Initiative de l’ARLE et contre-projet: 2 x NON à l'exclusion scolaire

Initiative de l’ARLE et contre-projet: 2 x NON à l’exclusion scolaire

Depuis trop longtemps à Genève, le débat public sur l’enseignement est largement dominé par des réponses simplistes: serrer la vis et renforcer la sélection en renonçant à défendre l’égalité des chances, la solidarité et l’esprit critique…

Nous avons réagi en participant au lancement de l’initiative populaire cantonale «S’organiser contre l’échec scolaire et garantir une formation pour tous les jeunes» pour éviter que les inégalités et l’exclusion ne gangrènent l’école. Le 24 juillet l’initiative a été déposée avec près de 12 000 signatures, dont plus d’un millier récoltées par solidaritéS, mais grâce surtout à un formidable effort du syndicat des enseignants primaires la SPG.

Il s’agit maintenant de nous battre gagner le vote du 24 septembre en disant 2 x NON à l’initiative de l’Association refaire l’école (Arle) et au contre-projet de la droite. Pour l’Arle, il faut en revenir à l’école primaire de grand-papa: cycles d’apprentissage d’un an, sanctionnés par des notes et débouchant sur le redoublement des élèves en difficulté. Pour le contre-projet, il faut même des notes à toutes les épreuves, des moyennes trimestrielles et un minimum de 4 en français et en math pour être promu; le redoublement est possible chaque année et automatique à la fin des cycles d’apprentissage de 2 ans, si la moyenne est insuffisante; les écoles sont aussi évaluées et mises en concurrence…

En plus de notre 2 x NON, nous recommandons de voter «blanc» à la question subsidiaire, soit le choix d’une «préférence» entre l’initiative de l’ARLE et son contre-projet: nous refusons ainsi de choisir entre deux maux et de légitimer l’un de ces textes inacceptables!

Nous publions ci-dessous une série d’arguments du collectif 2 x NON, on trouve d’autre matériaux notamment sur le site du manifeste «Former sans exclure»: www.manifeste2005.org.

NON, à une école figée dans la loi. Actuellement, les modalités d’évaluation sont fixées dans le règlement de l’enseignement primaire. Ce qui laisse la possibilité d’actualiser ces modalités selon l’évolution de la société. L’initiative 121 et le contre-projet veulent fixer définitivement dans la loi, la note seule, comme modalité d’évaluation.

NON, à une école qui réduit la connaissance à trois «savoirs de base»: écrire, lire et compter. Actuellement l’école apprend à écrire, lire, compter, argumenter, raisonner… Ecrire, lire et compter ne suffisent plus. Argumenter, raisonner donnent vraiment accès à la citoyenneté dans un monde de plus en plus complexe, ces compétences ne sont pas subsidiaires, elles sont nécessaires. Réduire l’école aux trois «savoirs de base», c’est écarter toutes dimensions culturelles pour ne fournir que quelques savoir-faire purement utilitaires. Acquérir des savoirs solides, le sens des responsabilités et de la solidarité sont les conditions d’une réelle égalité des chances qui donnent accès à l’autonomie, à la formation et à l’emploi.

NON, à une école sélective qui n’offre aucune solution aux élèves en échec. La seule solution proposée aux élèves en échec est le redoublement. Aucun autre moyen n’est mis en œuvre pour cerner leurs difficultés et tenter d’y remédier. C’est une mauvaise réponse aux carences scolaires en effet, il faut une réponse rapide aux échecs. Intervenir l’année d’après et répéter tout le cursus scolaire ne sert à rien. Actuellement, l’école propose des cycles de deux ans, qui permettent de mieux encadrer l’élève et de l’accompagner vers la promotion.

NON, à la moyenne comme unique modalité de promotion. Actuellement l’école propose des notes accompagnées d’un commentaire explicatif. La note seule n’est pas fiable, la note n’a rien d’objectif. Une moyenne ne différencie pas un élève qui progresse d’un élève qui régresse. La note transmet un message, et ce message n’est pas clair parce qu’il ne dit pas ce qu’il faut faire.

NON, à l’exclusion sociale d’enfants de moins de 12 ans. Par l’article 27C et D, le contre-projet exige la note 4 pour être promu et n’autorise le redoublement qu’une seule fois. Que fait-on des élèves qui ne sont pas promus et qui ont déjà redoublé une fois pendant le cursus primaire? Il s’agit en réalité de déscolariser de manière précoce, les jeunes dont on dira «qu’ils ne sont pas faits pour les études».

OUI, à une école qui renforce l’égalité des chances et lutte contre l’échec scolaire. Actuellement, l’école propose un système basé sur le travail en équipe des enseignants, favorise les liens parents-école et propose des cycles d’apprentissage de deux ans. Ce sont des moyens pédagogiques qui ont été institués pour renforcer l’égalité des chances et lutter contre l’échec scolaire comme la Loi sur l’Instruction Publique genevoise l’exige. L’initiative ARLE empêche l’instauration de cycles d’apprentissage de deux ans. C’est pourtant grâce à eux que l’on parvient à cerner les difficultés des élèves et à y remédier. De fait, les initiants ne veulent pas renforcer le principe démocratique de l’égalité des chances.

Henriette STEBLER


Affichage libre et gratuit : ça bouge!

Défense de la liberté d’afficher: le référendum a abouti! En quarante jours, au cœur des vacances d’été, les référendaires: milieux culturels emmenés par L’USINE, mais aussi solidaritéS et ContrAtom à hauteur de plus d’un millier de paraphes chacun, on fait le plein de signatures en en récoltant 8500… Nous reviendrons sur cette lutte.

De son côté, le Conseil d’Etat réduisait massivement le nombre d’emplacements d’affichage «officiels» pour les acteurs de la votation du 24 septembres. En effet tous, les syndicats, associations et comités engagés, ne se sont vus attribuer qu’environ la moitié des emplacements SGA gratuits auxquels la loi leur donne droit, ceci au motif de la simultanéité de l’élection à la Cour des comptes. Nous avons tiré la sonnette d’alarme et après un recours syndical (SSP, SIT, SPG), les autorités ont fait marche arrière à hauteur de 500 emplacements supplémentaires restitués!

Pierre VANEK