Elections au Portugal: grande victoire du Bloc de Gauche

Les élections portugaises de dimanche dernier ont débouché sur une débâcle sans précédent de la droite: -9,1% pour le PPD/PSD et –1,5% pour le CDS/PP (droite nationaliste). Le Parti socialiste, de son côté, regroupe 45% des voix (+4,9%) et remporte la majorité absolue des sièges du Parlement. Il n’y a malheureusement pas grand chose à attendre de son orientation actuelle, puisqu’il défend une politique sociale-libérale clairement alignée sur celle de ses congénères européens.

Mais la grande nouvelle de ce scrutin, c’est la victoire spectaculaire du Bloc de Gauche, membre avec solidaritéS de la Gauche anticapitaliste européenne. Notre journal a publié récemment un dossier sur la campagne du Bloc (cf. n° 60, disponible sur le site www.solidarites.ch). Ce dimanche, aux élections parlementaires, il a rassemblé 364’284 suffrages (6,4%) et gagné 5 nouveaux sièges, soit 8 en tout, dont 4 femmes! Le Bloc a ainsi fait un bon en avant (+ 3,6% des électeurs-trices), talonnant l’alliance du Parti communiste et des Verts, qui obtient 7,5% des voix (contre 7% il y a 4 ans).

A Lisbonne avec 8,8% des voix, le Bloc dispose désormais de quatre député-e-s, dont les sortants Francisco Louça et Luis Fazenda, auxquels s’ajoutent Ana Drago et Helena Pinto (responsable du mouvement des femmes UMAR¹). Il en obtient deux à Porto, le sortant João Teixeira Lopes et Alda Macedo, jusqu’ici élue municipale, ainsi que deux à Setúbal, Fernando Rosas et Mariana Aiveca. Une grande surprise pour le bloc dans cette ville où il a fait son plus grand score dépassant les 10% des suffrages! Enfin, dans deux villes, le Bloc est devenu la troisième force politique: à Faro et à Coimbra.

Pour Francisco Louça: «Le Bloc est la force qui a crû le plus dans ces élections. Il a contribué ainsi à la déroute profonde des droites et à l’ouverture d’un nouveau cycle politique». Il appelle le gouvernement à concentrer tous ses efforts pour lutter contre le chômage et l’exclusion sociale d’une part, et d’autre part, pour lancer un référendum populaire afin que les dispositions réactionnaires encore en vigueur sur l’avortement soient enfin abolies. (cf. Jornal de Noticias, 21 février).

Le Bloc de Gauche (BE) est une formation née en 1999. Elle est composée de trois forces politiques initiales: le Parti socialiste révolutionnaire (IV^e Internationale), l’Union démocratique populaire (marxiste-léniniste), et Politica XXI (une scission de gauche du Parti communiste portugais). Mais, et c’est ce qui fait son succès, la plus grande partie de ses 3000 membres (dont de nombreux-euses jeunes) ne font pas partie de ces trois formations.

Avec un profil à la fois radical et en prise avec l’actualité, ainsi qu’une présence soutenue dans les luttes sociales, féministes, anti-impérialistes et anti-guerre, le Bloc a su conquérir un espace politique notable, ainsi qu’un écho important dans la société portugaise et parmi des couches importantes de la jeunesse, des salarié-e-s et du monde culturel. Aux élections législatives de 2001, il avait obtenu 2 élus (2,8%) au Parlement national. Aux élections européennes du 13 juin dernier, il avait obtenu 1 élu (4,9%), sa tête de liste Miguel Portas.

Isabelle PACCAUD

1. Umar a été fondée en 1976 dans le but de promouvoir l’égalité des sexes et de défendre les droits des femmes. Elle tient un refuge pour les femmes victimes de violences et organise de nombreuses activités afin de soutenir les luttes féminines, notamment pour la décriminalisation de l’avortement.