L’Italie voit rouge: 13 mios de grévistes

L’Italie voit rouge: 13 mios de grévistes


Treize millions de personnes ont participé le 16 avril à la grève générale lancée par les trois confédérations syndicales italiennes, Cgil, Cisl, Uil et par l’ensemble des syndicats alternatifs.



Des centaines de milliers de gens ont participé le même jour aux multiples manifs régionales et locales, organisées par les syndicats mais aussi par les Forums Sociaux et mouvements contre la globalisation néolibérale. Cette première grève générale depuis 20 ans a vu une adhésion record qui, selon les syndicats, a atteint 90% des travailleurs/euses, confirmée aussi par les chiffres (60%), plus bas mais très importants, de la Confindustria patronale. Cette initiative, devenue urgente dans le climat italien de mobilisation sociale diffuse et «permanente», était apparue inévitable, même aux directions modérées des grandes confédérations, après la décision du gouvernement Berlusconi de poursuivre sa «réforme» ultralibérale du statut des travailleurs maintenant l’abolition du droit à être réembauché pour tout travailleur injustement licencié (art.18).

Une année de mobilisation permanente


A nouveau et de façon toujours plus significative, la société italienne montre sa vitalité et disponibilité à la mobilisation, avec une grève qui fait suite à une série impressionnante de manifestations et mouvements au cours de l’année, après les grandes journées de Gênes, en passant par l’opposition à la guerre, la mobilisation des étudiant-e-s contre la réforme de l’Education, les manifs antiracistes des immigré-e-s, le tout accompagné par une reprise constante des grèves et des luttes du monde de travail partout dans le pays.



C’est ainsi que la grève générale et la mobilisation la plus «classique» des travailleurs/euses pour défendre leurs propres droits a pu se lier, presque spontanément, au «mouvement des mouvements», organisé dans le Social Forum, qui déjà dans la grande manif de la Cgil du 23 mars avait mobilisé sur sa propre plateforme une participation importante.



Ce 16 avril encore, aux côté des travailleurs/euses et des syndicats, le «peuple no global» a été protagoniste de la journée de lutte, avec l’idée d’une «généralisation de la grève générale», une multiplicité d’initiative locales, comme les occupations des agences du travail intérimaire, des lycées ou des Unis, et une présence animée et «très jeune» dans les manifs syndicales.



Maintenant s’ouvre une nouvelle phase du mouvement qui doit savoir porter une initiative capable de rassembler et relancer la mobilisation sociale, notamment des travailleurs/euses, au delà même des incertitudes des directions syndicales, à nouveau disposées plutôt à rouvrir la négociation avec le gouvernement qu’à poursuivre et radicaliser la lutte sociale. Dans ce contexte se situe l’idée, lancée par la Fiom (Fédération des Métallos de la Cgil, marquée à gauche et déjà présente à Gênes dans le Social Forum) et reprise par Refondation Communiste sur le plan institutionnel, d’un référendum pour l’extension de l’art. 18 aux entreprises de moins de 15 employé-e-s.

Relancer l’offensive


Cette initiative, refusée par la direction de la Cgil et de DS, permettrait de donner immédiatement un outil permanent de participation aux milliers de personnes mobilisées jusqu’à présent, par une revendication non seulement défensive, contribuant au lien nécessaire entre le «vieux» et le nouveau mouvement ouvrier, de lutte contre la précarité et la flexibilité – particulièrement présente dans le mouvement «antiglobalisation» – ceci en ne laissant pas l’initiative aux seules mains de Cofferati, et en identifiant ainsi le secteur le plus radical du mouvement même.



Au niveau politique, la nécessité reste évidente de cons-truire un front commun de l’opposition au gouvernement de droite, notamment avec un obstructionnisme parlementaire commun des partis de gauche, selon la proposition avancée par Rifondazione Comunista, mais sans perdre l’idée que toute alternative passe par la rupture avec les politiques néoliberales et la guerre, à mesurer dans la réalité des luttes sociales, ceci même si pour l’instant les partis de l’Olivier n’y semblent pas bien disposés. La perspective, avancée par Bertinotti à la veille de la grève générale, de construction d’une gauche anticapitaliste européenne, ancrée dans les mouvements so-ciaux, comme seule alternative stable aux offensive de la droite, plus ou mois extrême, en partant aussi du prochain Forum Social Européen qui se tiendra à Florence en novembre, s’avère de plus en plus crédible dans ce cadre d’énorme effervescence sociale.



Flavia D’Angeli
Membre de la direction des Jeunesses Communistes Rifondazione Comunista