Budget municipal: la droite fait pression

Budget municipal: la droite fait pression

Pour la dernière fois de cette
législature, le Conseil Municipal, à majorité de
gauche, a voté le budget de la Ville de Genève. Si
l’essentiel a pu être sauvé, les pressions de la
droite pour des coupes dans le social et la culture se font de plus en
plus dures.

Avant le débat budgétaire, le Conseil Municipal devait se
prononcer sur une proposition visant à répartir les
subventions des associations entre la Ville et l’Etat, un projet
du Conseiller d’Etat radical François Longchamp et du
Conseiller administratif Manuel Tornare (socialiste) qui aurait mis fin
au double subventionnement dont bénéficient la plupart
des associations.

Selon cette proposition, échoiraient à l’Etat les
associations à orientation communautaire et à la Ville
celles s’occupant plutôt d’individus. Hormis le fait
que cette distinction s’avère parfois difficile à
faire, l’inquiétude majeure était la
fragilité dans laquelle la dépendance en un seul
organisme subventionneur allait plonger les associations. Pour
répondre à ces craintes justifiées, le
département de François Longchamp s’est
engagé à ne faire aucune coupe dans les
subventions… pendant deux ans.

Mais au terme de ce délai la majorité de droite des
député-e-s du Grand Conseil aurait pu tailler à la
hache ces subventions.

Du reste, le député libéral Pierre Weiss
réclamait la suppression de cette clause afin de pouvoir entamer
au plus vite le démantèlement programmé.
L’économie et l’entreprise privée
étant érigées en principe prévalant sur
tous les autres, peu importe que l’on détruise le tissu
citoyen que représentent les associations et le lien social
primordial qu’elles défendent.

Au Conseil Municipal, toutefois, la majorité détenue par
l’Alternative s’est finalement accordée sur un
moratoire d’une année proposé par le PS. Notre
groupe aurait bien sûr préféré un non
majoritaire, franc et massif, mais nous espérons que cela
n’est que partie remise.

Souhaitons que ce répit permette à un maximum
d’associations de comprendre à quel point elles sont
menacées et de se mobiliser, comme ont su le faire les
associations féminines, pour enterrer définitivement ce
projet.

Budget: éviter le pire

Quant au budget proprement dit, notre groupe a tenté de faire
passer plusieurs amendements pour rétablir ce qui a
été grignoté dans la fonction publique. Il est, en
effet, mesquin d’avoir supprimé aux employé-e-s
municipaux des prestations telles que le plan d’encouragement
à la retraite anticipée (PLEND) ou
l’indemnité de départ. La majorité ne nous a
pas suivis, mais la situation économique favorable,
annoncée par les indicateurs, rendra peut-être possible la
réintroduction de ces prestations au budget 2008.

Prétextant les transferts de charges de l’Etat sur les
communes (environ 30 millions pour la Ville), les partis de
l’Entente ont cherché à faire croire que la Ville
était en danger et que le Conseil administratif n’avait
pas fait son travail en refusant de les intégrer à son
budget et qu’il fallait donc s’en charger à sa place.

Le Conseil Municipal s’est vu ainsi proposer la suppression du
service d’architecture puis, cela n’ayant pas
été accepté, celui de la mobilité. Etrange
coïncidence, ces deux services dépendent de Christian
Ferrazzino, bête noire de la droite parce que son bilan en
matière d’aménagement est exceptionnel.

Dans leur campagne de démolition de notre élu, les
libéraux entendaient donc s’attaquer aux fonctionnaires de
ses services en remettant en cause leur existence et
l’utilité de leur travail.
Non content d’être insultant pour le personnel, le parti
libéral prétend qu’en matière
d’architecture, il suffit de laisser les entrepreneurs se
débrouiller, quant à la mobilité, il n’y a
que la voiture qui compte.

But des libéraux: caviarder le budget de la culture

Dans le domaine culturel non plus, la droite n’a pas
chômé. La presse s’est largement fait
l’écho d’un amendement libéral
réclamant la baisse de 80 000 francs de la subvention à
La Revue ainsi que la suppression totale de la subvention au Festival
de la Bâtie, finalement réduite de 200 000 francs.

Ces attaques contre la culture traduisent les goûts du parti
libéral, qui veut définir ce qui est beau et bien.

La majorité du Conseil Municipal a aussi refusé un
amendement proposant une baisse de 50 000 francs à la Fondation
des Arts Dramatiques (FAD), qui gère la Comédie et le
Théâtre de Poche, sous prétexte que les membres de
la Fondation coûteraient trop cher en salaire et jetons de
présence.

Pourtant depuis l’arrivée de Bernard Paillard à la
présidence, la gestion de la FAD s’est
professionnalisée et l’on ne peut que se satisfaire des
résultats obtenus. La FAD remplit largement son mandat en
parvenant à maintenir un budget dévolu pour 60% à
la création et 40% au fonctionnement, contrairement à
l’usage dans les théâtres, et ce, malgré une
charge de travail toujours plus lourde.

De fait, cette coupe de 50 000 francs aurait touché non pas
l’administration, mais les programmations, à la
qualité artistique incontestable, des directrices de ces
théâtres.

Les amendements de la droite ont donc tous été
refusés, d’une part, parce qu’ils sont le reflet
d’une politique désastreuse que l’on peut voir en
œuvre au Grand Conseil, et d’autre part, parce qu’il
n’y a aucune raison de s’inquiéter des finances de
la Ville. L’actif du bilan couvre largement la dette, les biens
immobiliers, sans compter la valeur culturelle des œuvres
contenues dans les musées, sont bien supérieurs à
l’emprunt.

Contrairement à ce que déclarent les partis de
l’Entente, la Ville de Genève, gérée depuis
15 ans par une majorité de gauche, non seulement tient ses
promesses et développe les projets pour lesquels elle est
élue (mobilité, places et quartiers rendus aux
habitant-e-s, diversité et qualité de l’offre
culturelle, multiplication des places de crèches, aides aux plus
démuni-e-s bien plus importantes que celle de l’Etat,
associations sportives soutenues et dynamiques…) et se trouve,
en tant que collectivité publique, dans une situation
financière très saine.

Dans ce débat sur le budget, les partis de l’Alternative
se sont montrés unis, cohérents, et n’ont jamais
cédé, contrairement aux bancs d’en face, aux
sirènes électoralistes du chacun-pour-soi.

Catherine GAILLARD