14 juin – 17 juin 2006...Mobilisons-nous pour l’égalité!

14 juin – 17 juin 2006…Mobilisons-nous pour l’égalité!

Cela fera quinze ans, jour pour jour, ce prochain 14 juin, qu’a eu lieu la «grève des femmes» à l’occasion de laquelle un demi-million d’entre-nous s’étaient mobilisées, dans toute la Suisse, pour revendiquer une véritable égalité entre femmes et hommes. C’était déjà alors un anniversaire, celui des dix ans de l’inscription de ce principe dans la constitution helvétique, un anniversaire pris comme date symbolique pour une mobilisation indispensable. En effet, ce principe élémentaire d’égalité, a été incorporé à la constitution il y a un quart de siècle seulement… et déjà.

Il y a 25 ans… seulement, signe du retard dans ce domaine de ce pays qui n’a reconnu le droit de vote des femmes qu’en 1971 et qui a mis plus de 50 ans à concrétiser une assurance-maternité minimale. Il y a 25 ans… déjà, parce qu’en regard des progrès réels insuffisants accomplis dans ce domaine, malgré l’adoption de la Loi sur l’égalité il y a dix ans, cette période est bien trop longue.

On le sait en effet, les inégalités restent criantes. En matière salariale notamment puisque les femmes gagnent toujours en moyenne 21% de moins que les hommes et que les tentatives d’«expliquer» cette inégalité par des facteurs liés à des parcours professionnels différents montrent que 60% de cette inégalité relève de la discrimination la plus «pure». Ceci sans même tenir compte de l’inégalité de valorisation des professions qui veut – dans le régime patriarcal dominant – que les professions «féminines» voient le travail effectué dans celles-ci être systématiquement dévalorisé par rapport à celles qui sont, traditionnellement, «masculines».

Ainsi, ce sont des milliards de francs par an que les employeurs suisses volent littéralement aux femmes de ce pays. Ceci dans un contexte où, depuis des années en Suisse, les conditions de vie de la grande majorité des femmes (et des hommes) se sont dégradées, mais où la flexibilisation et la précarisation des conditions de travail, les attaques aux assurances sociales et la remise en cause des services publics ont touché tout particulièrement les femmes.

Ainsi, il y aurait toutes les raisons pour que ce 14 juin soit un rendez-vous de mobilisation significatif des femmes (et des hommes) pour continuer le combat pour l’égalité, celle des salaires bien sûr, mais aussi pour avancer encore d’autres revendications comme celles d’une diminution du temps de travail pour toutes et tous qui contribue à remettre en cause le «partage» traditionnel des tâches entre hommes et femmes dans cette société…

Alors, ce 14 juin nous vous invitons toutes- tous à participer aux rendez vous de la «journée pour l’égalité salariale» organisée par le syndicat UNIA, dans cette «année de l’égalité salariale» décrétée par la conférence des femmes de l’USS l’an dernier. Mais posons-nous aussi, ce jour là, la question des chemins nécessaires pour arriver à une remobilisation sociale réelle sur le thème de l’égalité qui soit à la hauteur de celle de 1991. Car en effet, ce 14 juin, ce qui risque bien de dominer l’actualité ce n’est pas la mobilisation sociale, mais l’élection – incontestée – de la cheffe du PDC, Doris Leuthard, au Conseil fédéral en remplacement de Josef Deiss.

Certes, cette accession – pour la seconde fois – d’une deuxième femme au Conseil fédéral débouchera sur un état de fait un peu moins scandaleux que la situation actuelle. Elle ramènera la proportion des femmes au gouvernement à 28%, un niveau à peu près conforme à celui de la représentation des femmes au Conseil national, qui est de l’ordre de la moitié de ce qu’elle devrait être, alors qu’aux Etats c’est encore pire. Mais nos élu-e-s du groupe «A gauche toute!» s’abstiendront de voter pour Madame Leuthard, en effet le seul enjeu de cette élection à candidature unique, est l’ampleur du plébiscite de la représentante d’un parti qui est un des piliers de la politique gouvernementale de la droite patronale et néolibérale qui gouverne dans ce pays.

Le PDC participe en effet pleinement à cette politique gouvernementale, la quintessence de sa position «centriste», il l’a résumé de manière pertinente l’été dernier dans le titre de son papier de position, en faveur de l’extension du travail dominical: «Souple et libéral en semaine – modéré et social le dimanche!». Aujourd’hui, le PDC national milite en faveur de l’adoption des deux Lex Blocher, contre les étrangers et contre l’asile, que nous combattons de toutes nos forces. Il se vante d’avoir contribué de manière décisive à l’aboutissement de ces deux lois xénophobes, dont les femmes immigré-e-s et réfugié-e-s seront les premières à supporter les conséquences.

Dans cette situation, et à défaut d’une grande mobilisation nationale ce 14 juin, nous vous invitons – chacune et chacun – à participer ensemble, trois jours plus tard le samedi 17 juin à Berne, à ce qui doit être aussi une grande manifestation nationale… en faveur de l’égalité, la manif «La Suisse c’est nous!» qui s’inscrit pleinement dans un combat féministe de défense des droits fondamentaux de toutes et de tous, contre toutes les discriminations.

Marie-Eve TEJEDOR