Une enfance marquée par l’arrivée d’Hitler au pouvoir et le Front populaire

Une enfance marquée par l’arrivée d’Hitler au pouvoir et le Front populaire

Née à Paris en 1925, d’un père d’origine russo-polonaise, naturalisé suisse en 1910, Aimée se souvient de son enfance: de sa mère apeurée à l’écoute des discours radiodiffusés d’Adolf Hitler; de son père, commerçant en textiles, l’emmenant écouter les discours du socialiste Léon Blum en 1936. Le Front populaire, les premiers «congés payés»! En gare de Lyon, son père la prend dans les bras pour lui montrer le départ des vacanciers euphoriques. Il prophétise: «C’est le début d’une nouvelle industrie!»

Un mois plus tard, en Espagne, Franco fait un coup d’Etat pour renverser la République. Le gouvernement français de front populaire laisse tomber les républicains espagnols, comme les autres pays «démocratiques». Les fascistes occupent une nouvelle case de l’échiquier européen. A qui le tour? La nuit va s’abattre sur l’Europe et le monde.

L’appartement familial voit défiler des réfugié-e-s du nazisme, mais aussi de la guerre d’Espagne. Un vent de panique souffle sur la famille d’Aimée.

Juin 1940, les nazis sont aux portes de Paris, la famille Stitelmann, d’origine juive, a 48 heures pour s’enfuir. Elle débarque à Lyon. C’est là qu’Aimée fait ses premiers pas dans la résistance en distribuant des tracts lors d’un concert du violoncelliste Pablo Casals: je ne me sentais pas juive, mais en guerre!

Le musicien catalan refusera à tout jamais de jouer en Espagne franquiste; lui aussi entre en résistance, elle durera jusqu’à sa mort, à Porto Rico, en 1973.

Ensuite, la famille d’Aimée vient s’établir à Genève. Son père est démobilisé pour des raisons médicales. En 1941, la police politique rédige sa première fiche: elle a expédié des fruits secs à un interné polonais!

L’objet le plus précieux de l’appartement d’Aimée et de Henri Stauffer-Stitelmann, date de ces années de guerre: une râpe à chou fabriquée en 1941 au camp de Gurs en France par un réfugié polonais qui disparaîtra en déportation…

Daniel KÜNZI