Budget de lutte des classes de Bush

Budget de lutte des classes de Bush

Dépassée la lutte de classes? Nous publions ici de larges extraits d’un commentaire de Paul Krugman, économiste de renom, paru le 12 février dans le New York Times sous le titre ci-dessus.

Il pourrait paraître aigre de décrire le président Bush comme un homme qui ôte le pain de la bouche des petits enfants pour distribuer le bénéfice de l’opération à ses amis millionnaires. Mais son dernier projet de budget c’est bien la guerre des classes en actes, par ceux d’en haut contre ceux d’en bas. […]

Les faits d’abord: le projet de budget ôte réellement le pain de la bouche d’enfants en bas âge. L’une des coupes proposées durcirait les conditions d’accès aux tickets de nourriture pour les familles de travailleurs-euses avec enfants, privant d’aide environ 300 000 personnes. Une autre mesure vise à supprimer des allocations pour 300 000 enfants, encore une fois dans des familles ouvrières à bas revenu.

Et, en même temps qu’il punit les nécessiteux-ses, ce budget distribue vraiment des largesses aux millionnaires. Le Centre pour les priorités politiques et budgétaires nous informe qu’en même temps que l’administration exige des coupes dans les dépenses, il éliminera des dispositions fiscales peu connues, mises en place à l’origine sous le premier président Bush, et qui limitent les déductions et exemptions fiscales pour les ménages à haut revenu.

Plus de la moitié des bénéfices de ces discrets cadeaux fiscaux iraient à des gens avec des revenus annuels supérieurs au million de dollars et 97% de ceux-ci seraient distribués à des gens avec plus de 200000 dollars de revenu.

Il se trouve que le nombre de contribuables avec plus d’un million de revenu annuel correspond à celui de ceux qui verraient leur aide alimentaire supprimée avec le projet de Bush. Mais ça coûte bien plus de faire un cadeau à un millionnaire que de mettre de la nourriture sur la table d’une famille à bas revenu: l’élimination des déductions et exemptions donnerait à chacun des contribuables dont le revenu est supérieur à un million, une moyenne de 19000 dollars.

Et c’est comme ça tout du long. D’un côté le budget prévoit des coupes qui représentent de la petite monnaie en comparaison du déficit budgétaire, mais qui seront délétères pour des centaines de milliers parmi les Américains-es les plus vulnérables. De l’autre, il conduit à couler dans le bronze les cadeaux fiscaux faits aux plus riches et d’en rajouter sous forme de comptes exempts de taxe et de nouvelles déductions fiscales.