8 mars 2005: femmes en campagne pour l'humanité

8 mars 2005: femmes en campagne pour l’humanité

Comme cela avait été décidé le 10 décembre dernier au Rwanda, un des pays les plus meurtris de la planète: ce 8 mars 2005 la Marche Mondiale des Femmes lance à travers le monde la Charte mondiale des femmes pour l’humanité (voir solidaritéS, n° 61). Ce très beau texte qui parle d’égalité, de liberté, de solidarité, de justice et de paix sera transporté dans cinquante-trois pays, en partant du Brésil, pays d’espoir où se sont tenus les Forums sociaux mondiaux.

Son message politique est clair: «Nous, les femmes du monde entier, marchons depuis longtemps pour dénoncer et exiger la fin de l’oppression des femmes…Nous identifions le patriarcat comme le système d’oppression des femmes et le capitalisme comme le système d’exploitation d’une immense majorité de femmes et d’hommes par une minorité. Ces systèmes se renforcent mutuellement. Ils s’enracinent et se conjuguent avec le racisme, le sexisme, la misogynie, la xénophobie, l’homophobie, le colonialisme, l’impérialisme, l’esclavagisme, le travail forcé. Ils font le lit des fondamentalismes et intégrismes qui empêchent les femmes et les hommes d’être libres. Ils génèrent la pauvreté et l’exclusion, violent les droits des êtres humains, particulièrement ceux des femmes, et mettent l’humanité et la planète en péril.

Nous proposons de construire un autre monde où l’exploitation, l’oppression, l’intolérance et les exclusions n’existent plus, où l’intégrité, la diversité, les droits et libertés de toutes et de tous sont respectés.» (voir l’intégralité du texte sur le site www.marche-mondiale.ch)

Cette Charte, référence pour toutes les femmes du monde, dénonce sans crainte de «victimisation», les discriminations effroyables qui règnent dans le monde et contre lesquelles toutes les femmes doivent lutter.

En Suisse, outre les manifestations du 8 mars, voir programmes en dernière page, les femmes engagées se mobiliseront autour d’une Caravane des femmes qui partira de Bâle, le 10 juin, pour aboutir à Genève le 14, avec une manifestation devant l’OMC. Le 17 octobre, pour les 24 heures de la solidarité féministe dans le monde entier, elles se mobiliseront particulièrement entre 13 et 14 h. De plus, durant toute cette période, une plateforme spécifique, inspirée de la Charte, sera discutée et distribuée aux différentes autorités, comme cela se fait dans chaque pays.

«Nous, les femmes qui vivons et travaillons en Suisse, l’un des pays les plus riches de la planète, nous voulons:

  • vivre sans peur
  • avoir les moyens de vivre dans la dignité
  • être libres (de voyager, de s’établir, de travailler ou de changer de travail, sans distinction de nationalité ou de statut familial ou légal)
  • réaliser l’égalité des droits
  • reconnaître les droits des personnes homosexuelles,
  • maintenir et améliorer les services publics,
  • vivre mieux (logements accessibles et de qualité, congés parentaux, équipements sociaux, etc.)
  • préserver la nature et le vivant,
  • promouvoir la paix et la coopération internationale.»

C’est de ce programme que s’inspire Lilith, la candidate virtuelle valaisanne (cf. p. 9). Sa candidature, née de la lassitude des femmes par rapport à leur exclusion politique donne aussi une nouvelle vie au féminisme en Valais. Elle se veut créative, impertinente, rigolarde et porteuse d’espoir d’une vraie prise de conscience.

En 2000, les revendications concrètes, avaient été transmises solennellement à l’ONU, au FMI, à la Banque mondiale et aux dirigeant-e-s des pays. Aucune réponse concrète n’a suivi…Mais les femmes n’ont pas désespéré, au contraire, le mouvement s’est renforcé, élargi et radicalisé. Les féministes présentes aux Forums sociaux se sont organisées pour faire entendre et répercuter leurs revendications spécifiques. En dépit des énormes difficultés rencontrées, elles peuvent célébrer un certain nombre d’avancées: en Espagne, le gouvernement a adopté une loi contre la violence à l’égard des femmes (voir les nuances apportées par les féministes espagnoles, p. 8) et aux dernières élections au Portugal, la gauche a gagné et la gauche anticapitaliste et féministe s’affirme avec 8 sièges, en parité parfaite. (p. 2).

Rappel: tous les hommes intelligents, conscients des enjeux du féminisme, sont les bienvenus dans les manifestations organisées par les femmes et peuvent parfaitement déclarer, après les femmes, «notre amour à ce monde, à sa diversité, à sa beauté».

Maryelle BUDRY