A lire

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Coloniser, Exterminer.
Sur la guerre et l’Etat colonial

C’est contre le négationnisme colonial à la sauce française, que s’inscrit de manière remarquable cet ouvrage. De fait, le mythe d’une colonisation française généreuse et civilisatrice – envers et contre toute vérité historique – a la peau dure. Presque un demi-siècle après la fin de la guerre d’Algérie, les tueurs de l’OAS, qui ont supprimé à l’époque plusieurs milliers de personnes, et commis de nombreux attentats dans la colonie et la métropole, sont officiellement célébrés dans certaines communes françaises avec la complicité de membres du gouvernement1.

La toute récente et scandaleuse loi votée à l’Assemblée nationale, fin février 2005, portant sur la « reconnaissance de la nation et la contribution nationale en faveur des Français rapatriés», demande que «[les] programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit.2» Cette loi inclut aussi les études et recherches universitaires…

De la conquête coloniale de 1840-1847 à la guerre d’indépendance, qui s’est soldée par les accords d’Evian en 1962, la France a fait des centaines de milliers de morts, en grande partie des civils. Massacres qui ont conduit à une brutale dépopulation au terme de laquelle 900000 Algérien-ne-s ont disparu. L’auteur fait encore état des razzias, aussi meurtrières que régulières, et rappelle les milliers d’Algérien-ne-s torturé-e-s, ainsi que les spoliations de masse destinées à offrir aux colons les meilleures terres. Enfin, il démontre que les bases de la guerre totale ont été expérimentées une première fois dans les guerres coloniales et ont trouvé plus tard d’autres terrains d’exploitation. Ainsi, l’internement administratif, utilisé dans un premier temps seulement comme mesure d’exception contre les Algérien-ne-s, sera pratiqué, à la fin des années trente, contre les réfugié-e-s républicains espagnols et plus tard contre les communistes français et les Juifs étrangers.

Pour l’auteur, le «siècle des extrêmes» ne peut se comprendre sans prendre en compte les massacres des «races inférieures» perpétrés par les Européens d’Afrique et d’ailleurs: le «siècle de fer». C’est ce devoir de mémoire qui reste encore à honorer aujourd’hui, contre la volonté politique d’y déroger, aujourd’hui comme hier. (ip)

Olivier Le Cour Grandmaison, Coloniser, Exterminer. Sur la guerre et l’Etat colonial, Fayard

  1. Cf. Olivier le Cour Grand Maison, «Le Négationnisme colonial», Le Monde du 2 février 2005; «Les origines de la guerre totale sont peut-être à chercher en Afrique», interwiew d’Olivier Le Cour Grandmaison, Le Monde des Livres, février 2005.
  2. http://www.pressafrique.com/m215.html.

Les Tsunamis de la dette

L’annonce et les images du tsunami de décembre 2004 ont provoqué en nous une réaction empreinte à la fois d’infini respect pour les victimes, de solidarité pour les survivant-e-s meurtris et de colère devant l’absence de réponse à la hauteur de l’événement. Pour nous qui travaillons au quotidien sur la problématique de la dette, le lien avec ce qui se passait, bien qu’invisible, était évident. Dès lors, dans ce contexte, il nous fallait mettre en lumière tout un pan des enjeux internationaux, rendu flou par le déferlement d’une autre vague, politique et médiatique celle-là: les ressorts et les impératifs de la société du spectacle font trop souvent loi, privilégiant l’émotion, l’événementiel, le caritatif.

Donner à comprendre! C’est ce que nous avons tenté de faire dès les jours qui ont suivi le tsunami: braquer les projecteurs sur les enjeux, sur les logiques à l’oeuvre, sur les indispensables clés de compréhension du réel sans lesquelles il est illusoire de penser pouvoir prendre la mesure de la catastrophe – et en empêcher d’autres. Ce livre vient compléter l’ensemble des actions entreprises dans ce sens. Il aboutit à des conclusions bien différentes de celles de nombre d’acteurs et de commentateurs de cette crise.

Cet ouvrage reprend le fil des événements dramatiques, et présente ensuite le cadre général des politiques imposées par les créanciers aux pays endettés, en prenant des exemples principalement dans la région et en insistant sur leur lien avec les catastrophes naturelles.

Enfin, dans les trois derniers chapitres sont analysés et mis en perspective historique trois des principaux pays touchés par le tsunami: l’Indonésie, l’Inde et le Sri Lanka. Le livre comprend également des cartes géographiques, un glossaire et des fiches par pays qui facilitent la compréhension.

Damien Millet et Eric Toussaint, Les Tsunamis de la dette, éditions Syllepse

Contre la zone de libre échange des Amériques1

Pourquoi les accords néo-libéraux aux Amériques sont-ils soumis à des contestations? Comment ces mobilisations peuvent-elles ralentir le processus d’intégration néolibéral? Quels en sont les enjeux? Quelles sont les alternatives proposées? Quel est le jeu de l’Union européenne? En quoi ces mouvements et ces analyses concernent la lutte des peuples européens? Comment mettre en place des solidarités?

«Enfin un ouvrage qui révèle aux lecteurs francophones la voix de ces Latino-Américains qui déconstruisent les mythes du libre échange. L’ensemble des contributions ici réunies constitue une réponse argumentée aux prétentions des promoteurs de la Zone de libre échange des Amériques (ZLEA, ALCA en espagnol et en portugais).

Les analyses dans ce livre montrent que les enjeux de l’ALCA-ZLEA dépassent largement ceux d’un simple accord de libre échange. Dans l’esprit de ses promoteurs, l’ALCA-ZLEA doit servir de modèle, ayant valeur de paradigme, pour l’assignation des rôles dévolus aux dominants et aux dominés dans la mise en oeuvre du programme néolibéral. C’est pourquoi cet ouvrage, qui concerne les peuples des Amériques, nous concerne aussi.»2

Mobilisation des peuples contre la zone de libre échange des Amériques (ALCA-ZLEA), Editions CETIM3

  1. Ouvrage collectif avec les contributions originales d’une dizaine d’auteur-e-s latino-américains et européens, militants et chercheurs
  2. Extraits de la préface rédigée par Bernard Cassen, président d’honneur d’Attac France, et Denise Mendez, membre de la commission internationale d’Attac.
  3. CETIM – Centre Europe-Tiers Monde,
    rue Amat 6, 1202 Genève, Tél. 022 731 59 63, www.cetim.ch