective de la métallurgie a été reconduite lan passé pour deux ans, sans modification, car patrons et syndicats ne trouvaient pas de terrain daccord. Entre-temps les dirigeants patronaux jouent de la provoc en réclamant une semaine de travail de 42 heures! En 2005, UNIA se trouvera au pied du mur; elle devra prouver sa capacité à mobiliser les travailleurs malgré la paix du travail absolue ( la convention interdit de recourir à la grève) et à trouver un compromis qui lui permette de ne pas perdre la face. Toute mobilisation du monde du travail est positive, et si elle aboutit à des succès, elle renforce la confiance. Unia est aujourdhui un fait. Nous ne pouvons que souhaiter quil (ou quelle?) stimule une volonté de défense plus militante du monde du travail. Nous nous engagerons pour soutenir cette voie.
Henri VUILLOMENET