Atome contre réchauffement du climat: Mythes et Mensonges

Atome contre réchauffement du climat: Mythes et Mensonges



En France, les trois postulants du PS
pour l’élection présidentielle ont reçu un
courrier du Réseau «Sortir du nucléaire» leur
demandant de se prononcer sur le nucléaire en
général et, tout particulièrement, sur la
construction du nouveau réacteur nucléaire EPR,
prévu à Flamanville (Manche).

En annexe à ce courrier, le Réseau leur a fourni
un document qui conteste l’aptitude du nucléaire à
réduire, même partiellement, le réchauffement
climatique, à assurer une quelconque indépendance
énergétique, et à s’inscrire dans un projet
démocratique. Au moment où, en Suisse aussi, les
partisans de nouvelles centrales nucléaires s’agitent,
comme le Parti radical qui s’est prononcé dans sens,
c’est un document qui mérite d’être
diffusé.

On peut lire ici où là que le nucléaire serait une
option pour lutter contre le réchauffement climatique. Or
l’atome ne couvre que 2% de la consommation mondiale
d’énergie: une part si faible que le rapport
«Facteur 4», remis au gouvernement en octobre 2006, pointe
«l’apport finalement marginal du nucléaire»
dans la lutte contre l’effet de serre. (cf Le Monde, Editorial,
vendredi 13 octobre 2006).

Qui plus est, de l’aveu même de l’Agence
internationale de l’énergie, la part du nucléaire
est en déclin irréversible: la majorité des 440
réacteurs actuellement en fonction sur Terre fermera d’ici
2030 et les éventuels nouveaux réacteurs ne compenseront
pas les fermetures. Le réchauffement climatique est un vrai
problème, mais il est clair que ce n’est pas le
nucléaire qui le règlera, même partiellement.

Autre mythe: l’indépendance énergétique
apportée par le nucléaire est en réalité
très faible. En France, malgré 58 réacteurs,
l’atome couvre péniblement 17% de la consommation
énergétique. Certes, pour qui est conscient du risque
nucléaire, c’est 17% de trop mais, en fin de compte,
c’est une part très faible, trop faible pour changer la
donne: la France est, comme les autres pays, frappée par
l’explosion de la facture énergétique: + 24% en
2004, + 35% en 2005 et, au vu des 10 premiers mois, cela va être
encore pire pour 2006. Et il faut y ajouter la très lourde
facture nucléaire (déchets, démantèlement).

De plus, le 10 juillet 2006, le ministre de l’industrie
François Loos (pourtant totalement pronucléaire) a
annoncé que la part du nucléaire dans
l’électricité française tomberait de 80%
actuellement à 73% en 2015 (soit environ 15% de
l’énergie consommée contre 17% actuellement). Il
faut le dire et le redire: en France comme dans le monde, le
nucléaire est en déclin irrémédiable et ne
protègera personne du réchauffement climatique ni de la
montée du prix de l’énergie.

Autre fausse vertu du nucléaire: l’emploi. La
centralisation extrême des emplois dans les centrales
nucléaires donne une fausse impression de masse: à
production égale, les énergies renouvelables
créent 15 fois plus d’emplois. Par exemple, si l’EPR
est construit, il coûtera 3,5 milliards d’euros pour
créer… 300 emplois pérennes: une misère! Faites
le compte: 12 millions d’euros par emploi, une folie. De plus, la
sortie du nucléaire ne pousserait personne au chômage: le
temps de fermer 58 réacteurs, de les démanteler et de
s’occuper des déchets radioactifs, il reste du travail
pour… des millions d’années.

A l’inverse l’étude commandée en 2006 par le
Réseau Sortir du nucléaire au bureau d’étude
«Les 7 Vents du Cotentin» montre qu’avec la
même somme, il serait possible de produire ou
d’économiser deux fois plus d’énergie que
l’EPR, tout en créant 10 000 emplois
décentralisés sur tout le grand ouest.

Enfin, venons-en à la question démocratique. La plupart
des centrales nucléaires n’ont pu être construites
qu’avec l’intervention massive de compagnies de CRS. De
plus, par nature, le nucléaire est exclu du contrôle
citoyen: depuis 50 ans en France, les populations sont ainsi
privées de leurs droits et les associatifs sont
pourchassés (cf. dernièrement encore l’intervention
de la DST chez un porte-parole du Réseau «Sortir du
nucléaire»). Le nucléaire est incompatible avec un
projet démocratique.


Climat: catastrophe pour l’environnement ou pour l’économie?

Après le film d’Al Gore, c’est un économiste
social-libéral bon teint qui tire la sonnette d’alarme
à propos des changements climatiques. Nicholas Stern, chef du
service économique du gouvernement britannique, vient de
conclure un rapport indiquant que le produit intérieur brut
(PIB) mondial pourrait subir une chute grave, comprise entre 5 et 20 %
– équivalant à un coût de 5 500 milliards
d’euros –, à cause des changements climatiques,
d’ici la fin du siècle.

La lutte contre les changements climatiques serait-elle devenue
consensuelle? Non, quand on lit les approches proposées par le
rapport Stern: si on ne peut qu’être d’accord avec la
coopération technique, la lutte contre la déforestation
et la nécessité de prévoir, déjà,
l’adaptation des populations face aux mutations du climat, la
principale préconisation pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre réside dans les
permis d’émission et la consolidation des marchés
du carbone. Autrement dit, c’est un biais monétaire qui
permettra encore à certains de continuer à émettre
ces gaz, en échange de collaboration avec les pays en
développement.

A l’heure de la conférence de Nairobi, les risques de
limiter les aspects positifs du protocole de Kyoto sont très
graves. Les négociations internationales ne suffiront pas
à réorienter radicalement l’économie, ses
transports et ses industries, pour satisfaire un objectif sur lequel
les climatologues s’accordent: une réduction des
émissions de gaz à effet de serre de 60 % d’ici
2050.

Pierre Vanek